Illusions et Tempêtes
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V - 3 - L'été des cigales.

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V - 3 - L'été des cigales. Empty V - 3 - L'été des cigales.

Message par Diane Mansiac Ven 22 Sep - 15:06

Carigän



Le soleil vient de plonger, tête la première, en saut de l'ange, derrière les vallonnements qui ondulent à l'horizon.
Assis dans les hautes herbes, le Loup observe ce territoire chanteur. Laissant ses prunelles d'ébène se gorger des nuances encore tièdes d'un ciel entre chien et loup. Il y a quelques minutes, la campagne était encore orangée, mais elle vient de revêtir sa robe d'aquarelle bleue pour accueillir les enfants de la nuit.

Une bise chaude souffle sur son visage blanc, dans ses cheveux noirs, sur ses épaules robustes et s'amuse à aller et venir, à escalader et à glisser la pente ravin de son dos. Les yeux clos, toute son âme s'absorbe dans la nature qui l'entoure, qui lui offre asile.

A ses sens, une odeur de vigne, une note de cyprès et un encens de méditérrannée. Au loin, des champs de lavandes et des colonies de coquelicots, dont le rouge passionné dépayse des toiles sanglantes qu'ils ont connues. Les orchestres de cigales se sont tus, mais dans l'air flotte encore le fantôme de leur grésillement. La terre est encore chaude d'un soleil excessif, fou amoureux de ses vallons verts, rouges et or.

Elle est allongée, à coté de lui. Un rameau d'olivier dépose des ombres mouchetées sur sa peau d'opaline, et le vent joue avec ses boucles d'aurore. Une robe claire et évanescente fait l'honneur de son corps, blanche pour rendre à la Toscane la chaleur de ses accents.

Assis à coté d'elle, les yeux plongés dans la contemplation des alentours, il distingue sur le vallon voisin une petite villa de pierres sèches, blotti entre ses oliviers, ses cyprès dessinées en restanques. Il attente qu'elle se réveille.



Diane


Ce sont les odeurs... les fragrances qui parviennent en premier à ses sens qui reviennent à la vie. Des parfums de chaleurs et de paresse. De sucres et de fruits. Diane ne bouge pas. N'ouvre pas les yeux, mais déjà une paume cherche la présence de Carigän. Désireuse de s'ouvrir en sa compagnie à l'évanescence du monde qu'il déposé à leurs pieds.

Sous sa nuque, une terre encore gorgée d'un soleil qui miroite dans ses souvenirs. Sous sa paume, le chatouillement d'une herbe dont la verdure se devine. Avant même d'être pleinement revenu à lui, un sourire murit sur ses lèvres fraise. Avec langueur, Diane se redresse et ses prunelles sont le reflet d'une joie pure et sans partage.

Ses yeux s'ouvrent pour découvrir les collines en robe d'argent nuit. quelques pas de ses pieds nus pour venir se placer dans le dos du Prince Sauvage, alors que ses paumes épousent ses épaules. Sa voix est d'une tendresse suave, de miel et de framboises. Un murmure pour ne rien troubler.

-Merci mon Loup.

Le contraste avec les terres Oural est un enchantement et elle ouvre son Aura à cette nature qui les acceuille. Surprise délicate dont elle savoure la magie.

-Mon magicien.


Carigän




Elle s'est éveillée de sa mort. Il entend le froissement de l'herbe sous ses pieds nus. Il sent les parfums de sa peau qui s'épanouissent. Puis, la fraîcheur de ses mains sur ses épaules. Ses paupières demeurent closes, mais un sourire s'étire aux commissures de ses lèvres, désireux de prolonger, d'éterniser ce chapelet de secondes. Des mots viennent se mêler aux chansons d'Italie.
Ses yeux s'ouvrent, et Carigän bascule lentement la tête en arrière, croisant le regard aquatique de Diane.

- Peut-être tout cela n'est-il qu'une illusion ? Dit-il lentement de sa voix distraite. Et s'il s'agissait d'un piège tendu ?
Aucune fatalité ne sou-tend ses mots, galets qui ricochent sur l'onde placide.


Diane



Sa nuque s'incline et elle se noit avec délice dans les lacs profonds de ses prunelles. Elle se penche sur lui, aposant sur son front de neige ses lèvres. Etreignant leur intimité comme un présent chéri. Une illusion? Peut être... Diane n'a pas besoin de réfléchir cent fois à sa réponse tant elle fuse.

-Alors sans nulle doute l'une de tes plus merveilleuses, Carigän.

Refuser ce qu'il lui offre sous pretexte que peut être ce ne serait pas réel? Non. Certainement pas. Et elle commence à comprendre que la réalité est ce qu'ils façonnent. Ce qu'ils décident. Si c'est une Illusion, alors elle a l'intention de s'y fondre pleinement.

-Puisque tu l'aurais crée pour Nous.



Carigän



A ses mots, son sourire s'allonge, s'épure, imprégne le vaste monde de son esprit. Lentement, Carigän se redresse pour faire lentement face à l'Amazone éveillée, et ses mains glissent sur sa svelte taille, l'attirant à lui avec une ombre d'impétuosité.

- Alors admettons qu'il s'agisse d'une Illusion, répond t-il, guère plus qu'une bribe de souffle.

Non. Cela n'en est pas une, sinon quoi son énergie plongerait en flèche à faire perdurer des horizons aussi vastes.

- Deux nuits se dessinent devant Nous. Tu te rappelles notre conversation ... de la veille ?



Diane



Un frisson espiègle se joue au creux de son ventre lorsque les paumes de Carigän s'empare d'elle. Diane aime la force tranquille de ses bras autour d'elle. Qu'il désire la suprendre au plus étroit contre lui. Ses mains se nouent autour de sa nuque, rapprochant leurs visages à l'indécence. Une illusion? Probablement pas. Ses paupières se closent pour mieux s'emparer de ces douceurs méditerranéenne.
Deux nuit. Une eternité. Un avenir. Déjà elle rouvre les yeux, ses cils frolant presque les méplats de ses joues.

-Je me souviens de chaque mot. De tout.

De la violence sèche de leur échange premier à la profondeur nouvelle de ce qu'ils deviennent.

-Ton feu-follet.



Carigän



Elle invite à approcher, et il approche. Leurs visages se reconnaissent comme ciel et glacier des cimes. Ses mains qui voyagent sur le pourtour de ses hanches, finissent par jeter les amarres dans la péninsule de ses reins. Ses doigts s'y croisent, la pressent contre lui encore un peu plus.
- Mon feu-follet ? Questionne t-il, avec un éclat dans les deux billes noires serties à son visage.



Diane



Un soupire de nuance et de douceur s'exhale de ses lèvres à le sentir avide de son contact. Une avidité qui trouve regard dans la pression de ses mains autour de lui. Son corps s'incurve pour mieux lier son bassin au sien, avec une délicatesse lacée de volonté.
-Ton Feu-follet. Repete t'elle. -Je réveillerais les lumières qui dorment dans tes lacs et suivrait le chemin que tes pas m'indiqueront.

-Je suis à tes cotés.


Carigän



- Ah, ce Feu-follet là, *murmure t-il, fendu de tranquillité. Un instant, son visage s'esquive dans la savane rousse de ses cheveux, et ses lèvres approchent son oreille.* Je crois que les lumières ne s'allument que lorsqu'elles te reconnaissent. Pour le reste, elles passent leur temps à t'attendre ... dans leurs ténèbres froides.
* Son visage retrouve le paysage du sien. Ses lèvres ne résistent pas à la tentation charnue des siennes, les embrassant longuement, goûtant ses parfums d'incendie.*

- Tu te rappelles ... de la Frénésie.



Diane




-Alors il faudra que je me débrouille pour ne jamais trop m'éloigner... J'aime ces lumières en toi. Tout comme j'aime aussi ces ombres mouvantes.
Le dos de sa main effleure le profil qu'il lui offre, évanouissant une mèche sombre qui retombait sur son iris nocturne. Ne pouvant se rassasier de la fraicheur de son epiderme sous la sienne. Son baiser attise son brasier.

Diane se hausse sur la pointe des pied pour mieux prolonger l'harmonie de ses lèvres contre les siennes. Mordillant à peine sa lèvre inferieure entre ses crocs, sans fendre le fruit écarlate. Il y a une étrange hésitation dans le rythme de ses paroles. Qui attire pleinement son attention.

-Oui... -un vague sourire- Je doute pouvoir l'oublier. Je me souviens de chaque instant. De chacun de mes mouvements. C'est en même temps très clair et très flou. Je me souviens de mon vaine lutte et de ma conscience citadine s'évanouissant devant Elle.

Elle parle avec gravité, sans moquerie.

-L'enfant était une touche cruelle, Carigän. Tu savais que je n'aurais jamais mordu un gosse. Et pourtant...

Un soupire.

-Il etait si... apetissant. et son corps... si.. craquant.


Carigän



Carigän ignore la réalité de ces lanternes dont elle parle, mais l'idée lui est agréable, l'idée est belle, l'image lève un petit soleil dans les monts dévastés de son crâne. Et leur baiser, qui allonge ses sens dans l'espace temps, lui fait prendre conscience de cette réalité agenouillée à leurs pieds, soucieuse de leurs caprices, soigneuse de leurs sorts.
Les petits crocs de l'Amazone taquine sa lèvre, et la force de son étreinte puise dans les abîmes vertigineux de ses reins. L'enfant. Elle parle de l'enfant. Carigän esquisse un sourire à son souvenir qui pointe le bout du nez. Il était si sage, cet enfant.

- Il s'appellait Raphaël, c'est un prénom charmant, un prénom d'archange aérien.

Il se rappelle, un instant.

- J'ai apprécié sa compagnie. Avant de s'endormir, il me disait qu'une fois grand, il serait dompteur de fauve. Intéressant, non ? Dans une autre vie, dans un autre monde, il deviendra un grand homme plein de nuances. Je le sens.

Et il sourit, omettant la fin tragique du garçonnet. De la cruauté, l'envie de tarauder ses souvenirs encore à vif ? Peut-être pas, car les mots du Loup sont d'une clarté limpide. Lentement, il se décroche à regret de son corps pour esquisser quelques pas derrière elle, abandonnant son menton à l'orée de son épaule, et ses mains sur les criques de ses hanches. Sur la ligne de l'horizon, posée là, une maison de méditérrannée aux fenêtres lumineuses.

- L'heure de la chasse viendra.


Diane



Pourquoi la questionner ainsi sur la Frénésie? N'en ont ils pas déjà échanger la nuit précédente? C'est encore une évocation difficile. Si le souvenir de la Bête ne l'est pas, les actes commis sous cette peau le sont bien d'avantage. La Flamme se raidit lorsque que le Prince des Illusions lui lègue le prénom de la vie qu'elle a achevé avec tant de dureté. Quelque chose en elle se crispe.
Elle souffle. A peine.

-Je ne voulais pas le savoir...

Elle ne voulait pas connaitre son identité et encore moins les rêves qu'elle a réduit à une pulpe sanglante. Non. Diane ignore le chemin des pensées de Carigän, en cet instant, il lui parait bordé de ronces.

Lorsqu'il glisse dans les frimas de sa nuque, la sylphide croise les bras autour de son torse, étroitement. Déposant sa joue contre la sienne, ne pas se délier de son contact. Elle suit la pente de son regard, découvrant la villa en contrebas.

-Chasser? Je... n'ai pas l'habitude de chasser. Ces dernieres années, j'ai essayé de ne pas semer une route de cadavres...

Non.... Elle mords, provoque l'oubli. Il n'y a que ces dernieres semaines où la scène dans les jardins a provoqué en elle un déluge de sang.


Carigän



Immobile dans son dos à l'instar d'une ombre vivante, ses mains demeurent contre elle, sentant dans le creux de ses paumes les moindres remous à hanter son corps. Il la sent se raidir alors que le visage du garçon fait une sortie des brumes de l'oubli. Lentement, le Loup penche la tête, cherchant à discerner les arêtes de son profil.
- Pourquoi te crispes-tu ? *Demande t-il patiemment, d'une voix brumeuse.* Ne crois-tu pas que le cadeau de son sang pur vaut que l'on se souvienne de lui ? Qu'est-ce dont, que prononcer son seul prénom alors qu'une minuscule partie de son essence continue de courir en toi ? Nous sommes prédateurs. Non pas des assassins sans état d'âme.

Sa voix vibre d'une terrifiante sincérité.

- Certaines victimes méritent une mort rapide et sans éloge. Parfois leur sang est pouacre, puant l'arrogance et la morgue, mais d'autres sont des cadeaux. D'autres se jettent tant et si bien sous tes crocs, pleins de cette confiance aveugle pour toi ... alors les bazarder dans l'oubli ? Non. Raphaël était une belle âme.

- Un jour je l'oublierai. Et j'irais tuer sa petite soeur. En attendant, il aura été Quelqu'un.

Carigän ne bouge pas, rempli de sa sérénité surnaturelle, de son hypnose prédatrice. Alors qu'au loin, les échos d'une voix maternelle retentissent, ses bras se referment sur elle.

- Une Louve qui ne chasse pas ? Non. La nuit à ses enfants loups et ses enfants chiens. Les uns beuglent après leur lapée, les autres hurlent et sont princes du royaume nocturne.

Il dépose un baiser patient sur son épaule.

- Tu es Louve. Je le sais. Je le sens. Tes sens sont endormis. Parfois, ils sont furieux contre toi. Furieux que tu oublies tes victimes, furieux que tu continues à fuir des évidences, furieux que tu attendes ta portion congrue alors que des banquets royaux n'attendent qu'après leur reine.

A son oreille, ses mots résonnent comme des voix intérieures.

Sa voix légère, tranquille d'un juste équilibre entre atrocités de monstre et merveilles du monde. Fil de funambule étiré entre les extrêmes d'un monde, et lui, dansant aux-dessus de gouffres insensées.

- Cette nuit, je veux Vivre avec toi.



Diane


Diane se redresse contre lui. Son corps s'incurve contre son torse. Dans la brise sucrée, ses mèches rousses volent librement dans la Nuit qui s'étoile pour eux, avec lenteur. Une lune, à peine, pour mieux souligner les poiçons lumineux qui subliment leurs silhouettes en ombre chinoise. La nuque de la Petite Princesse est droite, ne souffrant d'aucun alanguissement. Elle l'écoute.

-Je ne l'oublie pas. J'avais Soif. Une Soif si intense et si profonde que le monde n'était que nuance amaranthe et grise. Il m'a nourri.

Ho oui... Le souvenir de cette faim pure, sauvage. Qui ne laissait place à aucune question. Ses lèvres s'incurvent. A peine.

-Assassins? Non. Nous ne sommes pas des criminels ceuillant des vies pour des motifs triviaux.

-Mais si j'avais seulement Soif... Pourquoi l'avoir détruit si completement? Je n'ai pas seulement Bu, Carigän.... Je l'ai réduit à l'état de morceaux d'Os epars.

Oublier l'enfant? Diane ne pense pas en être capable. Son souvenir est une torche dont les images qu'elle diffuse sont doubles et contraire. Il l'enlace d'avantage et elle puise dans sa présence la force d'affronter ces dilemnes.

-Je ne crois pas que je serais de ces vampires prenant leurs pieds à la tortures et à la souffrance qu'ils peuvent provoquer. Mais la Morsure? Mais le Sang abreuvant mes lèvres et mes Veines? Carigän, je suis Rouge.

Ses mains se décroisent pour enlacer les doigts de Carigän, ses prunelles océannes plongées dans les lumières chaleureuses de la petite maison. Son timbre est plus ferme.

-Je n'oublie pas. Je n'oublie pas Raphaël.

Est ce pour cela que sa Bête etait si frondeuse cette nuit là? Parce qu'elle exerce une repression sévère sur ses instincts de Tueuse? Parce qu'elle continue à suivre des codes moraux qui ne s'applique plus?

-Je ne suis plus une mortelle. Je ne suis plus humaine.

Un sourire. Un sourire assuré.

-Je suis Artémis. Je suis Diane.

Ses peurs refluent et ses certitudes s'ancrent. Ecoutant les murmures de la soirée.

-Nous vivront ensemble.

Elle pivote dans ses bras pour se retrouver face à lui. Plongeant ses prunelles dans les siennes. Diane sait qu'elle ne peut rejeter tout ce qu'elle croyait connaitre d'un chemin de la rectitude en une soirée, en une nuit. Bien sur que non. Néanmoins prendre conscience qu'elle se fourvoyait en suivant celui de son pas mortel est une révérence.

-Je chasserais avec toi.



Carigän



Le roi des Loups se réfugie dans les retranchements de la patience. Il n'aime pas à résumer le crime de sang à un acte de bête affamée. Non, il se plaît à conjuger le plaisir de la chasse, la puissance divine que de se sentir émissaire de la mort, et le ravissement des sens lorsqu'une gerbe de sang sabre l'air. Peut-être ressentira t-elle cela une nuit lointaine. L'éternité s'étire à leurs pieds.

Silencieusement, il écoute ces nouvelles évidences pour elle, qu'elle énonce et semble découvrir d'un même élan. Son visage s'abandonne plus pleinement dans le creux de son cou, rappelant l'affection d'un animal sauvage. Et puis il murmure.

- Tu ne l'as pas détruit, tu l'as éparpillé aux quatre vents.

- S'il a hurlé, c'est parce qu'il n'a pas vu combien tu étais belle dans ton feu destructeur, parce qu'il n'a pas compris quel honneur c'était pour lui, pauvre enfant, de mourir éclaté dans les griffes d'une légendaire créature. Oh, je ne lui regrette pas cette fin, c'était une magnifique mort.

L'Illusionniste semble parler d'une toile de maître, d'une poésie brute, violente, dans son état le plus pure.

- Cela m'aurait blessé que tu te contentes de le vider de son sang, alors qu'il s'offrait dans son entiereté. Oui. Vraiment, blessé. C'aurait été un inestimable gâchis, mais ta Bête ... est une dangereuse sirène à la cruauté magique.

Oh, Carigän se doute, croit, essaie de deviner. Si la Bête de l'Amazone est aussi violente, n'est-ce pas parce qu'elle reste tellement humaine dans sa façon d'être ? Quand bien même le renie t-elle si vertement ? Deux extrêmes se côtoient étroitement dans ce corps ténu. Il fait silence un instant, se demande si l'éternité fânera cette alchimie adolescente.

- J'ai envie d'arrêter le temps ... Maintenant.

Glisse t-il, de la voix du paresseux prédateur qui s'étire. Alors qu'elle se détourne, il l'accueille contre lui, goûtant le son de ses mots qui naissent si près de ses lèvres. Il pose un index sur ses lèvres, hoche de la tête par la négative.

- Non. C'est moi qui chasserait avec toi. C'est moi qui t'accompagnerait.

- Nous irons quand tu auras Soif, quand tes sens te le réclameront, te le chuchoteront à l'oreille. Tu pourras les faire patienter un peu, pour qu'ils dévorent avec plus d'appétit encore. Artémis à tout son temps. Les forêts lui appartiennent, l'éternité et la légende l'invite à attendre le meilleur moment. Ainsi sa flèche ...

*Ses crocs apparaissent, claquent à quelques millimètres de son oreille.*

- ... Foudroie en plein coeur.


Diane


Elle sourit à ses paroles. Ses souvenirs lui content une autre histoire, une autre réalité. Qui si elle est bien différente des propos de Carigän ne possèdent aucune charge revancharde. Car si le Prince des Mondes tend avoir oublié dans quelles circonstances la Frénésie est allé à la rencontre de Diane, elle ne saurait avoir les mêmes omissions. C'est d'un timbre chantant qu'elle le reprend.

-Maitenant, en y songeant, tu aurais été blessé. Sur l'instant, je pense que tu aurais été déçu. Déçu que ta sentence ne porte pas suffisament dans mes chairs. Déçu que cela ne se martèle pas en moi.

Ce n'était pas une Leçon. Ce n'était pas une nuit d'apprentissage. C'était un couperêt, une punition sévère. Si la Flamme comprend la nécessité d'ouvrir les cages de Fauve, ce n'était pas le cas lorsque Carigän l'y a contrainte. Les lueurs qui peuplaient les prunelles de son Prince cette nuit là étaient de ténèbres et de vengeance. Cela pourant lui parait si loin. Si proche, et si différent. Un Illusionniste suspendu entre deux heures, créant ses magies ténèbreuses.

Les paumes de la Flamme s'entrelacent dans le creux du dos de son Loup après avoir sinuées sa colone vertébrale. Un baiser sur le doigt offert à sa lèvre. Il lui offre l'initiative, déposant à ses pieds la corne qui sonnera l'halalie. Un éclat fugace et avide. Pas maintenant... plus tard... oui... Un sourire.

-Une faim controlée qui aiguisera les aiguilles de Fauve....

Un frisson languide louvoie au bruit de glas de ses crocs. Une de ses mains se détache. Son index s'effleure sur le tranchant acéré, découpant une coupure vive sur l'épiderme que Diane offre à Carigän.

-Ouvre moi l'appétit mon Loup... Parle moi de ta découverte des Illusions... Conte moi tes premiers pas...


Carigän



Un sourcil interrogateur à ses traits injonctifs. Ah, oui. Les circonstances n'étaient certes pas à la sublimation de la Bête, et il le savait pertinemment en s'en prenant à une néonate. A présent, ne subsistent dans ses souvenirs que la beauté des images, et Carigän n'a nulle envie de voir au-delà. Quelques mots jouent rip à ses lèvres, venant mourir contre sa peau.

- Tu devais souffrir, terriblement. Et j'espère que ces instants te martèlent encore l'esprit car je n'oublierai jamais le visage de mon frère ... poignardé en plein coeur.

Sa voix récele une langueur de lâcher-prise. Aucune froideur, aucun reproche dans son timbre, il semble qu'il se parle à lui même, oubliant son regard dans ses ombres mouvants, abandonnant son souffle aux fantômes. [
Son étreinte se ressert, comme si ces souvenirs lui faisaient froid et qu'il cherchait auprès d'elle un âtre, une flamme écartant les frimas du dehors. Non, aucune rancune, aucune dureté dans ses mots, qui vagabondent comme des âmes en peine.

- Mais alors, je me suis attaqué à l'humaine, non à la Louve. Le temps passant, tes instincts s'affirmant, peut-être surprendrai-je une nuit un sourire à tes lèvres à l'évocation de cet instant ? Peut-être ...

Un sourire empreint de nébuleuse vient balayer les spectres qui font bal sur son visage. Une fragrance ferreuse s'envole dans l'air alors qu'elle s'entaille au bout de ses crocs trancheurs de chairs.

Ses sens sursautent à la coulée d'hydromel rouge, et ses lèvres viennent cueillir doucement les petites perles de sang, embrassant la pulpe neige de ses doigts. Refermant la plaie avec une précieuse attention, révérencieuse. Sa question réveille ses paupières, qui dévoilent deux lunes noires vivantes. Son sourire se fait mutin.

- Ah. L'Illusion ...

Il respire une lampée d'air, ses parfums d'oliviers et d'herbes humides, ses passages de tiédeur estivale, et puis il se décroche lentement d'elle. Attrape sa chemise qu'il avait jeté sur une branche noueuse et l'enfile à la diable. Ses pas le ramènent auprès d'elle, et sa main évolue dans son dos onduleux.

- Viens.

Il l'invite à marcher, dans un champ clairsemé de coquelicots. Pour délier son corps au diapason de son esprit, pour sentir le monde qui se meut autour d'eux, pour observer les formes et les couleurs se livrer bataille. Ses doigts vont pianotant jusqu'à l'angle opposée de sa hanche, l'attirant près de lui avec un naturel d'adolescent.

- J'ai toujours vécu d'Illusions, tu sais, dit-il, presque coupable. Il me plaît d'observer la face la plus lumineuse du monde, la beauté de mes actes au détriment de leurs fondements. J'aime les images qui ne s'expliquent pas. Les tableaux qui ne racontent ni les guerres ni les dieux, mais les instants suspendu dans l'imaginaire d'un homme.

*Ses yeux s'inclinent, observant les brassées de fleurs que fauchent ses jambes.*

- Ce n'était pas une découverte... à proprement parler. L'Illusion, c'est comme une petite porte qu'on découpe aux ciseaux dans ton crâne. Et quand tu l'ouvres, ta boîte de Pandore, tu te découvres toi-même.

- Tu découvres ces choses qui vivent en toi ... Tu découvres un royaume plus infini encore que le petit monde tangible. Tu marches sur des terres qui répondent à tes envies, à tes rêves. C'est aussi une boîte, un imaginarium. Parfois, lorsque mes peurs me taraudent, je les y dépose, je les donne à l'Illusion et elle en fait ce qu'elle veut.

- Elle les incarne, elle les magnifie, elle les métamorphose. A l'époque où j'ai ouvert la porte, je n'avais pas les clefs pour la refermer à double tour. Et le monde se dégradait dès qu'il m'approchait. J'étais comme dans un rêve cauchemar sans fin, esseulé en territoire d'errance. Un rêve car le monde était ce que je voulais, un cauchemar car mes douleurs les plus intimes prenaient visages.

- Des scènes se rejouaient à l'infini, mes secrets étaient comme vendus à l'état de fumée, mon esprit était une vitrine de brouillard pour le tout venant. Et puis ... j'ai appris lentement. Qu'il s'agissait d'illusions, qu'elles sortaient de mon ventre, que je devais les apprivoiser et qu'elles m'obéiraient peut-être. Apprivoiser des volutes de brume, m'a dit ma Sire.

- Je lui riais au nez tant cela me paraissait ... abstrait, inconcevable. Et puis j'ai compris mes propres rouages, lentement. J'ai accepté mes faiblesses, je me suis mis à les aimer, alors elles ne surgissaient plus sur ma route comme des cadavres mal enterrés.

Conscient de son discours sibyllin, il s'arrête un instant ... plonge son regard dans le sien.

- Oh, beaucoup d'Illusionnistes ne le vivent pas ainsi. Beaucoup dessinent les horizons de leur bon vouloir, maîtrisant dès le premier instant chaque nuance, sans laisser aucun détail passer outre leur vigilance. Ils sont prestigitateurs avant d'être Illusionnistes. Ils sont dans le contrôle, et ils constituent la majorité de mes élèves.

- Moi, de fait, je leur apprends à lâcher prise, à faire tomber les barrières, à ressentir et à vivre leur univers. Contrôler quelque chose, c'est le réduire. Le confiner. L'enfermer. Il faut un juste équilibre. Savoir lâcher les fauves dans l'arène sans se livrer soi-même.

*Un éclat de rire ricoche à ses lèvres.*

*Elle qui ne baigne pas dans les brouillards, comment peut-elle visualiser cette magie hasardeuse ? Que lui évoque le mot d'Illusionniste ? Carigän retient ses questions, se demande si son discours n'était pas celui d'un dément, la questionne du regard.*

- Quel est ton sentiment à l'égard de ce ... penchant ?



Diane



Oui... elle a souffert. Moins des transformations animales de son corps que des branches tordues de son esprit. De sentir que tout contrôle disparait et s'escamote, la conduisant à des actes d'extrèmes. Des actes extrèmes qu'il est en train de lui apprendre à regarder de manière si nouvelles. Et une souffrance concrête, celle de sa Soif inextangible.
Diane ne lui présente pas d'excuse pour l'acte roué envers son frère. Elle lui en a faite cent fois lors de cette nuit, et elle ne saurait quoi lui dire de plus. Rien ne modifiera la plaie infligée à Véragän. Ses mains encadrent son visage, avec une tendresse folle, exprimant les paroles qu'elle ne prononce pas, plus. Il n'y a aucune amertume chez lui, une constatation pour ses pensées.

La petite Flamme l'enlace plus étroitement, le rammenant au plus près de son étreinte. Désireuse de chasser les nuages qui obscurcissent son regard.

-Je suis déjà moins horrifiée par mes instincts. Grace à toi...

Son sang à ses lèvres, plaisir charnel pour ses sens toujours éveillé. Un sourire détendu qui renait. Elle chérit leurs instants de partages.

Diane les conduit sur les pentes vertigineuses de la Magie qui couve au creux de son Âme. Qui est son âme. L'Illusion n'est pas seulement un don pour lui, c'est un sacerdoce, sa Vie. Et elle désire la comprendre par ses yeux. En saisir les aspects multicolores, elle qui ne connait que les ombres putrides de Véragän. Diane le laisse s'éloigner à de breves secondes. Son ton de malice.

-Je devrais banir tes chemises lorsque tu es avec moi... Ne la boutonne pas, j'aime ta peau nue sous mes doigts.
Elle embrasse son pas, le bout de ses doigts reposant sur sa taille, son autre main cueillant ici et là un brin de lavande ou un coquelicot sauvage qu'elle lie distraitement. Avant de glisser dans les mèches rousses la fleur sanglante.

Pour tout regard, ils sont un couple d'amants venus profiter des douceurs nocturnes que présente la nuit parfumée. Ses pieds nus foulent le sol avec délice alors que toute son attention est dirigée vers Carigän. Il a baigné dans le monde des songes depuis son enfance, une réalité chantante à ses sens. Diane tente de saisir du bout de l'esprit les volutes qu'il trace à son intention.

-Cela ne devait pas être évident, ces premières années, à sentir ton esprit colorer tes pas de tes pensées.

Dans ses mots, elle a l'impression de découvrir un adolescent amoureux au temps de ses premiers émois. L'émerveillement mais aussi les doulours qui accompagnent le grand Amour. Elle ne doute pas

-L'Illusion est la Femme de ta vie.

Elle n'est pas jalouse, comment le pourrait elle, d'un secret aussi intrasèquement Lui. La petite vampire froisse les graines de lavande pour en exprimer toutes l'essence subtile.

-Une boite de Pandore à double visage aussi belle que redoutable. Par tes mots, j'ai l'impression de revoir le tout jeune cainite scultant ses ombres, tentant de les faconner avant d'en présenter les oeuvres au monde.

Comment fait on pour dompter l'indomptable? Non, Diane n'a pas l'arrogance de prétendre tout comprendre du mystère qu'il lui dévoile. Mais l'écouter parler est un voyage exotique et fascinant. Sa main devient plus étroite sur son flanc, lovant leurs bassin au grès de leurs pas.

-Parce que tu aimais ces étrangetés, tu as appris à les reconnaitre?

Oui... Elle peut comprendre la différence, entre lui qui Vit et accepte toutes ses émotions sans chercher à les entraver et ces autres illusionnistes qui s'en servent quand ca leur arrange.

-Désapprendre est peut être plus difficile encore que l'apprentissage... Tu leur fait ouvrir les fenetres de leurs paysages sans pour autant en faire disparaitre les frontières. Funambule de l'imagination.

-Non.. imagination est un terme peut être trop restrictif, puisque imaginer est un acte volontaire et de ce que je crois saisir, l'Illusion est un courant souterrain, présent. Toujours.

Elle tourne ses prunelles vers lui, plongeant dans son regard. Réfléchissant à ses dires.

-Qu'il ne s'agit pas d'un Penchant, tu ne choisis pas l'Illusion, elle est Là. Qu'il s'agit de quelque chose pour toi d'aussi naturel que le Sang qui gronde dans tes veines.

Diane le caresse du regard, tendre comme un vent estival.

-Que c'est un monde aux mille facettes. J'ai envie que m'en parle des nuits durants, que tu m'entraines sur ces étranges chemins. Parce que la principale vision de la magie d'Illusion que j'avais avant de te rencontrer était celle de Véragän. Il etait le premier et le seul Illusionniste que j'ai jamais croisé. Et les mondes qu'il a déroulé etait sombres, morbides, dangereux et cruel. J'avais l'impression qu'il se servait de mes pensées, de mes souvenirs, de mes ressentirs pour en créer un univers putride.

-J'ignorais que les Illusions pouvaient être belles et limpides. Je les pensais uniquement faites d'épines et de Fantômes. J'ai besoin de ton Regard, de tes Yeux pour en embrasser la luxuriante complexité.
Elle parle de Véragän sans le condamner, sans jugement. Et son timbre de voix gomme la terreur qu'elle a pu ressentir la première fois. Essayant de se montrer la plus objective possible.

-Je ne savais pas alors que c'était là sa manière de communiquer. Il ne tentait pas de se montrer sadique ou mauvais, mais de m'indiquer quelques choses. Je n'ai pas compris... Je ne sais toujours pas ce qu'il essayait de me dire la première fois que l'on s'est rencontré.

La seconde... le message etait plus.. clair. Une réponse à son propre comportement.
Une pointe d'hésitation dans sa voix et ses yeux s'échappent vers les mers vertes dans lequelles ils nagent.


-Tu sais.. j'ai compris qu'il avait accès à toutes mes pensées... alors je lui parle... dans... ma tête..
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V - 3 - L'été des cigales. Empty Re: V - 3 - L'été des cigales.

Message par Diane Mansiac Ven 22 Sep - 15:09

Carigän


Aux lèvres de l'Illusionniste, la ponctuation d'un sourire à ses traits de lune. Alors qu'elle réprimande, sur le ton de la malice, le port de la chemise. Il s'amuse, du monde qui n'a de cesse de se resserrer entre eux, il s'amuse, de ces répliques complices qui prennent leurs aisances au coeur d'une relation si mouvante.

Ces répliques à consonance badine, légère, portée d'insouciance, mais qui rogne la passion d'une seule nuit au profit d'un empire bien plus vaste. Carigän ne s'est jamais interrogé sur la nature du lien qui les confronte aujourd'hui, dans le feu orangé des sens comme dans les eaux bleues turquoises des confidences.

Son sourire perdure un instant. Dans sa tête, quelque chose s'extirpe du brouillard pour se présenter à lui, une bouteille à message échoue sur les petits îlots de conscience qui étoilent son océan de déraison, de déconscience, les flots de ses sens primitifs. Il observe Diane, sa rousseur de basane dans la nuit.

Un peu plus haut, se lève la commisure de son sourire, et alors ils continuent de faire route dans les brassées végétales. Etonné dans un premier temps qu'elle lui pose la question d'Illusion, l'enfant des brumes se prête au jeu, essaie d'offrir des mots, bien pâles parures, à ces mondes qui l'ont englouti, à ces silhouettes qui balisent son éternité, à cet univers intangible qui a le pouvoir de faire hurler, rire, pleurer et saisir son Esprit. Il s'exprime sans muselière, sans même savoir si ces mots hasardeux sont fidèles à son amour pour l'iréelle réalité. Non, bien sûr que non, ils ne le sont pas. Ils sont autant de flèches qui ratent leurs cibles, cependant ils en connaissent la direction.

- Non, ce n'était pas évident, *souffle t-il, et puis un esprit d'insolence vient réhausser ses traits.* Toute descente aux enfers est douloureuse, laborieuse, déchirante ... elle ressemble à la mort. J'ai perdu des morceaux d'âmes dans cette longue chute et je ne les ai jamais retrouvés, je n'ai jamais réussi à les recoller.


- C'est comme tomber au fond d'un gouffre infini, et découvrir au bout d'une éternité qu'il en existait un fond. Ton corps se brise en milles morceaux, tes genoux explosés te condamnent à la verticale, tes muscles perclus semblent vouloir se dissoudre dans la poussière. Alors, soit tu te laisses mourir, mais j'étais un peu jeune pour être aussi fataliste, soit tu rampes. Du bout des doigts.


- Et j'ai rampé. Dans mon nouvel enfer. Et comme j'avais compris que ma vie serait ici, que je ne remonterai jamais, j'ai décidé d'explorer, de chercher les beautés de ce monde qui m'étaient alors invisibles, car le souvenir de la lumière était trop fort. Mais j'ai fini par les rencontrer, par les entendre, puis par les créer, les inventer ... ces joyaux d'ombres.

Son regard accroche le sien, une sorte de regard guet apens qui ne supporte pas les détours. Oui, elle peut entendre tout ça. Il en est sûr. Peut-être ne sont-ce pas seulement des propos décousus et délirants, pour elle. Non, elle l'écoute.

- Et ... Diane. On nous berne depuis le début ! L'Enfer est un Paradis. Non pas un Paradis blond, facile, souriant et affable, mais une beauté fatale de Paradis qui n'offre ses bras qu'aux plus forts de ce monde, c'est un Paradis-Reine qu'il faut courtiser, une délicieuse sauvage qu'il faut apprivoiser.

Et son visage, est alors celui du diable.
Un diable parfaitement porté au triomphe, un diable qui a les moyens de combler ses égoïsmes, ses lubies, ses caprices, qui peut offrir un trône à ses péchés de sang, de chair et de destruction. Un diable qui défendra sa place, son territoire jusqu'à la cendre. Sans jamais rebrousser chemin. Etrangement, ce sont ces paroles maléfiques qui parent son visage de la pureté des anges.

La main posée au creux de son flanc de Sirène, ses doigts devinent la peau velouté sous l'évanescente étoffe. Il écoute les images qu'elle formule, sentant que son univers a trouvé une passerelle, a découvert une caravelle nichée au coeur de sa tempête. Si elle s'intéresse à son Illusion ? La question n'a plus lieux d'être, elle est balayée.

Il s'amuse de l'écouter décryptant les runes sibyllines des brumes avec cette farouche volontée. Vêtu de son sourire, Carigän hoche lentement de la tête à ses paroles, laisse des silences fleurir, offre à son regard l'horizon courbe.

- Ce n'est pas chose intelligible, mais oui, je crois que tu détiens quelques éléments, concède t-il avec un regard complice.
- Oui, peut-être que j'aimais ces étrangetés. La vérité est que j'ai appris à les connaître, à les côtoyer, à leur parler, elles sont devenues les visages familiers d'une réalité très ... intime. *Il marque une pause, tentant de plonger une main dans l'inextricable de ses pensées.* Mais ces Illusions là ne sont pas celles que je donne à contempler.

- Lorsque je bafoue les sens d'un autre, c'est comme si mes esprits les plus clairs et mes illusions faisaient un complot, s'alliaient pour renverser le monde de l'autre. Mes Illusions les plus fragiles, les enfants, les éplorées, restent alors en coulisses pendant que je costume les plus malléables. C'est là, le point d'ancrage de ma ... raison. Je crois. La capacité à orchestrer ... peut-être.

Carigän hausse les épaules en lui livrant cette conclusion fermentée des siècles durant, cette définition en constante évolution qu'il ne distingue jamais dans son entiereté. Non, il ne sait pas. Il pose des hypothèses, fabule, cherche des images pour des mots qu'il n'a jamais trouvé. Son esprit n'aime pas les mots.

Après une longue oeillade pour la voûte piquetée d'éclats, le grand Illusionniste rend son attention à son Amazone. Cherchant dans ses yeux ce petit phare lumineux dans la tempête qui l'ancre au moment présent. Pourquoi cela l'intéresse t-elle ? La question ne franchit pas ses lèvres. Trop dangereuse, peut-être.

Le nom de Veragän tintinabule à ses lèvres fruitées. C'est peut-être la première fois qu'il s'apprête à l'écouter parler de son frère sans bondir sur son siège, à l'affût des jugements et des non-dits. Non, sa sérénité demeure d'eaux lisses. Les mondes de son petit Frère ... dépeints avec des mots-visages, des mots-paysages. Carigän y demeure attentif, harnaché d'une sorte de sourire résigné.


- Veragän n'est pas seulement un Illusionniste. Il est plus redoutable télépathe encore, articule Carigän sans âme dans la voix.
Il demeure néanmoins vague. Peut-être aurait-il l'impressin de trahir son Frère, non pas en dénonçant son fonctionnement à Diane, mais en l'affligeant d'un fonctionnement résolu alors que chaque nuit écarte Carigän de la résolution de l'énigme.


- Je n'en sais pas plus que toi, finit-il par lâcher comme on avoue un échec. Enfin, il est des jours où nous nous voyons, d'autres où nous ne sommes que deux corps de sang commun. J'ignore s'il réalise qui je suis, où s'il se contente d'articuler mon prénom par association de son et de présence ... Des fois, je le pense bien plus raisonné que ce qu'il laisse paraître. D'autre fois ...

Il se dit qu'il est foutu. Un silence cuisant étreint la gorge de Carigän en lieu et place d'une si dévastatrice confidence. Il relève les yeux à son dernier propos, avec une vivacité témoin de sa surprise. Alors qu'ils marchaient, l'Illusionniste s'arrête un instant et cherche un face à face visuel qui ne laisse place à la dérobade.
- Tu lui ... parles ?


Et il attend, une réponse, quelque chose de plus que les frontières de cet aveu. Aucune colère ne rive son visage, mais il ne soupçonnait rien de ces échanges. Lui, passe par d'autres voies pour communiquer, la passerelle de leurs sens fraternelles, mais jamais ne s'est-il hasardé à ouvrir clairement le dialogue.
- Est-ce qu'il ... te répond ? Ou t'entend ?


Ses traits demeurent rigides. L'éclat de son regard est boréal, bien incapable de céder à ses paupières. Une question se détache de ses lèvres, indépendante de sa volonté, seule, furtive et poignante. Elle sort de ses tripes et a remporté une terrible bataille pour vivre, au bout de sa langue.


- Pourquoi, Diane ? Pourquoi tu lui parles ?



Carigän ne laisse rien paraître, mais une tiédeur conquiert alors son corps aux allures d'étendues polaires. A l'intérieur lui, un lever de sourire sur les collines de son esprit. Pour tenter le dialogue avec un autre, ne doit-on pas être assuré d'avoir à faire à un être vivant, humain, dignes d'échanger ? Le Clan a tendance à l'oublier.


Diane


Diane foule du pied la toscane luxuriante pendant que son esprit embaume les volutes colorées du monde si privé de Carigän. Il ouvre pour elle le portail de son essence même et la jeune vampire ne saurait lui faire l'affront de pensées vagabondantes. Non. Ses doigts lissent ses hanches, concervent l'intimité de leur pas pour mieux tenter de percer les mystères qu'il débride.


La lune s'est faite complice discrête, reculant derrière un nuage pour mieux permettre aux mots de Carigän de danser dans la pureté de l'atmosphère. Parfois, il ne pourra contempler que son profil aquilin lorsque à d'autres instants, Diane s'envole dans l'onde de ses prunelles pour y chercher le sens qui se dérobe à sa comprehénsion. Elle aime la silhouette masculine qui se découpe dans la nuit, ses boucles fines agitées par le vent et les mouvements tantot assurés de ses lèvres tantôt avec d'avantage de précaution. Une descente aux enfers... La description qu'il donne de ses premiers balbutiements dans l'Illusion sont terribles par la cruauté qui parait s'en dégager. Une souffrance que celle qui appartenait au soleil il y a encore peu à du mal à appréhender.


Egarer des fragments de son âme même et le savoir... Elle n'a pas l'arrogance de songer qu'elle pourra le rendre Entier à nouveau. Rien n'est aussi simple et peut être que de ces félures même surgissent les courants violents, porteur de la magie qui sublime son Etre. Ses paumes deviennent plus étroites autour de la rondeur de sa taille, une etreinte muette qui exprime ce devant quoi les mots sont impuissants. Ses iris océans sont fixés sur lui, ne se souciant de la course de leurs pas. La garrigue les acceuils et les protège de tout écueils. Un souffle délicat expire de sa bouche.


-Je t'offrirais des perles de ciel et des tisons de flammes, qui deviendront écrin de tes perles nocturnes.
Je t'offrirais des bulles de lumières pour mieux illuminer tes reliefs de Nuit.


Maintenant, oui, maintenant, elle comprend ce qu'il voulait dire lorsqu'il désirait qu'elle partage son Blanc. La Pirate n'avait pas encore réellement saisi la profondeur de ses mondes et les gouffres qu'ils recelent.
L'intensité de ses paroles infusent ses traits d'une beauté aussi magnétique que Terrible. C'est un Fils du Sang et des Carnages, un Prince Tempête qui lie les élèments à sa volonté et assiège les Dieux jusqu'à leur faire rendre gorge. Peur de lui? Non. Elle ne s'est jamais senti plus en sécurité à ses cotés, malgré son Aura triomphante et Impitoyable. Oui. Carigän est un redoutable ennemi.


Elle tente de lui présenter les pauvres images qu'il sucite par ses paroles avec la certitude d'être si loin de ce qu'il exprime. Il lui demande son avis et elle essaye de lui donner avec le moins d'appret possible. Comme elle le ressent en l'écoutant. Carigän aborde un autre point et l'attention de Diane devient Aigle.


-Je ne crois pas avoir déjà été témoin d'une de tes illusions.


La Flamme s'en souviendrait, elle en est certaine. La première nuit était étrange, cependant son corps était tellement meurtrie que lorsque le Loup s'acharnait sur elle, il a gommé l'univers dans lequel ils évoluaient. Une pointe de perplexité suivit d'un intérêt profond, avide. Une question qui lui brûle les lèvres. Pourtant elle prend quelques secondes pour la formuler.


-Qu'en est il de tes Loups? de Ta meute sauvage? Sont ils une illusion dont tu te sers pour obscurcir les sens d'autrui? Pourtant non... Ils me paraissent tellement faire partie de toi que je les pense Toi. Uniquement Toi.


Elle hausse un peu les épaules. Sachant que toute certitude serait une erreur et une arrogance. Pourtant... Elle jurerait que les Loups sont plus importants qu'une manipulation destiné à un jeu de l'esprit. La sylphide tente d'expliquer à Carigän les fils de ses pensées. Ce qui la conduit à ces questions. Rien n'est anodin. Chatoyant les impressions que ses rencontres avec Véragän ont imprimés dans son esprit. Elle a besoin de sa vision à lui.


De comprendre le monde tellement vaste et dans lequel elle louvoie à la lisière. Et elle ne saurait le faire sans évoquer le prince des Fantômes. Ses mots sont choisis, pesés. Tentant d'éviter les éceuils de ses ressentis. D'éloigner les sentiments que la mortelle a pu éprouver.


Alors que peut être elle esperait que Carigän pourrait l'aider à décrypter les enigmes de son cadet, il lui révèle qu'il n'en est rien. Néanmoins, elle secoue la tête avec une vivacité de fée.


-Carigän.. non. Il est conscient de toi. Je ne sais pas à quel niveau, je ne sais pas si c'est tout le temps comme ca. Mais lorsque je vous ai vu ensemble, il veille sur toi, à sa manière.


Elle manque de recul, bien sur. Et Diane a conscience qu'elle ne les a pas vu suffisament interagir pour être d'une assurance d'acier. Néanmoins, elle peut l'éclairer sur ce dont elle a été témoin. Développer la corolle de son angle. Elle se mordille la lèvre inférieure.


-Cari... Dans le jardin... Véragän était présent. Vraiment présent. C'est lui qui a fait partir Antov.
-Il ne quittait pas ton coté. Il a eu assez de préscience pour donner un ordre à l'un de tes Illusionniste. Pour toi.


Diane avait seulement perçu le départ d'Antov. Ne se souciant pas assez du jeune vampire pour s'en préocuper d'avantage à ce moment. Mais l'expression de son visage, les paroles prononcées par le fils de Cain, elle les a entendu. et c'était Veragän qui l'avait exigé.


-Il y a peut être des nuits où ses mondes l'avalent entièrement, sûrement. Néanmoins, je pense qu'il est très souvent relié à toi.


Alors elle finit par lâcher quelques mots. Elle lui parle. Le Prince des Brumes immobilise leurs deux corps et capture ses prunelles. Diane ne tente pas de fuguer. L'expression intense de son regard, elle ne pourrait agir ainsi maintenant.


Doucement, sa paume libre vient encadrer la douceur éternelle de sa joue, alors qu'il lui pose une question essentielle. Sa voix est douce, mesurée. Tentant de trier ses pensées.


-Je crois qu'il m'entend. Non, je suis certaine qu'il m'entend. Et qu'il choisit de répondre quand il en perçoit une nuance connu de lui seul. Il m'a déjà répondu.
Une brève hésitation.
-Dans les jardins, il m'a répondu. Une phrase claire aux mots sybilins. Et lorsqu'il ne repondait pas, je sentais son attention sur moi.
Elle se hausse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser fruité sur ses lèvres. Sa question tourbillonne dans son esprit. Vitale. Indispensable. Si fragile dans la nuit.


-Je lui parle parce qu'il est là. Je lui parle parce que c'est un Cainite et parce que meme si son esprit emprunte des chemins qui me sont la plupart du temps incompréhensible, nébuleux, il Existe. Parce que par deux fois, il m'a enveloppé dans son monde et que personne, personne ne pourrait penser après cette expérience, aussi traumatisante soit elle, qu'il ne s'agit que d'une coquille vide.
-Je lui parle parce qu'il est ton frère. Parce que je le respecte. Parce que je suis certaine que parfois, il me comprend. Je lui parle, parce que ca me semble essentiel. Parce qu'il n'est pas un pantin ou un gamin dénué de sens. Au contraire. Parce que Véragän a une ame. Parce qu'il Important. Parce que c'est Véragän!!!
-Parce que selon Dojoordorj, c'est lui qui a demandé à que ce que je revienne, quand bien même, toi, tu ne le désirais pas. Parce qu'il a une volonté propre et qu'il n'est pas une simple marionnette bizarre et puissante. parce que ce n 'est pas un monstre!


Diane a l'impression de perdre pied. Elle ne voulait pas en dire autant. Non pas par désir de cacher quoique ce soit, mais par pudeur pour
ses propres impressions, ses propres sentiments. Parce que ce n'est pas un sujet banal pour elle. Parce qu'elle ne désire pas non plus heurter Carigän.

Carigän


Les mots de Diane montent dans l'air indigo, lyre dont les échos n'ont pas fini de rebondir dans ses couloirs dédaléens, chorale ailée de consonnes murmurantes et de voyelles à l'éclat d'eau vive. Leurs âmes fredonnent au diapason des terres qu'ils foulent, elles s'accordent sur de nouveaux demi-tons, sur de nouvelles clefs de sols, elles se reposent sur de nouvelles basses.

Autour d'eux, la Toscane pose un doigt sur ses lèvres mutines, scellant sous vide ces instants qui relèvent de l'irréalité. Les prairies verdoyantes semblent se refermer sur eux tant leurs ombres de gouache noire s'étendent, interdisant au vent d'emporter leurs confidences, noyant leurs silhouettes dans un océan herbifère.

Dans la tête de Carigän, des questions se disputent, s'emmêlent, se perdent en pugilat et partent en claquant les portes à la volée, laissant sa tête pleine d'une sérénité étrange. Chaque mot usitée pour débrouiller son univers est certes le barreau d'une prison, tant les mots sont par défaut réducteur, mais il essaie, tente, invoque des images aux cent interprétations. Veut qu'elle comprenne.

Un sourire insondable farde son visage. Non. L'Amazone n'a jamais mis un pied au cœur de ses territoires internes, bien qu'il lui ait été donné l'occasion d'en humer l'effluve post apocalyptique à quelques reprises. Nonchalamment, il hoche de la tête, acquiesçant dans un silence de tâtonnement.

- Non. Jamais. Mais ... cela est mieux ainsi. Il n'y a rien à voir.

Son timbre de voix n'est pas celui de l'animal qui se braque, mais celui de l'homme qui se contrôle, qui connaît ses limites et qui ne les franchit pas. Presque pas. Rarement. Seulement lorsqu'il a une bonne raison, lui l'homme déraisonné. Mais non. Jamais. Il sait, il sent qu'elle serait de tout dégoût pour cette embrasure de porte royale vomissant ombres d'encre. Ignorant d'où lui vient cette étrange conviction qui le tiraille autant qu'un mauvais souvenir. Un sursaut de sourcil, et le voilà retrouvant pied à terre, retrouvant son habit de recul et d'amusement.

- Mais je t'emmènerai, dans ces univers que je régis. De ceux qui m'obéissent sans l'ombre d'une mutinerie.

Oui. Pourquoi pas. Cette nuit est étrange et l'affuble d'élans insensés. Peut-être se seront-ils dissout au prochain crépuscule ? En attendant, ce soir, il peindrait pour elle des toiles grandes comme des murs de cathédrales. Il lui construirait des citadelles dont chaque pierre serait sculptée avec l'amour de l'artiste pour une œuvre unique.

Il dépenserait sans compter et peu importe ses ressources. Une pensée pour son frère, lui qui use et abuse tant et si bien de ses brumes que la catatonie vient creuser ses joues à la pelle, déshabiller son squelette de ses chairs. Lui qui jette ses forces par la fenêtre, lui qui gaspille jusqu'à s'écrouler à terre. Carigän est tellement plus avare de ses songes.

Tellement peu enclin à faire la parade de ses facultés. Ses yeux retrouvent le chemin de Diane, seul sentier jalonné de lumière dans la sombre nuit. Une brève pensée vient le prendre à la gorge. Ne serait-elle pas le fruit le plus pur de son imagination, pour se tenir ainsi à ses cotés ? Pour former cette unité parfaite avec lui ? Pour donner un sens prestigieux à la symbiose ?

Carigän repousse ce doute dans un recoin de ses mondes, d'un coup de pied psychique. Lorsqu'elle lui parle de sa meute, tous ses soupçons s'évanouissent comme brume au soleil. Son sourire se fait tiède, si tiède qu'on le croirait gorgé de soleil, si tiède qu'on ferait fi de son existence noctambule. Ses Loups. Sa Meute.
Un soupir furtif clairsème un peu de chaleur dans le vent des prairies.

- Ma Meute ? ... Ma Meute. *Répète t-il à mi-voix* Ce ne sont pas des Illusions. Quand bien même se plaisent-ils à se dissimuler dans les tapis de brume que je déroule pour eux, à disparaître, à couvert des ombres blanches que je créais pour eux, ils vivent, il existent.

Il fixe Diane plus intensément sans se dérober d'aucun jeu, sans se capitonner du moindre rôle, sans réciter l'un de ces discours pernicieusement élaboré.

- C'est ma famille. La première et la dernière. La famille qui t'apprend à marcher et dont tu sais qu'elle veillera au chevet de ta mort. La famille dont tu n'arrives pas à douter, de la même façon que tu ne peux t'empêcher de douter du reste du monde. Si je venais à trahir et tuer tous mes pairs, à jeter l’opprobre sur la lignée des Funéras, ils seraient là, à m'attendre à l'orée des bois, à me demander sans un son, en un regard "et maintenant, où est-ce qu'on va ?"

Un soupir de musique dans sa partition de croches. L'horizon demeure nu et nulle ombre de bête ne vient enrayer la danse des végétaux qui ploient doucement, mais ils sont là, quelque part. Cachés dans une petite tanière mitoyenne de la réalité et la chimère. Cette nuit, ils demeurent silencieux et invisibles, de tout respect pour les secondes qui se profilent.

Si le Roi des Loups sait son attachement pour sa Meute et le vit sans conflit aucun, sans les potrons-minets d'un doute, avec des certitudes d'eau de roche, le lien qui l'unit au Fantôme est de tout mystère tant il est extrême dans sa fraternité. Non, Carigän ne saurait l'expliquer. Il semble tantôt le subir, tantôt l'abreuver.

Ses yeux s'écarquillent d'imperceptible manière aux mots qui volètent aux lèvres de la dryade. Il s'accroche aux nuances de sa voix qui percent les brouillards en corne de brume, à ses paroles qui voyagent dans les eaux les plus obscures, pareilles à des chants de coquillages. Elle lui offre sa vision, avec son oeil d'étoile observatrice plantée dans la voûte.

Elle lui offre ses yeux, ses oreilles et avec cela, une minuscule partie de son esprit. Veragän, veiller sur lui ? Le Loup demeure prostré dans les bras de sa dame l'incertitude. Discrètement, il se mord la lèvre inférieure. De l'épisode des jardins, il ne se souvient que de bribes de sons, de phrases en pagaille et de quelques images photographiés sur le vif, dans le désordre le plus total.

- Je ne sais pas. *Lâche t-il dans un souffle fuyard* Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête comme je n'ai pas la moindre idée de ce qui motive ses actes, de ce qui a le pouvoir de le sortir de son mutisme, de le faire agir de la sorte. Du reste ... Cela est sans importance.
Carigän abdique. A abdiqué depuis longtemps.

Maintenant il se contente de vivre et de partager un présent d'éphémères. De lancer les instincts de sa folie aux remparts d'une toute autre. Un sourire défaitiste irrigue ses lèvres. Du défaitisme au goût d'inconscience, de détachement, de sauvegarde. Carigän fait volte face. Purement et simplement. Dans ses yeux sombres paraissent des bris de déni.

- Je crois que je ne veux pas ... Savoir.

Non. Il hoche de la tête pour se débarrasser de ses chemins d'esprit tortueux. Et la dureté de son regard s'assouplit alors qu'il la caresse des yeux. Non, il n'a pas envie de savoir. Pas envie de savoir pourquoi Veragän est ainsi, pas envie de comprendre pourquoi la déesse de la chasse marche dans ses pas, et pourquoi ses yeux de biche curieuse ont des teintes d'avenir clair.

- Il y a beaucoup de choses que je ne veux pas savoir. Pas comprendre. Pas décortiquer. Pas raisonner.

Un sourire, qu'il lui tend en guise d'allusion limpide, si glissante qu'un ululement de chouette l'emporte. Non, il ne veut pas comprendre ces choses là. Et pourquoi l'enfantine des volcans parle t-elle à son frère, après, en quoi cela importe t-il ?

Bien sûr que cela importe. Alors qu'elle lui rapporte ses conclusions, il l'écoute comme si la promesse d'un merveilleux salut allait naître à sa bouche. Oui, Veragän lui répond, avec des silences, des mots disséqués, des proses morbides, parfois même des morceaux de raison trompe l'oeil. Mais pourquoi s'acharne t-elle ? Personne ne s'acharne. Personne ne persiste.

Carigän est silence, alors que se succèdent et s'entrechoquent le chapelet de ses "parce que". Ses "parce que", presque des claques, des mèches de fouet qui l'entaille au sang, des pierres qui le grèvent. Non, Carigän ne sourit pas. Il est mortifié par ce qu'elle lui renvoie, par sa compassion absurde aux notes de désespoirs, au gré des 'je ne sais pas pourquoi'.

Elle piétine délibérément ce vieux tableau de guerre, gravé au fer rouge dans son esprit. Ce tableau figé où Carigän est seul à défendre l'âme de son frère, seul à hurler sa vie, si seul qu'il a parfois le sentiment d'une cause perdue. Si seul qu'il a parfois davantage le sentiment d'appliquer une politique de terreur et de tabous plutôt que de croire en son frère.

Dans ce tableau, c'est comme s'il venait de se retourner et de découvrir un visage derrière lui, présent depuis l'aurore des temps, un visage qu'il n'avait alors jamais remarqué. Un petit visage discret qui se serait lentement avancé au premier plan de la scène, échappant à l’œil humain. Il l'écoute, et il sent ses fondements qui tremblent.

- Tu ... Comment ...

Brusquement, il l'attrape, plante durement ses doigts dans les creux de ses joues d'opaline, la force à tordre la nuque vers lui. Sa poigne devient le harpon d'un chasseur aguerri, intangible. Leurs regards n'ont d'autre choix que celui de fusionner. L'épaisseur d'une aile d'oiseau sépare leurs visages, tant il la tire vers ses hauteurs.

Pas une onde à ses traits fixes, qui évoquent un assassin au sang de reptile. En revanche, ses yeux la détaillent avec une stupeur aux allures d'insomnie. Ses lèvres entrouvertes ne laissent filtrer aucun son, aucune note, aucun mot. Juste un souffle, presque humain tant il est régulier, tant il tremble dans son gosier. Comme si elle avait réactivité une seule seconde sa mécanique humaine.

Sa prise est nette, mais ses phalanges grincent. Son visage est froid, mais son cœur est une fournaise meurtrière. Il la relâche, et sa sécheresse aurait pu conduire l'Amazone à la chute s'il ne l'avait pas retenu. Contre lui. Tout contre lui. Aux creux de ses bras qui la serrent, aux creux de ses épaules qui la font disparaître.

Son menton contre la cascade auburn de sa crinière. Ses paupières qui n'en peuvent plus, et qui avalent ses deux obsidiennes miroitantes. Sa respiration paradoxale, comme s'il chercher à expulser dans la nuit l'air trop longtemps stagné dans ses deux poumons, sanctuaires de mort, pour épurer un monde. Ses bras croisés dans son dos, une main en épaulière de plomb et la seconde ancrée à ses côtes.

Et puis, la sérénité revient lentement, en même temps que ses lèvres gouttent au reflet cuivre de ses cheveux, en même temps que son thorax plonge de nouveau dans son sommeil coma. Lentement, il décolle son visage d'elle. Tigre dont les instincts refluent, dont les griffes laissent des empreintes sanguinolantes dans les épaules de la Dompteuse. Sans s'en rendre compte.

- Moi aussi. Je crois en mon petit frère.
Un sourire lointain de mille et une nuit. Un sourire qui ressemble à une arabesque d'éther, à une volute de cigarette.
- Et maintenant nous sommes Deux.

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Message par Diane Mansiac Ven 22 Sep - 15:10

Un soupire tendre s'effile des lèvres de Diane en se perdant dans la vision de son compagnie. Admirant ses traits et la ligne pure de ses épaules. Il est d'une beauté atypique et précieuse qui anime ses sens d'une vie tumultueuse. Elle sourit sans raison. Pour la douceur de la Nuit qui les acceuille, pour la tendresse de la Toscane qui se sublime pour eux. Pour lui. A lui.


Une onde brulante et soyeuse baigne la jeune vampire sous la mouvance des doigts de Carigän arrimés à sa peau, dans un naturel eperdu. La pureté de ce qu'elle ressent pour lui ne connait pas l'ombre d'un doute. Que ce soit dans les ténèbres ou la lumière, elle l'aime. Elle l'aime de ses passions à ses égarements. De sa tendresse à sa violence. Ses prunelles ont une nuance chine, une nuance caline


Les vides de Carigän l'effraient pourtant. Mais c'est bien parce qu'elle en a peur qu'elle désire les affronter. La Flamme a hait la vision du visage blanc de Carigän. Tant il reniait toute la vivacité qu'il déploie dans chacun de ses gestes et de ses baisers. Elle hoche la tête. Rien à voir. Peut être est ce bien ce Vide qui la repulse tant. Un murmure, à peine, quand ses paumes lovent ses hanches contre sa taille assassine.


-Pas maintenant... Plus tard...


Diane n'est pas prête à affronter ces mondes là. Pas encore. Pas ce soir. Mais une nuit, elle en est certaine, elle lui en fera la demande. Dans deux ans, dix ans, deux siècles. Elle le sait. Avec la fougue de ses flammes. Car ces revers sont Carigän autant que le reste.
Et elle n'est pas Femme à pinailler, à accepter de ne connaitre que les versants fleuris de lui. A ne chérir que les facettes les plus lumineuses. Diane est trop entière pour se contenter de la facilité. Le chemin qu'elle entreprend aux cotés du Prince des Brumes est semé de ténèbres. Refusant d'être Aveugle.


-Je veux tout de toi. Avec toi. Le Magnifique comme le Monstrueux.


Sa phrase suivante est une épiphanie et les couleurs qui se peignent sur le visage doré du Maitre Illusionniste sont des promesses. Sa tête s'incline pour mieux se nicher contre son cou. L'idée est plaisante. Délicieuse. L'amazone n'a pas confiance dans les Illusions. N'a jamais entrepri un voyage volontaire au grés de leurs collines.
Glisser sa main dans celle de Carigän pour cette découverte serait un feu d'artifice, un bouquet de fleurs sauvages et evanescentes. Des fragrances les plus inconnues et les plus précieuses.


-Oui! Oui! Ouvre moi tes mondes parés de leurs teintes chatoyantes d'oiseaux infernaux à la saveur de Paradis. Je te rapellerais cette promesse, mon Roi.


Car c'est une promesse, n'est ce pas? Oui, c'est une promesse. Il le faut. Il n'aime pas les Demains, elle adore les perspectives qui s'ouvrent pour Demain. Avec lui. Leurs regards se croisent et sont une harmonie parfaite. Une complicité musicale qui rayonne dans tout son être. Carigän devient fruit du Soleil lorsqu'elle évoque sa Meute. Comment n'aurait elle pas pu le faire? Ils ont été présents à chaque étape. Ils sont un mystère.


Un mystère de plus. Elle ne peut les croires seulement volutes de brumes, pas après avoir connu leurs morsures et leurs attentions. Alors Diane se tait. Alors Diane écoute. Et cette fois, elle doit avouer qu'elle ne comprends pas. Qu'elle ne saisit pas. Elle ne cherche pas à se dissimuler derrières de belles paroles ou des infatuités. Elle secoue sa tête couronée de cuivre. [


-Je ne crois pas que je comprends. C'est presque trop abstrait...


Petite âme carthésienne dont la réalité a toujours été solide. Blanche ou noir dont le gris était absent. Soit cela existe, soit ca n'existe pas. L'entredeux est un horizon qu'elle ne parvient à maitriser. Néanmoins elle entend l'affection et la confiance qu'il porte dans ses Loups. Et c'est peut être la seule chose essentielle.


-Cela doit être... rassurant... de savoir qu'ils seront là. Toujours. Quoiqu'il arrive. Qu'ils ne t'abandonneront jamais.


Oui. Rassurant. La sensation de n'encourir aucun jugement, mais un amour inconditionnel et sauvage. Une présence qui ne saurait se ternir de faux semblant. Juste là. Regards et présences. C'est là un écrin qu'elle ne possède pas. Ne possède plus. S'est coupée de toutes attaches, de toutes familles. Famille. Avec délicatesse, ses paroles la conduisent à Véragän. A l'énigmatique et incompréhensible Véragän. Une pointe de surprise comme une piqure anime les prunelles de la sylphide. Comment Carigän peut il penser vraiment que c'est sans importance? Que d'essayer de comprendre les agissements et ce qui les animes sont sans importance?


Elle pèche par arrogance. Les questions qu'elle se pose... depuis combien d'années tourmentent elles Carigän? N'a til pas le droit à un peu de répit dans ces eaux qui assaillent et effritent les falaises de ses pensées? N'a t'il pas le droit de déposer ce fardeau qui grève ces épaules Royales? Je ne sais pas. Sans importance. Non. Ne me dit pas cela. C'est Important. J'en suis sure!
Diane est en pleine contradiction et ses pensées divergentes s'entrechoquent. Pour le moment, elle ne peut pas se dire "c'est pas grave". Ses mains s'envolent dans la chevelure de Carigän. Caressant son front qui en a tant vu et tant souffert.


-J'essaierais de savoir... pour lui. pour toi. pour nous.
Bien qu'elle doute y parvenir, si son Ainé lui même a échoué.


Les mots s'échapent et s'évadent. Formant un front de raisons diverses, vitales, essentielles. Essayant de lui faire comprendre pourquoi, pourquoi, pourquoi elle parle à Véragän. Diane se laisse emporter par le flot, ne controle plus très bien sa langue. Pensant avec intensité la moindre de ses paroles, le plus petit de ses mots. Avant de s'arrêter, tremblante de tous ses membres.


Avec la certitude d'en avoir trop dit. D'avoir heurté Carigän par ses certitudes et ses imperssions. Par cet espoir stupide qu'en parlant à Veragän, peut être.. peut être une nuit il trouvera le chemin d'un retour qu'il ne désire pas forcement. Comment savoir. Son Prince reste devant elle et son coeur monte à ses lèvres devant son immobilisme et son regard d'acier. Diane en est certaine, elle l'a blessé. Et cette certitude l'entaille profondement. Il reste Statu. Son visage perdu dans des hauteurs qui lui sont innacessibles.


-Carigän.. je ne voulais pas te...


Ses mots s'achèvent abrutement sous la pression impitoyable de ses doigts sur sa machoire. Son dos s'arque à l'exigence de sa main impériale, son cou s'inclinant à l'extrème pour lui permettre de plonger ses lames noires profondement dans ses miroirs bleutés. Son visage est dénué d'expression. Un masque vénitien. Un voile d'angoisse tombe sur les prunelles de Diane. Elle n'ose un mouvement de rebellion, suspendue dans cet instant de deséquilibre. Craignant le retour de son imprevisible violence qui les a conduit déjà si loin sur des chemins traitres. La Flamme ne supporte cette expression d'intense stupéfaction. La dureté de ses doigts contre sa chair. Un souffle ravage ses lèvres.


-Vous me faîtes mal...


Elle ne sait pas ce qui la blesse le plus. Ses mains fixes et insoutenables ou l'impression de voir voler en éclat la sérénité qu'ils avaient consruits ensemble, pierre à pierre. De sentir l'unité qui les unissait se fissurer parce qu'elle n'a pas su contenir le flot de ses mots qui est devenu un torrent furieux abîmant Carigän. Déjà elle se sent trébucher lorsque soudain sa prise étau disparait. Ses bras l'enlace à la briser. Qu'importe


Ses mains ceignent la taille de Carigän. L'enfouissant contre elle autant qu'il la maintient au creux de son étreinte de Loup. Nichant sa joue contre son torse nu. L'assurant de sa présence. De sa réalité. Ses genoux ploient un instant lorsque les ongles du Prince des Nuits entaillent sa peau, creusant son épidermes de sillons sanglants.


Elle peut sentir la chaleur de sa Vitae teinter sa peau d'ailes écarlates, maculée sa robe virginale. Il la maintient ainsi, les ongles profondement ancrés dans sa peau. Déjà son dos à repris toute droiture. C'est une souffrance d'abeille qu'elle peut soutenir sans frémir. Sans rien laisser paraitre sur son visage. Ce n'est pas grave. Ses paumes ne le relachent pas d'avantage.
Cette fois, c'est volontairement qu'elle incline la tête vers lui.


-Je sais... Je sais, Carigän.
Son sourire est une lune douce qui la baigne de sa clarté.
-Tu ne sera plus jamais seul. Tu ne ne sera plus jamais seul dans cette croyance et je t'aiderais, si tu le désire, à faire comprendre au reste du monde que ton frère Vit. A sa manière, mais Vivant.


Doucement, elle porte les mains sur celles du Loup. Les détachant de ses épaules. Son regard est d'une intensité qui n'est destiné qu'à lui. Diane garde ses mains dans les siennes. Lentement, elle pose un genou à terre devant lui. Sans jamais rompre leur lien visuel. Ne lui permettant pas de s'en détourner. Le gardant prisonnier des flammes de ses iris ciel. Elle ne possède pas les mots justes. Ne connait pas les phrases. Alors elle agit comme elle a agit depuis les premiers instants oû elle a croisé son chemin. Avec son instinct. Sa voix est grave. Mesurée. La jeune femme s'efface au profit de la Vampire. Celle qu'elle est et celle qu'elle deviendra un jour. Il n'y pas la place pour le jeu ou la raillerie dans ses traits. Elle s'est départie de son insouciance et de sa légerté.


-Je te jure allégéance, Carigän Funéra. A toi et les Tiens. De suivre les préceptes et les voies de tes Illusions. De ne jamais trahir les ombres Illusionnistes ou tes pensées.


Carigän


Un sourire badaud flâne au gré de la promenade de ses lèvres. Ses yeux, psychés maléfiques, luisent d'une faible lueur, engouffré dans les profondeurs de mondes inexplorés. Elle veut Tout ? Le Magnifique et le Monstrueux ? Carigän s'amuse de ces mots qui éclosent à ces lèvres comme les caprices d'une déesse païenne, jamais rassasiée, désireuse d'impossible et meneuse d'infernale.


Le Roi-Loup méconnait ces deux facettes de sa personnalité. N'imagine pas la pureté écarté du vice, n'imagine pas le blanc sans le rouge, n'imagine pas le monstre sans ses pennages colorés. Diane l'ignore, mais elle lève une petite lanterne dans la nuit noire en lui disant cela. Sa lanterne à elle. Ses deux lanternes bleues aux flammes de ciel. Ses yeux.


Et son sourire de basilic ne le quitte pas, tant il aime cette dégringolade d'imagines multicolores qui franchissent en déferlante les lèvres de Sa beauté du diable. Une promesse ? Peut-être, peut-être pas. Carigän se fend d'un soupir-sourire qui perdure un instant dans l'air, petit fragment des chimères bouffantes qui l'habitent.


- Oh. Dans ce cas, il faudra que tu m'apprennes. A tenir mes Promesses.


Ce ne sont que quelques grains d'une ironie sans sel. Les promesses ne sont-elles pas faîtes pour être bafouées, salies, sabrées, déchirées en mille morceaux ? Les promesses ne sont-elles pas que des parfums de fruit prometteurs de vergers abondants pour guider la proie jusqu'au coeur d'une forêt aux cents rangées de dents ?


- J'ai du mal, à tenir mes promesses. Je n'aime pas les prisons, les chaînes, les pistes tracées.


Souffle t-il, avec son étrange sincérité de créature lunaire. Après s'être gorgés du lavis bleu pastelle de la minuit, ses yeux retournent se réchauffer à la lueur des siens. Toute malfaisance à déserter son visage alors qu'il s'abreuve de sa grâce de panthère rousse.
Ses loups, qui viennent occuper leurs échanges nocturnes. Ses loups, dont il devine les fugitives et invisibles silhouettes fauchant les herbes hautes comme des serpes de vent. Abstrait ? L'interrogation vient peindre quelque-uns de ses remous à la surface argentine de son visage. Un léger silence précède ces mots.


- Diane. Qu'est ce qui peut-être plus concret qu'une Famille ?


Sa voix est si calme que tout espoir de vague est repoussé au loin. Peut-être aimerait-il qu'elle comprenne, sans doute se soucie t-il réellement des perceptions qui peuvent l'habiter, animer ses prunelles, faire vibrer sa gorge, de son monde intérieur.


- Tu te rappelles ta famille humaine ? Ces gens qui t'ont vue grandir, et qui resteront gravés dans ta mémoire quand bien même les siècles viendront démenteler tes bibliothèques de souvenirs ? C'est pareil. Tu as grandi chez les hommes, moi chez les loups. Mes loups. Je pense comme eux et je vis au cycle de mes instincts.


Un vent d'été vient infiltrer ses mèches de jais, et il croit y déceler une odeur de tanière tiède dérobée sous le monde qui hurle. Non, ils ne l'abandonneront jamais. Ils le suivent dans la réalité, dans la chimère, dans la vie comme dans la mort. Ils sont plus fidèles que des ombres, incapables de trahison, de complot, incapables de questions. Ils sont autant de prolongement de son être

Ils sont une Meute, une unité. Solitaires sans jamais être seuls. Un sourire à la pureté d'enfance transparaît brièvement, à l'ombre de la lune, rien qu'une seconde insensée, avant de retourner se terrer au fond de son ventre. Sa voix est étrange, celle d'un homme aguerri qui connaît la source de ses forces.


- La brume cache des éléments inamovibles, et c'est pour ça qu'elle est la brume.


Cependant, ces images de meute en plein partage, ces fantômes de sons, de mâchoires qui claquent et de griffes qui déchirent s'en vont, disparaissent comme les échos d'une atlantide oubliée. Le chemin des échanges prend une direction retorse, fait une sortie de virage. [
Ses brumes intérieures ont changé de couleur, les arabesques courbes se sont faîte épingles, ses instincts de sauvegarde cèdent corps et âme à d'autres, plus virulents, plus piquants. Non, il ne veut pas savoir. Pas cette nuit. Il est des sujets au gré desquel il se plaît à vagabonder, d'autres qu'il évite comme récifs périlleux.


Veragän fait parti de ceux là. Et parler à coeur ouvert du petit Spectre, sans tabou de sa perdition, en fixant droit dans les yeux ses dérives funestes, c'est comme enfoncer une lame chauffée à blanc dans une plaie suppurante. Carigän sent son âme toute entière se rétracter dans sa carapace, anémone arachnéenne éffarouchée.


Trop d'échos résonnent dans son crâne alors que ses doigts l'enseerrent impitoyablement. Des pulsions de carnage animent ses phalanges de marionettiste possédé. Quelques mots défensifs sont murmurés, articulés, mais ils glissent sur la banquise de son visage pour tomber dans des gouffres de bout du monde.


Au fond de son ventre, une apocalypse au visage d'amie chère. On dirait que sa violence draine hors de son corps ces particules de feu fou qui consumait alors son visage. Qui le consumait dans une froideur détructrice de vie, dans une froideur de bûcher aux flammes blizzards. Lorsqu'il cligne lourdement des paupières, le monde s'est renversé et il la tient tout contre lui.


Il la tient si fort qu'il semblerait vouloir rendre un nouveau coeur à sa cage thoracique sinistrée. La joue contre ses cheveux, le regard braqué sur l'horizon, Carigän semble défier le monde entier d'approcher. Ses sens lui rapportent quelques rumeurs d'été, celles de ses mains douces, celles d'un sang familier maculant ses mains, celle de sons de soleil.


Oui, bien sûr que Veragän est vivant. Comment être plus vivant qu'un oiseau qui à la force de voler à contre vent quand les autres se laissent louvoyer au hasard ? Oui, il est plus vivant que n'importe qui d'autre. Sans doute le plus vivant d'eux tous. Et Elle le croit. Elle voit ce qu'il voit. Entend ce qu'il entend. Perçoit l'invisible qu'il perçoit.


- Le reste du monde mourra s'il ne comprend pas. D'une mort ou d'une autre.


Un murmure aux arêtes de hache, un souffle à la fragrance de gaz mortel. Mais d'une douceur pleine de patience, d'indulgence. L'imperceptible soupir d'une plante carnivore à la corolle mirifique.


Il se laisse guider par elle, encore imprégné de ses dualités, et suit de son oeil noir la Flamme qui pose un genou à terre et devient braise. Mais pas n'importe quelle braise. Une braise qui renferme les arcanes d'incendies qui montent jusqu'au paradis. Une braise à la lueur de lave en fusion, d'une chaleur presque palpable, presque brûlure.


Lui, reste droit comme un pic, comme une montagne infranchissable, comme la justice du tyran. Ses yeux de rapace juché en maître observateur des territoires alentours s'attardent sur le moindre de ses mouvements. Il l'écoute. Avec toute l'attention dont il est capable, tant il sent que quelque chose se joue. Qu'ils franchissent encore un pas vers le rift qui les sépare.


Allégeance. Elle lui jure allégeance. Et l'allégeance a le goût des lèvres qui la prononcent. La sienne est pleine des épices de l'impossible, portée par des saveurs de feux furieux et d'eaux paisibles. Carigän demeure silence. Ses yeux se sont arrondis légèrement, juste de quoi épurer ses traits des railleries que la vie lui a gravé au fer rouge.


Son sourire s'est dissipé, non disparu, mais éludé, éclipsé, mis en suspension. Pour accueillir ces mots, ses traits se sont démasqués, défardés, désaffectés de leurs assiettes communes pour se livrer dans la simplicité la plus blanche. Dans sa main, les doigts de harpiste de l'Amazone, sur lesquels il resserent emprise.


- J'accepte.


Nulle autre fioriture. Timbre de voix aérien, omniprésente, une voix qui semble appartenir aux entrailles du monde tant elle est profonde, tant elle danse dans l'air. Et son sourire renaît de ses cendres, phoenix de nuage. Il pourrait choisir de la rejoindre à terre, mais sa stature de souverain, car ainsi c'est que la nuit l'observe, l'invite à agir différemment.
Légèrement, il exerce une petite pression sur sa main et la convie elle, à recouvrer ses hauteurs d'incendies. Leurs présences s'emmêlent, leurs ombres se marient en un océan noir, leurs lèvres se rejoignent pour recréer le souffle des vivants qu'ils furent tous d'eux un jour. Lorsqu'il se décolle d'elle, c'est pour offrir voyelles et consonnes à ce que ses sens disent toujours mieux.


- Tu t'es coupée les ailes ... et cela saigne ... Diane.
Ce disant, il observe sa propre main, et ses doigts encore rougis de sang qui, quelques secondes plus tôt, naviguer à la naissance de ses épaules, à la naissance de ses ailes arrachées.


- Tu ne voleras plus ... Dans ce monde là.
Leurs visages sont proches, si proches que leurs lignes se confondent et s'échangent ombrages et reliefs.
- J'accepte que tu meurs avec moi.
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V - 3 - L'été des cigales. Empty Re: V - 3 - L'été des cigales.

Message par Diane Mansiac Ven 22 Sep - 15:11

Lui apprendre à tenir ses promesses? Peut être pas toute, peut etre aucune. Comment deviner ce qui les attends et quelles promesses ne seront pas celles qui les enchaineront au péril? Le Dos de sa main flirte avec son visage, petite soeur nonchalente et délicate qui promet douceur et légereté. Si les serments lui déplaisent, la Flamme ne les prononcera qu'au secret de son coeur.


Ses doigts vagabondent dans l'échancrure de sa chemise, jamais rassasiés de sa peau aux notes d'acier et de marbres. Pourtant, la perspective de ses mondes ouvert à ses pieds de princesse lunaire est trop ennivrante pour que la flamme puisse s'en détourner si aisément.
-Je reviendrais murmurer à ton oreille ses mots cathédrales et tes phrases de lagunes...


Pas une promesse. ou une promesse qui n'engage qu'elle. Le sens de l'honneur de Diane n'a pas été encore assez écorché vif pour la nuit pour qu'elle envisage de s'en séparer si vite. Elle croit fermement en ses convictions et absolus, comme pour mieux garder les pieds sur terre. Dans un monde qui n'est plus tout à fait le sien. Cet échange ne saurait la détourner de sa Meute.


De sa Meute à la splendeur de joyaux brutes qui n'ont pas été souillés par les désirs terrestres. A la cruauté d'êtres nobles et impérieux. Elle ignore si elle les aime ou les deteste, les Loups ne peuvent être jugés à l'aune de ses ressentis. Ils sont Carigän. Alors, elle tente de saisir les volutes mystiques qui les environnent. Qui l'environnent Lui.


Il est attentif à ses errances et ses balbutiements. Pose son regard pour elle pour l'assurer de son écoute et s'enquérir de son attention. Qu'il ne doute, rien ne saurait la détourner du Prince de Sang. Diane acquièsce.
-Oui... Je me souviens d'elle.


Mais ils ne sont plus sa famille. Plus vraiment. Ils sont ses racines et ses souvenirs mais ne sauraient être présents pour elle une fois l'aube.
-Ils sont tes Frères et tes pères.


Elle comprend la nature du lien symbiotique qui unit Carigän à ses Loups. Moins la nature profonde de ces derniers. Plus tard, peut être parviendra t'elle à saisir, quand elle aura vécue plus longtemps à leur contact. Diane sourit. Elle a le temps. Une eternité. -Ils sont tes prolongements.


Le temps se fait orage dans leurs esprits quand Veragän s'impose à eux. Quand leur monde bascule sur les récifs qu'il représente. Sur les lames qu'il plonge chaque nuit dans le coeur de Carigän. La flamme provoque un séisme quand elle aurait aimé avoir le pouvoir d'eaux calmes pour lui. Il la blesse, absorbé dans les remoux de ses paroles. Diane ne lui en tient pas rigueur.


Elle s'inquiète pour Eux avant de sentir son etreinte Fauve autour d'elle et les nords retrouvent leurs pôles, et pourtant tout a changé. L'avenir est d'une clarté Soleil pour la Flamme. Elle en avait déjà pris conscience au contact de Dojoordorj, il n'y aplus d'errance, malgré les cinglures sanglantes qui marquent l'étoffe de sa robe de pretresse. Carigän promet la guerre.


La Guerre à ceux qui renieront la Vie et la Présence de son cadet. La Guerre à ceux qui détourneront le regard, pensant contempler une erreur de la nature. Il promet la Guerre. Et Diane sera Vengeance à ses cotés.


-Alors qu'ils perissent si les yeux ne sont pas capable de Voir. Si les Esprits ne sont pas capable de Saisir. Personne n'oubliera plus Veragän.


Ce qui suit est une impulsion sans en être une. C'est une promesse, malgré l'écoeurement de Carigän pour celles ci. La voie de l'Amazone est tellement dénuée d'incertitude qu'elle ne saurait réfléchir. Il n'y a pas besoin de Réfléchir quand tout hurle que c'est Juste. Un genoux à terre qui ne supplie pas. Qui ne s'avilie pas. Les mots s'échappent de ses lèvres et viennent se graver entre eux.


Elle lui jure une allégeance entière et sans retour. Carigän Demeure. Carigän abandonne ses masques de sourires et d'insolence qu'il porte avec tant de Charisme. Diane ne joue pas. c'est à L ui qu'elle jure vie. Non pas à son clan. Mais à Lui. A eux. Carigän et Veragän.


-Carigän, jamais je ne mettrais en danger tes secrets et tes ombres. Je te jure de mettre mon eternité à ton service. De ne jamais te causer tord. De ne jamais te trahir. Je te jure obeissance.


Il accepte. Sans tenter de jouer de mots ou d'embellir. Il accepte. Qu'il puisse refuser n'a pas effleuré Diane. Ne lui est pas venu à l'esprit tant elle Sait que sa place est à ses cotés. Dans l'Ombre tant qu'il en jugera ainsi, en pleine Lumière quand le temps sera venu.


Du bout des doigts il etreint sa main et elle se relève, se remettant debout. Ses bras ceignent sa taille et elle l'embrasse de toute la passion et de toute les nuits à venir qu'elle porte en elle. Diane qui est et Diane qui sera ne font qu'une sous la brulure de leur baiser. Elle secoue la tête à ses mots.


-Je me suis coupée les ailes il y a bien longtemps Carigän


Est ce qu'elle saigne encore? La flamme l'ignore. Elle ne saurait rompre la danse de leur regard.


-Je saigne parce que mes Ailes repoussent. Parce que c'est maintenant que j'entre Vraiment dans la Nuit.


Son front contre le sien. Et ses lèvres qui s'expriment contre sa bouche.


-Je volerais dans tes Mondes. Je suis Phoenix. Tu es l'incendie de ma renaissance, me faisant emmerger de mes cendres, de mes heures ternes et fades. Tu me rends mes flammes et ma Passion.


Elle se presse d'avantage contre lui. Ne permettant pas à l'air de s'immmiscer entre eux. Elle dissolve l'étreinte de ses bras pour nouer ses mains dans les siennes. Et son sourire. Son sourire n'a jamais été plus radieux.

-Non.. Non Carigän. Non mon amour. Non. Tu acceptes pour que nous Vivions. Pour que nous Soyons. J'étais perdue et tu m'as trouvé. J'errais et tu es devenu Refuge. Tu me sauves, tu ne me condamnes pas. Tu ouvres des ailes qui avaient besoin de toi pour s'ouvrir. Je saigne parce que je renais

Carigän


Au bout de ses lèvres comme un bout de pétale froissé au sortir de son bourgeon, un sourire. Non pas son sourire hyène, mais l'autre, l'erratique, celui dont on jure qu'il n'existe pas. Cette idée folle que celle de voyager dans les brumes multicolores s'en va en dansottant, laissant des perspectives à découvrir. Peut-être iront-ils, une nuit, mais pas celle ci. Le toscane s'est faite si belle.


Pas un son hormis le vent qui souffle dans les girlandes d'olives. Même pas un cri de loup épris de la Lune alors que ses pensées s'animent pour eux. Ses frères et ses pères, dit-elle, et il hoche la tête avec l'accorte lenteur du fils devenu homme qui pense à sa mère, qui jette un oeil en arrière, une seconde. Qui ne craint plus rien ni personne grâce à elle.


Il entend ses pensées courir autour de lui, s'éloigner en riant pour aller jouer dehors, avec les Loups. Parfois dans les herbes hautes, une brassée de vent plus fraîche que les autres arrache un pétale de coquelicot. Et le vent emporte beaucoup de choses, parfois les moment d'accalmie au profit des tempêtes. La seule pensée de son petit frère suffit à bander les muscles de ses mâchoires.


Ses mâchoires qui vibrent alors de la puissance d'un requin blanc. Dévoreur, fin broyeur de chair. Il l'écoute. Il l'écoute alors qu'elle prononce ces mots qui ne veulent pas franchir ses lèvres à lui, qui restent embusqués au fond de son ventre, qui aspergent d'huile les flammes du carnage. Non, tout ceux qui riront de son frère connaîtrait les flammes de l'enfer, l'enfrère.

Il esquisse un sourire, celui d'un meurtrier mauvais joueur. Il se retient d'ajouter qu'il préfèrerait qu'on oublie Veragän plutôt qu'on le regarde avec l'insistance des curiosités déplacées.


- Aucun oeil ne peut voir Veragän, souffle t-il avec raideur. Et aucun oeil n'aura droit à cette impertinence que celle de le décrire, de le vulgariser.


- J'ai ... entendu des choses qui m'ont fendu le crâne, haché le coeur et brûlé les oreilles tant elles étaient ... sales. N'est-ce pas légitime justice que de rendre l'exacte pareille ? De fendre, hacher et brûler ceux qui t'ont fendu, haché et brûlé ? *Les yeux de Carigän avalent tant d'ombres que la nuit paraît plus claire.*


Des flashs peuplés de chairs estropiées et d'os fracassés jettent un éclair blanc sur son esprit. Echappant à sa conscience, ses mains sur ses hanches se font plus étroites. Pour s'appuyer sur des images ensanglantées, son sourire évasif est d'une douceur non animale, encore moins humaine.

L'Amazone ignore à quel point ses mots le pansent, ni à quel point elle l'affermit sur ses positions destructrices. Plus que jamais elle est de feu, méthane de ses incendies. Elle le conforte tant et si bien dans ses terribles vendetta que la haine qui croisse à l'égard de ces autres trouve équilibre dans la tendresse qu'il éprouve à l'égard de la Braise. Une caresse d'été sur son visage.


- Massacre ... Un mot qui sonne bleu à ses lèvres, comme un je t'aime. Ses pensées se délassent alors qu'elle couvre d'or sa propre promesse d'allégeance, qu'elle l'enrichit, qu'elle l'agrandit, qu'elle offre des colonnes blanches et des fresques immenses au sanctuaire de cet engagement. Son regard se remplit d'elle.


Ses doigts, pinceaux sanglants, dessinent des arabesques grâcieuses sur les rotondités délicate de ses épaules nues. Le Loup se laisse glisser comme un dièze téméraire au gré des portées, des clefs de sol qu'elle dessine d'eux


. - Les ailes ne repoussent jamais, Diane ...


Et puis il a envie d'ajouter que la liberté dont elle colore la bannière n'est jamais qu'une liberté de quelques siècles. Qu'elle est éphémère, qu'elle mourra tôt ou tard, dans des souffrances d'innocent qu'on torture à l'aveu. Il a envie d'ajouter qu'elle renaît pour mourir, encore. Que ses flammes se lèvent pour que l'obscurité paraisse encore plus noire, après. Qu'on ne peut pas vivre éternellement. Que c'est impossible. Que les demains sont des parques joueuses à l'excès. Ses lèvres demeurent entreouverte, mais aucun son ne voit le jour. Oh et puis non.


- Tu ... as raison. Oui. Tu as raison.


Il se défait de ces pensées, les griffonnent, les chiffonnent et les jettent par-dessus son épaule, quelque part dans ses innombrables brouillons. Elle est belle dans son Insouciance, alors il a envie de l'y rejoindre. Pour ne pas qu'elle y soit seule. Parce qu'il fait tellement plus chaud.


- Pourquoi pas, Vivons alors ! Cette idée m'amuse tant elle est folle.


- Tant elle est ... Menteuse. - Belle.
Hypocrite.
- Souriante.
Cruelle.
-Affable ...
Tragique.
- Radieuse ...


Des mots qui ricochent, qui semblent sincères tant ils ne le sont pas. C'est peut-être la douceur de la fatalité qui donnent à ses traits tant de tiédeur. Un sourire en virgule, petite virgule de travers, petite crispation, goutte de pluie.

- Tu es Belle quand tu te moques des Demain

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Message par Diane Mansiac Ven 22 Sep - 15:16

Elle devrait flancher. Elle devrait avoir le visage blanc à l'idée des ténèbres qui s'abatront si Carigän décide d'agir à l'encontre des rieurs, des railleurs, des moqueurs. Elle devrait détourner pudiquement le regard et ne rien vouloir savoir du destin qui attendent ces imbéciles. Elle devrait parler clémence et apaisement. Douceur et patience. Il n'en est rien. Massacre.


Il doit y avoir exemple et punitions d'une sauvagerie telle que les esprits ne s'en remettront jamais. Il doit y avoir rivière de sang et poussière d'os agonisant à la lune pour ceux qui ont oser souiller la pureté de Spectre de Véragän et ceux qui ont oser blesser le Sublime Illusionniste. Ses prunelles n'ont plus rien de tendre ou d'enfantines. C'est un regard de gorgone.


-Il n'y aura ni pardon ni refuge pour ces profanateurs. Seule la Nuit Ultime saurait effacer leurs fanfaronnades. Le sang et le carnage laveront leur affront.


Peut être. Elle ignore qui a terni l'âme des Funéra. Cela lui importe peu. Ils peuvent être gosses effrayés par son apparence, jeune vampire ignorant des usages ou Illusionnistes de Guerre ayant connu l'Ancien Véragän.


Ils creveront de la meme manière et leurs entrailles seront d'une même teinte. La Flamme est d'Enfer. Avant de lier à jamais son éternité à la sienne. Retrouvant son calme et sa stabilité. Rentrant les griffes de sa rage de Louve offensée. Pour dessiner un A venir. Un futur. Parce qu'ils seront Ensemble. Parce qu'elle a toute la vie nocturne à découvrir et qu'elle l'exige en sa compagnie.


Et Carigän est tellement Beaux. D'une beauté à faire pleurer les anges et grogner de dépit les diables. Et elle... elle a enfin trouvé sa place! Oui... ce sera parfois cruel. Oui... elle saignera encore pour lui et par lui. Elle porte ses paumes à ses lèvres. Embrassant l'épiderme si délicat sous sa bouche.


-Bien sur que j'ai raison... Le monde t'appartient et je l'explorerais avec toi.


Une seconde, elle a l'impression de nuages suspendus à ses lèvres, s'apprentant à déverser leurs flots de pluies et de foudres en son coeur. Avant qu'elle ne puisse retenir un éclat de rire. Un éclat de rire argenté et cristallin. Oui.... Vivre avec lui est.... Elle a l'impression dêtre prise dans un tourbillon, un vertige qui enlève son coeur. Le visage de Carigän est tellement doux, tellement tendre. Elle plante un baiser sur ses lèvres.


-Tu es beau tout le temps, Cari! C'est presque injuste! Je te ferais aimer les Demains..


Elle s'éloigne de lui. Faisant trois pas en arrière, sans le quitter du regard. Avant que le courant d'émotion qui lui cisaille les veines ne s'expriment. Elle tournoie sur elle même. Pirouettant dans l'atmosphère italienne. De plus en plus vite. Ses méches rousses virvoltant sur ses épaules, flèches cuivres qui se distillent dans la nuit d'encre de chine. Sa robe gonflant autour de ses jambes, animée d'une houle qui lui est propre. Ne vient elle juste pas d'échapper à l'éclosion d'un Soleil en elle? Pour découvrir une complicité intense, palpable avec son Prince des Brumes. Diane s'abat contre son torse. Entre ses bras. Et si il s'amuse à ne pas la retenir? Quelle importance, puisque le lit de bruyère est si moelleux sous ses pieds. La Flamme accroche son regard. Revenant se pendre à ses lèvres pour un baiser à la profondeur de sa passion.


-Parle moi encore! Parle moi encore de tes hiers. Parle moi du jeune vampire!


Carigän


Les mots qui perlent à ses lèvres en rosée du matin sont de bien sinistres augures pour le Monde. Tout du moins pour ce Monde qui n'est pas Eux. Leurs pulsions prédatrices s'enlacent, leurs desseins de vengeance s'assemblent pour ne former qu'une seule ombre. Une ombre profonde, noire et grande comme une marée noire, une ombre qui ne recule devant aucun feu, aucun soleil.


Une ombre qui promet l'éternelle nuit, la nuit sans merci, sans pitié, la parfaite, l'impitoyable nuit. Ses bras cadenassent ses omoplates, ses lèvres se consument à l'idée de s'éloigner des siennes. Il semble que son sourire de ciel pur n'ait pas envie de quitter ces lèvres, à cet instant.


- Merci, mon Ange. Des mots sans écho, peut-être ne les a t-il même pas prononcé d'ailleurs.


Pourquoi, merci ? Carigän serait bien fort en peine d'expliquer d'où vient cette tiédeur étrange qui monte en lui, comme si un serpent du désert avait planté ses crochets dans son coeur pour y dilluer des essences d'héroïne. Il est alors terriblement serein.


Serein comme si les menaces qui pèsent sur sa famille s'étaient toutes incarnées en un rossignol chanteur venu se reposer dans le creux de sa main. Comme si un seul geste suffirait alors, pour lui briser ses pattes d'allumettes, pour lui arracher les plumes, pour qu'il ne chante plus son refrain dissonant.


Une ombre de sourire rapace, une espèce qu'on nourrit à la tuerie et qu'on endore au silence des charniers. Elle lui dit qu'il est beau, et il ne peut retenir un éclat teinté d'ironie sans attaches, qui s'envole et s'éteint. Non.


- Il me plairait alors que te connaître ta définition de la beauté, ma Reine, lâche t-il d'une voix aérienne.


Quant à ces demains, ces archers campés dans les noirceurs de frondaisons, oui. Peut-être qu'il en aimera les flèches. Ou il en aimera une seule. La dernière sera douce quand les cents précédentes seront éclat fouillant chair et esprit. Aucune réponse à ses lèvres, juste un soupir d'éther. Plutôt que de penser à demain, il préfère embrasser aujourd'hui qui voit l'Amazone tourner sur-elle même.


Immobile dans l'atmosphère bleutée, une rafale vient sabrer son visage sombre pour mieux partir tourbillonner dans les mèches feux de Diane. Elle a l'air si fragile dans sa folie de corolle, dans sa danse de petit typhon. Elle éclot, elle vit, elle existe sous ses yeux. Et il la rattrape de justesse, tous ses sens offerts, oubliant de se rattraper lui. L'Illusionniste se laisse tomber à plat dos, la flamme contre lui, et les mains végétales transforment sa chute en déclin de soleil. Devant eux, leur ciel qui n'a pas fini de noircir.


- Le jeune vampire ? En quoi t'intéresse t-il, le jeune vampire ? Questionne t-il, la malice au bout des mots. Il est ennuyeux à mourir, comprend tout de travers et s'offre le luxe d'être susceptible.


- N'as-tu pas peur de le froisser ? Je crois qu'il n'est pas loin ... à un grain de peau de toi. Un rire qui rebondit dans les profondeurs de sa gorge pour voir le jour à l'état de souffle. - Il a essayé, mais il n'arrive pas à vieillir. Le temps n'arrive pas à changer sa fougue en sagesse, et cela détraque les horloges.


- Je n'ai jamais eu l'impression de grandir ou de changer, je crois. Il y a les choses que je n'ai jamais comprises, et celles que j'ai compris avant-même qu'elles n'apparaissent. Toi par exemple, tu fais partie des choses que je ne comprends pas. Mon histoire est morte et enterrée, pour t'intéresse t-elle ?
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V - 3 - L'été des cigales. Empty Re: V - 3 - L'été des cigales.

Message par Diane Mansiac Ven 22 Sep - 15:17

Ses paroles rebondissent dans son esprit alors qu'elle se transforme en lampion de couleur. Son ange? Alors elle se promet d'être un ange aux ailes d'airain, et aux plumes de soi. Elle un ange? Non. Mais le plaisir du mot doux danse au creux de son corps et allume encore d'autres folies vermeilles puis arc en ciel. Son rire s'étoile et s'infuse.


Pour lui, pour elle, pour l'Italie qui est le berceau de leur nuit et leur complice muette. Du coin de l'oeil, elle appercoit les lumières clignotantes de la petite maison qui s'endort. Patience. On ne vous oublie pas. Vous nous attendez, n'est ce pas? Diane est un faisceau de plaisir et de detente.


Relachant dans ses pas de ballerines la tension qui s'accumulait sur leurs épaules, fardeau qu'elle foule du talon chaque fois qu'elle pose les orteils sur un brin d'herbe. Ses esprits sont une sarabande qui ne laisse plus de place qu'à son sourire et ses rires. Sa Reine? Pas encore. Carigän. Je ne suis pas encore ta Reine. Mais je le deviendrais. Et si il le faut, je serais tes Rênes. Ton Arene.

Sur une dernière volte, Diane s'âbime dans les bras de son Prince et de Sa Folie Douce. Ses bras retiennent sa taille et ils chutent ensemble. Sa joie se fait plus domptée, mais à peine. Petillante derrière ses prunelles. Elle plante ses coudes dans la bruyère, de chaque coté du visage du Loup et acceuille son visage dans ses paumes. Rapprochant leur tête à l'indécence.


Elle ne peut se retenir. Et d'un petit coup de langue, lui lèche le bout du nez. Diane s'amuse de ses questions et de la lutinerie qui perce ses voyelles d'oiseau voyageur. Elle goute intensement la sensation de son corps sous le sien, de ses reliefs masculins sous les courbes de son féminin, comme une évidence.


L'Amazone adore qu'il se considère encore comme un jeune vampire quand elle sait que parfois le poids des siècles alourdit sa nuque.


-Tu n'es Jamais ennuyeux. Absolument jamais. Ne vieillis pas. Je suis trop jeune pour que j'ai envie de te savoir vieux. Ses mèches rousses qui dévalent pour venir en rideaux autour d'eux, petite alvéole où il n'existe plus qu'eux.


-Je suis pourtant si simple, mon Loup des Steppes... Je t'aiderais à me comprendre! Ton histoire est morte enterrée, mais c'est la tienne. C'est ce qui t'a construit et c'est celui que tu es aujourd'hui! et puis... elle est de contes et légendes pour une petite citadine comme moi!


Elle se penche et murmure à son oreille, oscillant sur ses bras, à peine. Sans avoir la moindre intention de descendre de son perchoir vampirique.


-Ma définition de la Beauté... Je n'aime pas les blonds! Ils ont quelques choses de fades et de surfaits! J'aime les hommes grands, pour pouvoir disparaitre dans leur étreinte.
-Je n'aime pas le calme. Un homme trop stoique ou qui dissimule tout ce qu'il pense m'agace profondement. J'aime les prunelles sombres qui ne livrent qu'au compte goutte les mystères. J'aime les traits affirmés qui n'ont pas besoin d'artefact pour exister. J'aime la sauvagerie et l'animalité. Particulièrement dans un lit!


Un rire langoureux qui lui echappe


-Je n'ai rien contre une démonstration de force dans ce domaine... La colère... ho Carigän... La colère a un attrait profondement érotique sur moi! Mon corps réagit avec tellement de force sous la colère qu'il m'en échappe! J'aime les hommes charnels. Qui ne froncent pas les sourcils parce que je quémande une caresses, un baiser ou une étreinte.


Elle le regarde longuement. Inspirant profondement son parfum. Posant ses lèvres contre les siennes. Croisant son regard avant d'exhaler un sourire.


-Ce soir, je suis bien! Je me sens heureuse!

Carigän


Elle le surplombe, et c'est avec un sourire de braise qu'il l'observe ainsi, ombre auburn sur fond bleu d'océan. Qu'il laisse courir ses mains sur les collines et les valons de son corps de danseuse stellaire. Qu'il se complaît dans sa position d'abandon total.


Qu'il s'amuse à jouer d'une vulnérabilité qui lui sied à merveille alors que ses mains sont capables du pire. Alors que dans son crâne grandissent en silence de rougeoyantes pandémies. Ses obsidiennes ne la quittent pas, comment le pourraient-elles seulement alors qu'elle devient son ciel ? Elle est d'une beauté pure, évanescente dans son insouciance.


Son rire est une chanson d'eau et ses mots déploient leurs ailes en oiseaux de paradis. Ses mots le font sourire, lui arrachent parfois un éclat de rire qui meurt étouffé par la proximité de leurs peaux. Des mots sans-souci qui donne à miroiter une âme sans fêlure, une vie sans automne, des mots qui illusionnent.


Carigän sent l'herbe fléchir sous les muscles de son dos, et jaillir en flammes pour découper sa silhouette avec révérence. Des cascades de cuivres viennent faire écran au reste du monde, et alors il n'existe plus que leurs deux visages qui s'observent comme un ciel de nuit dans l'eau d'un lac. Un éclat de rire, joueur.


- Je ne vieillirais donc pas, voilà une promesse que je devrais pouvoir honorer ! Ce sera un très bon début. A grand peine, manoeuvre guère aisée dans sa position, sa nuque se décroche du matelas fibreux et il lui vole un baiser envers et contre tout, avant de se laisser retomber comme un fusillé heureux.


- Simple ? Je ne crois pas, mon Incendie, souffle t-il, et ses mots se suspendent dans l'espace comme particules de poussières. Ou alors ne comprendrais-je pas les choses simples ? Ne sois pas vexante, veux-tu ! Une petite tape qui claque à sa cuisse, réprimande d'adolescent revêche.


Il se retient de rire alors qu'elle lui brosse le portrait des hommes de son goût. S'attardant avec plaisir sur des futilités. Des futilités qui plus que jamais ont leur place reine, cette nuit.


- Que Madame est exigeante. Siffle t-il en revêtant l'expression d'un homme dépassé. Un masque qui l'ennuie et qu'il jette aussitôt.


- Fais attention à toi ... Tu marches en terrain escarpé. Tu es en train de me livrer toutes les petites clefs pour te faire perdre la raison, et je t'avouerai être un incorruptible profiteur. La sauvagerie ? Je note ... L'animalité ? Ne devrait pas poser de problème. Je remercie Dame Nature pour m'avoir offert des yeux noirs. Un lit ? Le mien est une savane ! Et quoi encore, as-tu dit ?


- La colère ? Oh, je devrais pouvoir faire quelques efforts de ce coté là, mais c'est tâche ardue pour une vieille âme telle que moi de tourner le dos à l'écrasante sagesse des siècles, comprends-tu ?


Ineptie. Un éclat de rire bondit à ses lèvres, mais s'il s'agit d'auto-dérision ou de brimade ? Rien n'est clair. Il se peut que Carigän n'ait pas la lucidité de ses actes tempétueux.


Ses lèvres accueillent les siennes, et ses bras deviennent une prison à perpétuité, se refermant sur elle comme les battants d'une forteresse. Il inspire ses essences, vient chercher le goût de ce bonheur qu'elle lui avoue si nuement. Et puis encore, toujours, roué comme un renard, il joue des mots.


- Pour ma part ... non que je me sente heureux. Je le suis. Je suis bien ... avec toi.
Un sourire opportuniste.
- Et je compte bien le rester, heureux. Tu m'as juré allégeance ! Des notes rieuses qui jaillissent, puis qui s'estompent autour d'eux, laissant place à un échange de regard à la profondeur d'abîme.


- Diane ... Dit-il, du bout des lèvres, mot magique. Il n'y aura personne d'autres, n'est-ce pas ? Dans ta vie. Juste toi et moi ?

Diane


Son corps sous le sien et son visage tourné vers les étoiles. Ses étoiles à elle. Elle inspire son parfum et celui de la bruyère. Respire sa peau et les fragrances des orangers dans le lointain. Elle s'allonge sur lui, pour ne plus avoir de partie d'elle qui soit loin de son Incendie. Rien. Elle ne regrette rien. Diane est détendue, alanguie et son baiser à un gout de fruit.

Elle rie, un nouvel éclat de rire à la mélodie du pinson lorsque le plat de la paume de Carigän résonne contre sa chair. Diane ne s'interroge pas vraiment. Sa vie et ce qu'elle est ne lui paraissent pas si exotiques!

-Bien mon Prince. Je suis donc une créature des plus mystérieuses et tu devra donc enlever les voiles qui me recouvrent un à un pour saisir mes secrets...

Et la jeune vampire. S'amuse à décrire un homme à l'idéalité contrasté, ne se basant que sur des considérations sans importantes. Mais néanmoins sincères.... Si elle n'attend pas que cela de son compagnon, bien d'avantage doit elle se l'avouer, elle reconnait que certains éléments lui sont pourtant essentiels... Un homme placide... quelle horreur! Autant s'enfermer dans un musée tout de suite!

Ses lèvres à son oreille lorsqu'elle entend le jeu et la malice de sa réponse. Le corps de Liane qui se rive d'avantage à celui qui est cent fois plus qu'un amant. Ses mains se rebellent dans sa chevelure de Nuit, pour mieux caresser sa nuque du bout de ses ongles effilés. Son timbre devient murmure aguicheur.

-Hummm quelle horreur que tu désires profiter de mes douces confidences. Quoique...

-Je detesterais qu'elles te laissent de marbre! Je crois que tu as beaucoup des qualités que je requiers, il me déplairait que tu tournes le dos.

Sa colère, une inéptie? Son sourire s'élargit. Pour avoir plusieurs fois constatée la glace qui peut venir ceindre ses prunelles, Diane ne doute pas de la grandeur de ses emportements. Un baiser.

Un baiser qui les transportent dans un monde qui n'existe et n'est façonné que par eux deux. Elle se love dans la pression moelleuse de ses lèvres avant de savourer pleinement les sensations de joies, de plaisirs, de bonheur qui les unissent. Et que Carigän ressente les même émotions confine ces instants au Divin.

-Je ne désire rien d'autre, ma Joie.

Non. Qu'il soit heureux, qu'il goute autant de plaisir à sa présence qu'elle en éprouve à la sienne. Qu'elle puisse faire naitre le sourire et le rire à ces lèvres dont elle découvre qu'elle ne peut plus se passer.... Est ce que cela passe par son allégeance? Diane l'ignore. Peut être. Si c'est le cas.... elle ne saurait s'en plaindre.

Son regard change de nature et devient d'une profondeur qui affole son âme. Ses prunelles lapis lazulis s'offrent à ses gouffres corbeaux, pleinement et sans faux semblants. Sa question est d'une intimité à la pureté, à la sincérité qui la désarme.

-Je te rendrais heureux... par tout ce dont je suis capable.

Un silence. Ses mains contre ses joues puis son front, ne se rassasiant jamais du velouté de sa peau. De la beauté et du charisme qui émanent de lui à tout instant.

-Il n'y a personne d'autre. Et il n'y aura personne d'autres. Il n'y a de place que pour toi dans ma vie. D'autres passeront peut être pour s'évanouir sans un bruit, sans m'atteindre, sans importance.

- Ma complicité, mes rires, mon coeur et mon âme ne sont et ne seront que pour toi. Il n'y a de place que pour toi. Les autres... ne sont que faibles lueurs à coté de toi. Carigän... Je t'aime, comprends tu? Et si une nuit je me trouve dans d'autres bras que les tiens, ce n'est que parce que je me languirais de toi...

-Déjà, je ne supporte plus qu'à peine la pensée de devoir mourir et me reveiller loin de tes bras...

Elle n'a jamais été aimé être seule en ces instants. Retrouvant au moment de voir le jour se lever, le besoin féroce de bras autour de sa taille. La conduisant parfois durant ses années d'errances à prendres quelques amants vampiriques dont le visage est oublié dès la Nuit présente.

Sa bouche s'abime contre la sienne. Quémandant un court baiser avant de reprendre sa liberté. Diane n'est pas certaine de vouloir réponse à sa question, mais l'idée de le découvrir par hasard est broyante. Il est bien trop charnel, bien trop affuté par les sens pour qu'elle ait la naiveté de penser qu'il n'y ait pas quelques illusionnistes partageant sa couche...

-Carigän... Est ce que tu as une amante régulière? Une ou plusieurs de tes illusionniste qui partageraient tes nuits et ton lit au gré des caprices?
Diane Mansiac
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