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I (9) Des souris dans les murs.

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Message par Döjöödörj Tsagaan Ven 14 Sep - 13:53

Des Souris dans les Murs.

Le Messager est venu au crépuscule. Le Bastion Illusionniste pantelait encore de sommeil que déjà il courrait les corridors gorgés des dernières pâleurs argentées du jour. Nul ne semble l'avoir remarqué malgré sa vitesse prodigieuse. Les pans de sa cape bruissent telles les ailes poudreuses d'une phalène. Sous ses pas feutrés, on dirait que la poussière elle-même renâcle à se lever. Son nom demeure une énigme. Non pas qu'il rechigne à se livrer, mais il ne semble susciter l'intérêt de personne, et glisse comme une eau douce entre les mailles des mémoires et des vigilances d'autrui, au point que même le Roi s'oublie à son existence. Ici, il n'a nulle vie et nul souffle. Il n'est qu'une ombre et une mèche de vent.

Ce soir, son Maître, le grand Mongol, l'a sommé d'aller quérir la présence de la Néonate, celle là même qui déchaîne tant d'intrigues. Il s'est présenté tôt à la porte de la jeune âme, et ne semble pas avoir été surpris d'y trouver le Roi en personne, dans la petite chambre allouée. Ses mots se sont teintés de révérence pour son monarque, et de le plus infinie politesse pour la petite flamme chancelante. Il n'a émis aucune remarque sur l'atmosphère stuporeuse dans laquelle il les a trouvés. Il porte des traits communs, dépourvus de la moindre singularité, tant et si bien qu'il n'existe nul portraitiste capable d'accrocher sa réelle expression. Il porte des étoffes laineuses qui se prêteraient tout aussi bien à un rôdeur malpropre qu'à un sang bleu en cavale, étouffant le claquement de ses pas, amortissant les angles de sa silhouette.


"Maître Tsagaan demande à vous voir."

Ce sont là les seuls mots dont il s'est fendu, avant d'ouvrir la marche. Et si le valet ne manifeste aucune précipitation, prend le temps d'appuyer ses courbettes et d'articuler ses syllabes, Carigän subodore quelque chose qui ne lui plaît pas. Le Roi connaît plus que bien les procédés de son Bras Droit, aussi a t-il choisi d'escorter un temps cette Femme à qui il se sent lié par la nuit et le temps. La curiosité affûte ses Sens. L'inquiétude aiguise la pierre vitrifiée de sa Paranoïa. Et s'il sait parfaitement ou sied Döjöödörj, il laisse le subalterne les précéder, celui là répandant autour d'eux comme un enchantement tissé d'ombres et d'oublis, au point que les rares âmes à croiser leur route semblent toutes terriblement distraites, absorbées dans des pensées tumultueuses. Marchant au coté de Diane, Carigän laisse rouler un regard vers elle, tâchant de capter les nœuds qui oseraient se former sur ses traits aquilins.

Carigän : "Il n'y a rien à craindre." Lâche t-il avec une assurance ivoirine. "On m'aurait entretenu du moindre danger. Il s'agit sans doute là de futilités relatives à ton hébergement. Je profiterais par ailleurs de cette entrevue pour redéfinir ton statut."
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Message par Diane Mansiac Ven 14 Sep - 14:23

Adoucie dans les bras du Prince Illusionniste, Diane s'enivre de la fraicheur soyeuse de sa peau contre la sienne. Les mots flottent encore, libres et libérés. Le temps n'existe plus vraiment, les songes de Veragän ne la hantent plus et le manoir s'éveille, loin d'eux. L'appel de la Nuit recule face à la présence impériale de Carigän. A la froidure de la fênetre, il est une brûlure qui réchauffe son âme abimée.

Il lui faut quelques secondes pour comprendre qu'une personne a brisé le sceau de sa porte et a penétré dans leur sanctuaire. Malgré tout, la joie danse et elle rayonne. Il est resté, il est là. Ils se sont éveillés ensemble et aucun présent ne peut égaler ce qu'il vient de lui offrir. Curieuse, Diane lève la tête vers l'Envoyé et se trouve incapable de fixer ses traits dans sa mémoire lorsque ses prunelles ciels se détournent de lui pour attraper prestement une chemise, le minimum pour se couvrir. Döjööjdörj les attends. Impossible de savoir si l'audience est pour elle seule ou pour Eux. Elle ne pose aucune question, se contentant de se vétir d'un jean et d'un débardeur, chemise oubliée sur le sol. Sa présence ne respire aucune indécence et le temps qu'elle s'habille ne porte pas le poids de l'impudeur.

La curiosité la mordille, mais elle ne désire pas déchirer l'atmosphère de mille questions qui trouveront leurs réponses dans quelques minutes. Elle reste pieds nus, cherchant un moyen physique de se ratacher au sol, de peur de s'envoler pour suivre les arpèges de son coeur irisé. Il ne leur faut que quelques minutes  pour se retrouver dans les coursives. La  vampire hésite. Epaule contre épaule bien qu'il la domine de sa haute taille. Puis, aux paroles de Carigän, enflace ses doigts dans les siens. Il n'y a aucun témoin que celui qui ouvre la marche et elle sent qu'il ne sera pas Intrus.

-Je n'ai pas peur.

Je n'ai pas peur, tu es avec moi. Pas besoin de les prononcer, ils s'entendent dans le silence de leur progression. Elle ne peut s'empecher de sourire et évite de demander la moindre précision quand à sa futur position. La dernière fois, la Flamme s'est retrouvée dans les geoles. Et on sait comment cela s'est terminé! Ses regards se perdent sur Carigän, trouve ses iris sombres, se posent avec eux, s'envolent à nouveau alors qu'ils arrivent à destination. Leur oiseau messager s'annonce, ouvre la porte, s'efface et referme pour les laisser seuls avec le Sage Mongol. Diane n'a toujours pas relaché la main du Souverain. Ce qu'elle finit par faire, avec une reluctance qui sourd de tous ses pores. Mais elle ignore quelle est l'etiquette en vigueur, alors qu'elle s'incline respectueusement face au Guerrier.

-Je suis heureuse de vous revoir, Messire. -Toujours ce flottement. Diane n'est pas certaine de la manière dont elle doit s'adresser à lui. Elle ne s'inquiète pas de ces questions face à Carigän. - En quoi puis je vous être utile?
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Message par Carigän Funéra Ven 14 Sep - 18:34

Un climat de légèreté auréole les pensées du Roi Illusionniste. Ses voix en demi-teintes ne s'expriment que sous la forme d'un chœur vibrant. Les ombres blanches qui peuplent ses visions irisent à peine la pierre ancestrale des corridors. L'univers qui gangrène son crâne prête au monde des nuances laiteuses et bleuâtres, qui parasitent avec une délicatesse suave ses perceptions. Rien qu'un voile de taffetas propre à enchanter la noirceur des tombeaux. Les doigts de l'Amazone qui filent entre les siens sont de délicats fuseaux de lin. On dirait qu'un manteau d'insouciance cherche à l'étreindre, à assoupir les tranchants de son esprit. Là où va Diane, le Monde semble moins corrosif. Sortir de cette oasis qu'ils avaient dessiné demande un effort redoutable, mais jamais le Roi ne dort tout à fait. Ses yeux d'obsidienne captent la moindre oscillation, le moindre balancement, le plus infime chatoiement de lumière dans les tentures des fenêtres.

Elle n'a pas peur. Il le sent, qu'elle n'a pas peur, en cet instant. Quand bien même la venue de l'émissaire, si tôt dans la nuit, est particulièrement incongrue, les voilà cheminant dans un silence placide. Carigän a bien quelques idées quant à cette invitation qui ne le concerne sans doute pas. Rien n'a le pouvoir de l'affoler. Tout lui semble surmontable, tout lui semble collines. Il se sent apte à gérer les pires contrariétés qui pourraient accabler sa Douce au moyen d'un revers aérien, afin de continuer à profiter de la longue nuit bleue qui se profile. Leurs pas conjugués les mènent bien vite aux quartiers officiels du Guerrier Mongol. Comme à son habitude, il les attend derrière une table basse chinoise, peinte de rouges, dont la marqueterie représente des grues longilignes. Une tasse de thé fume dans l'atmosphère tamisée, et la figure du Mongol est pénétré par un sérieux qui a le don d'agacer le Monarque.

Il les attend. Non. Il l'attend Elle. Les sourcils broussailleux du Guerrier s'arquent doucement sous l'effet de la surprise. Une ride à peine perceptible sur son visage avare d'expression. Carigän lui rend un fat sourire, lui qui aime particulièrement se montrer là où on ne l'attend pas. Il laisse Diane prendre ses distances dans cette atmosphère dans laquelle enfle une tension palpable.

"Bonsoir, Döjöödörj." Dit-il sur un ton affable, se dirigeant tout naturellement vers un profond sofa qui fait l'angle de la pièce. "Je dérange, peut-être ?" Ironie à sa bouche, alors qu'il croise les jambes de manière ostentatoire, laissant là entendre qu'il ne partira qu'une fois le mystère de cette convocation élucidée. Existe t-il une affaire de la plus haute importance, aurait-on jugé bon de ne pas l'en informer ? Le sourire qui ourle ses lèvres est d'une courbure impénétrable.
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Message par Döjöödörj Tsagaan Ven 14 Sep - 19:21

Assis en tailleur, le Mongol contemple l'estampe que forment les volutes de son âcre thé, quand le Roi et sa convive font irruption dans la salle d'audience. Certes, il avait bien percé une étrangeté dans le lien qui se tissait entre les deux âmes. Certes, il avait bien senti un rapprochement, un écho, une infinité sensorielle qui ne peut être expliqué rationnellement. Mais il ne s'attendait guère à les voir apparaître côte à côte, unis avec cette simplicité déconcertante. Lentement, le Mongol se lève, épave titanesque qui revient à la vie, jouant de ses énormes articulations. Il se fend d'une profonde révérence pour son Roi, accueillant ses piques matinales avec une égalité d'âme inaltérable.

"Tu ne déranges jamais, mon Roi. Prends donc tes aises." Répartit le Guerrier sans vaciller. "Loin de moi l'idée de te dissimuler quoique ce soit, mais conformément à tes souhaits, je m'occupe exclusivement des affaires que j'estime sans le moindre danger."
"Vraiment ?" Hasarde le Roi après un long silence scrutateur.
"Vraiment." Répond le Mongol, avec une voix qui résonne comme la pierre millénaire. "Tout est sous contrôle."

Alors, ses yeux roulent lentement vers l'Anglaise, qui se tient encore devant lui sur ses jambes fuselées. Un signe de tête respectueux accueille l'obligeance dont elle fait preuve, et qu'il lui retourne immédiatement, désignant de sa main calleuse le coussin qui lui fait face, de l'autre coté de la tablée. Ses pensées sont mitigées. Est-ce que Diane lui a menti ? Est ce que Diane a eu ne serait ce que le moyen de le tromper au moyen d'un sort de dissimilation télépathe ? Est ce que Diane se tient dans l'ignorance des sortilèges qui la confinent ? Aucun affect ne suinte aux traits séculaires du Guerrier.

"J'ai fait mes recherches, concernant le tatouage enchanté que tu portes et dont le pouvoir est suspendu." Dit-il, soucieux de se montrer parfaitement clair. "J'ai mis plusieurs de mes hommes sur cette affaire, car j'ai senti dans ma chair, à l'endroit où je tiens le sortilège prisonnier, de légères trémulations, qui ne sont pas le signe d'un pouvoir régulier et inoffensif." Le Mongol se tient parfaitement droit, les paumes enchâssées sur ses genoux proéminents, une posture travaillée qui se prête à une détente de tout instant. Il coule brièvement une œillade à Carigän, on ne peut plus imperturbable, qui semble une statue de pierre. Le temps ne respire plus. "Il y a un problème." Assène t-il sans plus de fioritures, plissant légèrement des paupières lorsqu'il la darde à nouveau. L'a t'elle trompé ? Lui-même s'est ouvert avec elle avec une prudence qu'il bénit en cet instant. Il se voit partagé entre l'idée de faire durer le suspens, afin de mieux observer et décrypter ses réactions, et d'énoncer clairement les faits afin de mettre fin à cette tension inoxydable. "Tes yeux ne sont pas seulement tes yeux, ici."
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Message par Diane Mansiac Lun 17 Sep - 10:16

Ses doigts dans les siens. Une évidence. Rompre le contact avec Carigän est une négation. Une anihilation. Diane ne réalise pas encore à quel point son Eternité a basculé. La nuit porte encore les effluves de l'affrontement titanesque des Funéra, son esprit danse au son des flutes de pan, jouées par des dryades insolentes, son corps ploie sous le désir canibale de son amant, ses veines charrient l'apaisement de l'orée nocturne.

La convocation du Sage Mongol ne parvient pas à entamer la confidence qui se murmure à chacun de ses pas, rien ne peut être grave. Rien ne peut être crucial. Le Roi des Brumes est la seule pierre de voute, la seule réalité qui lui importe. Et... Si il est Illusion, elle se fondra dans son monde. Si c'est un mirage de Veragän, elle s'y noiera. Le thé diffuse dans la pièce une nouvelle impression de sécurité.  Carigän voit des présages qui lui sont aveugles, mais il reste. Ils s'éloignent, sont unis. L'acidité de ses mots la rassure, non parce qu'elle est dirigée contre son bras droit  au lieu de sa personne mais parce qu'entre les lignes, il promet. Il protege : Il ne la quittera pas tant qu'il n'est pas certain que rien ne la menace.

L'échange entre le Monarque et le Conseiller, Diane le ressent, dépasse de loin les mots prononcés. Un bref instant, une pointe de jalousie. Non pour la confiance accordée  à Döjöödörj, mais pour ce lien si étroit entre eux. Cette compréhension innée. Elle aurait du partager cela avec Sigvald. Il l'a dépouillé de bien plus que sa présence à ses cotés. Il lui a arraché la promesse de l'Eternité qu'il lui a faite en la faisant Sienne.
Elle prend place sur les coussins, pliant les jambes sous elle, dans une posture familière.  Son attention est intense, et une pointe d'inquiétude  transpèrce sa sérénité. Il y a un problème. C'est ce que le Guerrier
s a senti dès son entrée dans la pièce. Avant que la Flamme ne ressente un soulagement à ses paroles. Son tatouage? C'est son tatouage vivant qui l'inquiète? Elle sourit et la ligne de ses épaules reprend son arceau. Elle sourit, un sourire sincère qui colore ses prunelles d'une Nuit Lumineuse.

-Oui, bien sur, je suis désolée pour cela.  J'ai cherché cette nuit à ouvrir les écluses qui  régule le flot de magie pure que mon Loup controle. Veragän m'a rapidement aspiré dans l'un de ses Mondes et j'ai réagit par instinct. J'avais totalement oublié que vous l'aviez ettoufé. Je m'excuse pour le tirraillement. Je manque de contrôle.  Il faut que j'apprenne à me défendre sans cet apport, mais cela fait plus de dix ans que j'essaie de détruire les barrières qui séparent mes deux magies. Je ne comprend pas pourquoi je n'ai pas accès à ce deuxieme don maintenant!

Oh oui. La frustration de ne pas avoir accès pleinement à son héritage vampirique est bien réel.  Diane ne sait pas. Ne sait pas si son Loup Hurlant est la manifestation indécise de son second don, encore muet, ou si c'est bien plus complexe que cela. Elle n'a pas eu de manuel lorsqu'il s'est éveillé à sa Première Mort.  Elle suppose qu'elle n'est pas encore assez puissante pour gérer sa puissance sous jacente. Mais pourquoi elle! Alors que les néo-nates ont TOUS accès dès le début à leurs deux branches Vampiriques!  Ce dont elle n'a pas conscience, c'est qu'aucune de ses actions ne peut avoir la moindre influence sur Döjöödörj.  Elle est une aile de papillon face à un ouragan. Ses efforts pour  joindre ses forces avec son Loup face au Petit Prince ne peuvent avoir aucune résonnance face au Mongol.  Elle ne peut créer la moindre tension. Rien. Ses prunelles Mathusaleem la Dardent alors qu'il prononce une sentence. Une sentence incompréhensible.  Les mots éclatent. Eclaboussent sa conscience.  

Diane est débout. Sans avoir souvenir de s'être levée. Elle fait face aux deux cainites, en apnée. La cascade qui découlent de ses paroles est presque trop pour être contenue. Elle est imobile. Avant qu'elle n'accepte. Avant qu'une rage incroyable n'éclose. Une rage puissante qui l'empeche de penser. De réellement comprendre toutes les implications. Une colère folle et barbare qui l'entombe dans un carcan de glace. Seule son Aura hurle. Hurle à mort. Aucune peine non. Aucune souffrance. Son Aura bouillonne de rage et elle explose contre les murs de la salle. Les quelques serviteurs humains qui passaient dans les coursives tombent à genoux. Suppliant pour une clémence qui n'existe pas. Toute âme vampirique plus  faible que Diane Déesse Guerrière chavire et trébuche, pleurant des larmes de contrition. Ses pupilles de bleu passent à l'argent. Puis à un écarlate à la pureté impossible. Jamais elle n'a été aussi proche de la Frénésie. Elle ne pense pas. N'existe pas. Elle se dissout dans une colère inhumaine. Et pas un geste. Pas un mouvement. Elle en est incapable. Ses membres ne lui obeissent plus, n'existent plus. Elle est Azote liquide.  Elle se cristallise.  Elle va imploser. Imploser sous cette fureur, cet outrage qui n'a pas aucune soupape. Qui verouille sa machoire et ecrase tout mot.

Cinq gouttes. Cinq gouttes de thé. Cinq gouttes de thé qui s'évaporent. Et, dans le coin le plus sombre, le plus invisible de la pièce, de minuscules flocons de glace trouvent une vie contraire à la nature. Ils sont à peine plus perceptible que des grains de poussières captés par un rayon de lune. Parfaitement formés, parfaitement reconnaissables. Et chacune de leur branches étoilés est plus afutées d'une lame de scalpel. Ils trancheraient fil de soie et de chair, alors qu'ils sont emportés dans un tourbillon sauvage, pas plus grand que la paume d'une main, consigné au dessus de la bibliothèque, loin des regards et des  curiosités.  Ils tournent, tournent, tournent, alors que les esprits humains, non protégés sont compressés, terrifiés,brutalisés par le courroux de Diane.  Son corps va se briser sous la pression. Elle va devenir une Nova. Une nova de sang et de haine.  Car la colère charrie la haine. Une haine qu'elle ne reconnait pas encore. Dont la saveur est nouvelle et qu'elle n'a pas encore analysé. Une graine de haine bien plantée.

Soudain, sa main gauche se lève.  Ses ongles fait griffes sabrent l'espace. Tranchent son épaule droite en une longue balafre qui ouvre sa peau et le muscle jusqu'a  l'os. Les flocons disparaissent. cinq gouttes sur le sol. L'éventail de son aura se replie. N'a jamais existé.  Son tatouage est scindé en deux. Mutilé. Déchiré. Enfin, elle retrouve la vue. Et c'est à Carigän qu'elle s'arrime.  C'est à Lui qu'elle se raccroche. Alors que déjà ses molécules travaillent à réparer la plaie béante. La Flamme ne ressent pas la souffrance de son épaule mutilée. Pas encore.  Ses ongles rouvrent la fissure. Refusent  et fouillent sa chaire, détruisant temporairement le dessin. gant sanglant. C'est son seul mouvement. Le bruit glougloutant de sa main qui broie son épiderme. Alors qu'enfin, ses nerfs commencent à vibrer sous le traitement qu'elle s'inflige.

-Non. -Son ton est calme. Trop calme. Plus tard, elle fera le tri de ses émotions. Plus tard. -Je refuse, Carigän. Döjöödörj. Connaissez vous un moyen de faire disparaitre cette chose de mon épaule?
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Message par Carigän Funéra Jeu 1 Nov - 19:00

Le dos fondu contre le dossier capitonné, le roi illusionniste prête aux échanges une attention qui semble évasive. Il a les airs de ces souverains méprisants, qui attendent naturellement qu'on se tue pour les recréer, à ceci près que sa prunelle abrite une étoile de verre. L'angle de sa mâchoire tangue contre le dos de ses doigts désoeuvrés. Il ne doute pas de Diane. Il ne doute jamais de Dojoodorj. Il sait qu'aucun affrontement ne s'écrira cette nuit, qu'aucun mensonge ne troublera le temps. Il sait que les Mots qui vont voler énonceront des vérités, permettront a l'un de s'accorder à l'autre. Le fond de l'échange l'indiffère, en somme. Seule la forme le subjugue. Les émotions qui affleurent, qui griffent, qui engoncent les visages. Les tensions qui électrisent les mots, qui malaxent les silences.

On s'est joué du Feu. On a dupé la Déesse de la chasse et de la forêt. On s'est arrogé des droits divins, et des esprits indigents ont blessé Diane. Des mains viles et des peaux crasses ont profané le marbre de son âme hiératique. On a craché à la face du ciel et le ciel gronde. Sous ses yeux, elle est un cristal de roche qui se fendille, dans un univers qui la pressurise à mort. Elle est une tempête. Une toundra de fin du monde. Un hiver apocalyptique confiné dans une chair tendre, qui menace d'exploser et d'emporter l'univers dans son démantèlement. Elle est belle, alors qu'une ire nouvelle la mutile, la sculpte, la couronne, la délivre. Elle est belle alors que son Monde s'effondre. Ce petit monde ingrat et sans envergure. Elle est belle a l'heure de la Métamorphose.

Non loin du Roi des Loups voltige une brassée de flocons. Des cristaux de glace qui semblent les fines lames des saisons fatales. Des cristaux qui accrochent les rares particules de lumière et viennent ébaucher un ballet sinistre, devant les yeux du Roi, grandes psychés noires qui leur offrent un digne miroir. La pulpe de ses doigts s'en approche, s'y taille, s'y ensanglante. Cela le fait sourire. Cela le faire sourire, de voir les petits os de ses mains dans des dentelles de chairs disséquées si bellement. La cicatrisation est instantanée. Carigän s'arrache à la vision de ce spectacle microscopique pour retrouver la vue de la Flamme. Elle s’abîme et s’ébranle. Le charme est rompu. Sa chrysalide gît à ses pieds, mais elle ne la voit pas, vieille mue fétide tissée d'espoirs insanes. Du sang nouveau rampe dans ses veines. Un esprit pur roule dans ses pensées. Œillères poussiéreuses et cache-misères sont tombés. On respire mieux. Le goudron qui suinte à sa blessure est la sanie d'un abcès crevé. Aussi, malgré la gravite qui marque l'instant, malgré la lourdeur des esprits, malgré l'immobilisme de la scène, le Roi se meut. le Roi clairvoyant. Le Roi extra lucide, esquisse un pas dans l'ankylose qui règne.

Il s'invite au coté de sa dryade, qui gît dans les lambeaux d'anciennes croyances. Dans les guenilles d'anciens repères. Dans les décombres de ruines qui achèvent de tomber en cendres. Et comme elle vacille, il la happe avant qu'elle ne faillisse définitivement. Ses bras solides la corsettent étroitement. A l'endroit où elle fouaille sa blessure, il scelle ce tableau sanguinolent d'une main verrou, exerçant une pression qui cristallise tout mouvement, qui fige tout massacre. Une bouillie noirâtre vient suinter et dégouliner d'entre ses phalanges pressées dans sa taillade. Il sent sous ses doigts le grain de l'os a nu. Il murmure a son oreille.

- Ce sont les cendres qui fertilisent les sols des terres de Feu, mon Amour, souffle t-il, avec un velouté qui taille dans le vif de l'orage, et sa voix semble celle des poètes persans. C'est la naissance d'une ère miraculeuse. Ce sont les semis des jardins de Babylone.

La chair de Diane fourmille autour de sa main-pansement. Il n'a cure de l'abomination de cette scène, de cette chair grouillante qui semble vouloir l'aspirer comme une nuée d'insectes dévoreurs d'hommes. D'un geste indolent, il caresse la crête saillante de l'os et les fibres de ses muscles sémillant avec l'impression d'avoir mis la main dans une termitière d'amazonie. Son second bras lui offre un balcon de roc.

- Toute abomination se dissout dans la Souffrance, ma Louve. Nous allons te conduire dans les géhennes d'affres que tu n'imagines pas encore, pour expulser ce charme planté dans la moelle de tes os. Je le sens... La, ancré et encré. On peut périr d'endurer ce traitement, tu sais? On peut aussi tomber à jamais dans une hystérie pantelante et souffreteuse, d'avoir senti ainsi ses cellules exorcisées et sa matrice intime mise à mal, son ADN tordu et rompu... Ce sera toi contre lui. Mais je t'aiderai. A la hauteur de toutes mes forces, je t'aiderai a surmonter cette torture. Nous l'écraserons comme nous écraserons le monde, ensuite.

Il y a dans ses mots l'acier des lames de Tolède. Extirper tel sort est une prouesse qui peut coûter l’éternité d'un vampire, selon la puissance et la ténacité du jeteur de sort. Le Roi Illusionniste adresse un regard oblique a son bras droit.

- Je dois parler à la Reine Vaudou. Et Shazën. Où est Shazën ?

Jamais, ô grand jamais, le concours de Diane dans ces manœuvres d'espionnage ne semble lui avoir caressé l'esprit. Et il impose sans autre forme de procès son intuition à son bras droit. Inutile de tergiverser autour de cette fantaisie.
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Message par Döjöödörj Tsagaan Ven 2 Nov - 2:12

C'est dans les émotions les plus pures que volent bas les masques. Une puissance jusqu'alors endormie souffle et cingle. L'Aura de la Néonate polarise un instant la nuit boréale, et toutes les étoiles la regardent. Ils sont peu à pouvoir faire le lien entre tel déferlement et la silhouette menue qui lui fait face. Les révélations qu'il lui fait chamboule la Néonate à n'en point douter, et Döjöödörj devine que de la fureur qui roule dans ses entrailles, il ne distingue que la partie immergée. L'air se glacifie et les ombres de la pièce se chamarrent, bleuissent et violissent. Ses yeux d'épervier, le cuir tanné de sa peau, tous ses follicules l'informent de changements subtils dans l'atmosphère. Le mercure monte et les molécules d'air se dilatent. Un regard pour le Roi Illusionniste, qui semble apprécier cette atmosphère d'avant l'orage.

Le Mongol a bien pris note des explications qu'elle lui a fournies, et qui corroborent parfaitement l'état de ses recherches. Si l'innocence de Diane relève d'une comédie, elle produit là un talent inné. Un talent inné qui trompe le Roi des Illusionnistes. Et si le millénaire se repose souvent sur l'intuition sauvage de son monarque, l'absence d'éléments tangibles lui offre toujours matière à la rumination et la méfiance.

Imperturbable, analysant chaque élément, il observe le spectacle qu'offrent les deux âmes, prêtes à fondre sur tout péril. Aucune fausse note. Bien pis, une inquiétante complémentarité qu'on croirait érigé depuis plusieurs siècles. Se sont-ils vraiment rencontrés quelques semaines plus tôt ? Le lien entre la Rousse et le petit Prince peut-il justifier ce rapprochement impossible, échappant à toutes raisons ? Cette accord harmonieux, qui vibrait dans le Désert de Gobi, pourrait-il avoir enflé à tel point ? En si peu de temps ? Cela ressemble à une foucade. A un coup de sang. Et Döjöödorj connaît son Roi mieux qu'un fils.

Egal, il accueille les directives de Carigän en opinant légèrement du chef. Ce sont des ordres. Jamais le Mongol ne les discréditerait publiquement en formulant la plus vague hésitation.

- Oui, mon Roi. Tel sera fait selon tes volontés. La Reine Vaudou a pris la route du royaume depuis quelques nuits. Veux-tu l'entretenir de cette affaire avant ou après les festivités ? Dois-je missionner l'un de nos messagers pour galoper à sa rencontre et l'avertir en amont, ou préfères-tu attendre de la voir ? Répond le Guerrier avec sa mécanique implacable de logisticien.

- Shazën est sortie, et reviendra au petit jour. Elle demeure joignable et est à notre disposition si tu estimes l'audience pressante, répartit-il sans achopper la moindre syllabe. Des siècles de stratégie martiales et tacticiennes agréent son éternité labyrinthique.

Retrouvant sa verticale montueuse, la silhouette du Mongol se met en branle à son tour. Il est troublé par la direction subite que prennent les événements. Il lui déplaît d'agir dans une telle diligence, mais il n'en fait pas montre, embusqué à couvert de son masque roide. Certes, lui-même est indécis quant à la Néonate. Son innocence est criante, vibrante, mais il sait certains mages retors en plus d'être talentueux. Un esprit modérateur tempère les ardeurs du Guerrier qui soupèse longuement la qualité d'un allié. La seule incartade qu'il se permet, coulant une œillade plus sensible au monarque, est une main posée contre son omoplate.

- Pourrais-je demander une faveur à mon Roi, du reste ? Une audience. Juste toi et moi.

Par dessus l'épaule de Carigän, il effleure de son regard pluri séculaire le visage encore détrempé de rage de l'Amazone. Il ne lui ferait pas l'affront de la disgracier. Quelque part au fond de lui, il croit en son innocence. Les émotions qui la transportent ne peuvent l'abuser. Mais avec les passions de Carigän, voilà le royaume tout entier pris dans un manège étourdissant. Les temps vont changer. Des bouleversements se profilent, positifs ou négatifs, et c'est cette naufragée aux cheveux de feu qui portent en son sein les germes des remous.
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I (9) Des souris dans les murs.  Empty Re: I (9) Des souris dans les murs.

Message par Diane Mansiac Mar 11 Déc - 13:29

I (9) Des souris dans les murs.  Avatsi10
Sigvald Ingulf

La nuit s'éveille  depuis peu et la seule clarté dans la chambre provient de la paleur de la lune et des lumières que les hommes ne laissent jamais s'éteindre en contrebas. Depuis plusieurs semaines, le rituel est le même. Un cercle, à l'intérieur de ce cercle, nombre de gribouillages qui pourraient agresser l'oeil prophane. Mais l'Etre qui se tient à la fenêtre, laissant la cire des bougies se consummer lentement sur le sol a conscience des forces qu'il manipule sans regrets.  Un filet de sang déjà noircie brise les lignes pures des traits de charbon, mais il n'accorde aucune attention au corps féminin alanguie sur le sol dont la vie s'étiole lentement. Peut être la finirat'il en snack un peu plus tard. Ou peut être pas.

Le silence et le calme sont un mensonge. Un mensonge qui dissimule la violence des élans qui traverse le Prince Nocturne alors qu'il tire lentement sur le cigare corsé, observant le ballais des voitures à quelques dizaines de metre en contrebas. Cela fait plusieurs semaines qu'il a senti les fluctuations dans le lien silencieux qui l'unit à son Infante. Durant près de dix ans, c'est en Ange sombre et  criminel qu'il a veillé sur elle. Eliminant des menaces dont sa Fleur n'avait pas conscience dans son trop jeune age. Elle attire les regards, son impétueuse rousse. Elle attire les dangers, sa griffe sanglante. En retrait, en silence, en fierté, il a été le témoin de ses premiers pas dans sa glorieuse solitude. Raphael, son Sire l'a exigé. L'Anglaise devait faire ses preuves avant de rejoindre leur Famille. Sigvald n'était pas contre. Certains de ses comportements trop libertaires devaient plier devant l'expérience impitoyable d'une Ame s'ouvrant à la Nuit.

Et leurs retrouvailles... Il sent son sang s'animer à cette pensée. A la vision de son corps délié contre le sien et de ses  crocs plongés en elle. De ses canines déchirant sa propre gorge et leurs Sang à nouveau mélé. Oui. Diane lui a manqué. Il se retourne pour jeter un coup d'oeil vers la respiration tenue qui bruisse à ses oreilles.  Peut être prendra t'il quelques plaisirs éphémères avec  la femme à terre.  Juste pour apaiser la Faim qu'il éprouve, l'envie mordante de sa Compagne rebelle. Oui,  de longues nuits Seuls. Se gorger de plaisir et de vitae, de sa rousseur de et de ses abysses. Loin des intrigues. Loin de la Russie. Loin de ces terres qui ne sont pas les siennes, fief d'un autre.

Trop sereinement, il absorbe une longue gorgée d'un vin rouge aux essences sanglantes. Il s'est fait discret. N'est pas intervenu lors de la première rencontre entre son Amazone et le Brouillard. Mais une rage tenace s'est installée. Pour le traitement et la violence de celui ci à l'encontre de sa Nuit et des faiblesses de celle ci à l'égard de la Brume. Il a senti pourtant, il a Vu, à travers son Emblème, sa Déesse chanceler pour la Puissance de l'Illusionniste. Et déjà, il a promis à Funéra de lui faire payer au centuple chacune des entailles que sa peau d'opale à subit par sa faute. Chaque griffure, chaque plaie, chaque douleur exige réparation. Quand à sa Diane Pecheresse, il saura lui murmurer, lui sussurer l'étendue de ses fautes.  Puis... L'Absence. Une absence qui ne provient pas d'elle. Après le cauchemar horrifiant qu'elle a subit plusieurs nuits. Il l'a soutenu, colère de ne pouvoir l'extraire de ses propres folies. Elle a confirmé sa fascination pour l'Ainé Roi. Quitte à y laisser sa trop jeune immortalité. Il doit admettre être partagé entre l'admiration de sa détermination et l'agacement que son comportement provoque.

Une bourrasque de vent chante à ses oreilles, effleure son torse et ses pieds nus. Ses longs doigts sont couverts de sang coagulé. Il lutte depuis de longues nuits contre le Barrage, contre le Pouvoir qui l'empeche d'avoir accès à sa Rivière. Sans succès. Et cela lui indique QUi est le coupable. Pas le Roi-Fou. Pas sa Délicieuse. Non. Il n'y a qu'un seul Cainite sur ce continent à pouvoir agir de cette manière. Sigvald, s'il est resté invisible, sans s'approcher de l'Oural et du Coeur Illusionniste , ne s'est pas contenté d'être une Ombre. Il a appris. Observé la Hierarchie du Pouvoir. Et le Double du Loup s'est dévoilé en demi -teinte. Presque insaisissable. Un nom arraché dans les tripes. Tsagaan. Si il ignore comment,  il est certain que c'est lui qui aveuglé son oeuvre hurlante.

Jusqu'à maintenant. Pendant de trop courtes minutes, l'emprise s'est rompue. Le sortilège s'est levé. Il a vu. Il a ressenti. Il a vécu. La comprehension de son subterfuge par sa Diane. Il n'en éprouve aucune honte. Il n'allait pas tarder à se revéler, il était temps de mettre un terme à ses errances russes. Il est l'heure que son Infante trouve sa place à ses cotés et revienne à Paris. Il est temps de la présenter comme sa Fille et Amante. il est temps qu'ils soient enfin liés comme il a été écrit des siècles auparavant. Elle est Furieuse. C'est comme ça qu'il l'aime les plus. Dans ses transports les plus passionnés, dans sentiments les plus tumultueux. La Brume devra se fendre et se dissiper devant ses tranchants, le doute n'existe pas. Diane est à Lui. Et il entend bien la clamer.  Et si la demoiselle infidèle s'est un peu égarée, il saura la remettre dans le droit chemin, l'enivrer jusqu'à l'Absolu qu'ils ont partagés avant son étreinte.

Derrière lui, la femme reprend vie. A peine. Juste assez pour aviver ses appétences.  Il referme la fenêtre, l'observant se remettre à genoux, encore chancelante. Son regard est une supplique de Marie Madeleine et il ne saurait la faire attendre avant de l'absoudre. Le cuivre de ses mèches est une bien pâle copie alors qu'elle sombre dans une tourmente de luxure et gourmandise qui l'acheveront avant le lever du Soleil .
Diane Mansiac
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Message par Diane Mansiac Mar 11 Déc - 14:41

Si elle le pouvait, elle détruirait tout autour d'elle. Raserait cet infâme mensonge, libererait une colère digne des plus grandes plaies divines. Le Déluge, Sodome et Gomorrhe sont des sourires à coté de la violence de ce qu'elle ressent. Diane n'existe plus. Elle n'a plus de corps. Un esprit follet qui exige réparation pour les insultes et les fautes. Combien de temps? Combien de temps reste t'elle suspendu? Combien de t'elle n'est plus que Tempète et Fureur? Elle l'ignore. Et serait tombée au sol, privée d'énergie et de volonté, poupée marionnette dont les fils viennent de bruler d'une flamme sacrificielle.

Elle est un sacrifice. Elle ignore pourquoi. Elle ignore pour qui. Mais Sigvald l'a sacrifié et lui a menti. Les raisons sont dissimulées. Ne compte pas. Il s'est joué d'elle. Cruellement. Elle serait tombée dans une fosse de serpents et de pieux aguisés. Sans lui. Elle souffre. Tellement. Diane est calcinée par des vagues de douleur qui la terrassent. Elle ignore où elle a mal. Incapable de pointer une source. Un bras qui vient adoucir sa taille. Qui repousse la chute. Elle lève le visage vers lui, incapable de pleurer. Incapable de gémir. Juste ces mots d'ivoire et d'azote. Ce refus de cet immonde regard. Son Sire l'a trompé. Encore. L'a abandonné. Encore. Sigvald. Il l'entaille et la déchire. Il l'offre en pature à Sebastian, encore. Ses prunelles azur s'amarrent à Carigän. S'achoppent aux angles de sa machoire. S'accrochent à la rondeur de ses lèvres. Il est là. Pour Elle. Une promesse dont les mots sont tus, mais dont la force vibre.

Diane prend conscience de sa main qui pèse sur la sienne. Il lui faut de longues secondes pour comprendre la raison de cette présence. Sa chair devient une sangsue succion. Luttant pour se reconstruire autour de leurs  doigts qui se joignent dans la plaie degeulasse. Il effleure son os dont la blancheur est aveuglante dans ce magma informe. Toute sa chair lutte pour redevenir unie, pour redevenir virginale. Le Loup combat pour revenir sur elle. Pour reprendre son emprise et sa place.

-Carigän, je cicatrise. Je ne veux pas cicatriser.
Son ton est presque plaintif, presque suppliant. Le suppliant de mettre un terme à l'odieuse inévitabilité. Sa main libre vient reposer sur le cou de son Amant. Son corps se rapproche plus encore du sien et sa tête bascule contre son épaule. -Il n'avait pas le droit. Elle se dissout dans une nova qui implose lorsque le doigt de Carigän joue avec la plaie ouverte. Sans crier. Sans pleurer. Mais elle se lie à lui. Plus étroitement encore. Il promet. Il promet un bal de souffrance à lui en faire perdre l'esprit. Une appocalypse démoniaque dont il sera l'instigateur. Pour la purifier. pour la rendre à elle même. Pour que cesse ce poison espion. Est ce qu'elle en est capable? Est ce qu'elle est capable de lui faire confiance à ce point? De se remettre au creux de sa paume si totalement? N'échange t'elle pas un despote pour un autre? Elle connait la violence de ce Loup Ardent. Connait la Fureur qui balaie toute raison. La flamme a saigné par lui et pour lui. Délicatement, elle apose sa main sur sa nuque. Abaisse son cou inflexible vers elle.  Juste un peu. Pour ses lèvres contre les siennes. Dans un baiser qui tremble et vacille. Pour un baiser de terreur et d'abime. Puis elle murmure, tout contre lui.

-Tout ce qu'il faudra. Je subirais tout ce qu'il faudra. Jusqu'à la plus amère des lies. Et si je faiblis... Si je te supplie de cesser, si je t'abjure de Le laisser m'avoir à lui, si je ne supporte plus et que j'en perds mon Nord... Promet moi, Promet moi, mon Amour, que tu mettra fin à mon Eternité avant que je ne retourne auprès de Sigvald. Promet moi, si la  Force me manque, que la Diablerie sera ta voie. Que tu me consummera avant de le laisser planter ses crocs en moi et avant que je ne goute la moindre molécule de sa Vitae.

Elle est trop jeune. La Flamme ne le sait que trop, pour resister seule à l'Appel du sang de son Sire. Et si jamais il parvient à la faire boire, la violence de leur lien Infanté balaiera sans pitié sa volonté. Elle dépose sur Carigän un fardeau qu'elle ne peut assumer. Et pourtant, l'échec est inconcevable. L'écrasement de ses pétales plutôt que de revenir à Lui. Ce n'est qu'avec ces mots qu'elle parvient à écarter leurs mains jointes de son épaule. De permettre à sa chair de s'offrir dans toute sa perversion. Elle accepte. Pour l'heure. Confiante aussi dans la chappe de plomb que Döjöödörj impose au tatouage. Il sera aveugle et  muet.

Diane avait presque occulté sa présence. C'est l'adresse du Roi - Brouillard  à son Conseiller qui lui rapelle que  c'est lui l'instigateur de ce rendez vous. Que c'est lui qui a déchiré le voile du mensonge. La Reine Vaudou... le Bal approche. Et Shäzen? Pourquoi Shäzen? Une partie de ses maux disparait avec son épiderme recouvert. La partie visible de l'Iceberg. Elle a retrouvé son équilibre physique.

-Avez vous déjà rencontré un tel sortilège? Cassé ces effets?

Il ne s'agit pas d'un manque de confiance dans les talents ou les connaissances des deux Fils de la Nuit dont les siècles d'expériences dépassent son imagination. Non. C'est son besoin de comprendre. D'analyser. De ne pas rester ni dans l'ignorance, ni dans en retrait. Cette soif d'apprendre qui pave sa route depuis qu'elle s'est reveillée dans une geole insalubre. En quelques minuites se met en place l'ébauche d'un plan de bataille dont Diane ne dévine les tenants. Espère seulement les aboutissements. Avant que le Sage Mongol ne demande un moment seul avec son souverain. Malgré elle, la Flamme se raidit. Et pourtant, elle va devoir affronter le reste du Bastion, seule. Elle ne peut pas s'attendre à passer chaque instant de leurs nuits avec lui. Il lui faut apprendre, à nouveau, à naviguer, les coursives. Tout à changer en deux nuits. Le Fracas de Veragän, la Faim charnelle, immense et sauvage qui les  a balayé. Et cette nouvelle connaissance. Diane ignore qui elle est. Elle se pensait Néo-Nate orpheline. Découvre qu'elle est un jouet balayé au  gré des caprices d'un canite de plus de sept siècle. Et dont l'Ame s'est liée au Souverain d'une Magie qui les trois quarts du temps la terrifie tant elle est sans defense face à elle. Il lui faut composer avec cette réalité modifiée. Et pourtant, pourtant, Carigän est son Cap.

-Si vous voulez échanger maintenant, je me retire, mon Etoile Polaire. Je comprend tout à fait que vous ayez besoin d'éclaircir la situation entre vous.


Elle n'est pas sure. Pas certaine d'en être vraiment capable. Mais retrouver sa Force commence par ces déchirements. Et s'éloigner de Carigän est le plus grands de tous. Diane doit avouer une certitude. Elle le veux. Encore. Toujours. Elle veux tout oublier de Sigvald dans les parfums de stupre de Carigän. Perdre tous les sens dans son odeur et leurs élans passionnés. Oui. Elle donnerait beaucoup pour avoir l'opportunité de l'explorer et de se concentrer uniquement sur son corps  bougeant en elle. Diane sait. Sait que c'est un mensonge de croire qu'elle peut effacer si facilement ce qui la terrasse dans un feu charnel. Qu'il a tant à faire. Que son Frère a besoin de Lui. Que son Royaume a besoin de Lui. Une fleur nocturne égarée ne peut l'accaparer. Il faudrait se montrer moins égoiste. Son corps ne bouge pas. Ne s'éloigne pas de Lui. Eux. Ils sont Eux. Aussi irraisonnables soit ils.
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