Illusions et Tempêtes
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V - Nid de Vipères. [fini]

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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:17

DIANE.


Une quinzaine de nuit depuis que la jeune néo-nate a retrouvé la forteresse Illusionniste. Diane est restée confinée dans ses quartiers les premières nuits. Après la solitude de la Toundra, le bruissement de la demeure etait presque trop important pour ses sens. Un besoin de solitude nécessaire pour assumer ses choix.

De Carigän, nulle trace. Et la Flamme en conçoit une déception mélée de soulagement. Elle ignore comment réagir à sa présence. Comment se comporter après leurs derniers éclats. Elle n'a pas cherché à se trouver sur son chemin. Pas une nuit ne verra ses pas se diriger vers ses quartiers privés. Non. Peut être une trace de fierté déplacée... La jeune Vampire ne tente pas d'explorer la demeure.

S'est rendue rapidement compte que les endroits se dérobaient à sa présence lorsqu'elle n'était pas censé les trouver. Un peu frustrant bien que compréhensible. Elle est en dehors du Clan. N'est pas une illusionniste et c'est un monde qui lui est fermé. Seul Carigän pourrait lui en ouvrir les portes.

Néanmoins, ses errances ne la trouvent pas oisive. Une bibliothèque semble se présenter souvent à elle et elle y passe de longues heures à déchiffrer tel ou tel ouvrages qui lui tombent dans la main. Littéralement. Ce n'est pas elle qui les choisit mais eux qui viennent à elle. Une étrangeté dont elle apprend à apprécier la surprise constante.

Elle en aime les chaudes boiseries et le divan confortable qui parait se conformer le plus confortablement possible à la posture qu'elle adopte selon ses humeurs.

Cette nuit là, le temps est d'une douceur qui ne peut être ignorée et la Flamme n'y reste pas insensible.

C'est vêtue d'une délicate tunique de soie vert clair, dont le drapé découvre une épaule et un bras, traçant une ligne charmante en travers de son dos et de sa gorge. L'asymétrie de la robe découvre partiellement son Loup gravé, avant de suivre en pli léger les courbes de son corps.

Par caprice, elle noue sa chevelure rousses en un chignon follet dont quelques mèches s'échappent pour caresser sa nuque et son front. Un bref passage par la bibliothèque lui offre un ouvrage léger et décadent qu'elle emprunte pour se diriger vers le jardin, éternellement illuminé par des chandelles graciles semblant flotter à son passage.

Au loin, elle peut entendre les murmures des autres caïnites qui peuplent ses lieux, sans qu'ils ne présentent jamais à sa vision. Pourtant, elle les devine attentifs à sa présence. Diane finit par diriger ses pas au cœur d'un bosquet de fleurs folles, dominé par un lilas violet dont la floraison embaume la nuit malgré la saison.

Elle ignore quelle magie dirige les lieux pour permettre un tel jeu dans l'ordre de la nature mais y trouve un plaisir certain. Un banc en fer forgé accroché à une fine nacelle est une invitation qu'elle ne refuse pas. Diane s'y glisse, laissant tomber au sol ses escarpins alors qu'elle replie ses jambes sous elle. S'absorbant dans sa lecture.

La Flamme ne fait plus attention aux différentes aura qui flottent dans l'atmosphère, aussi relève t'elle le nez de son livre avec une certaine vivacité lorsque résonne un rire fluté à ses oreilles. Pour découvrir la silhouette en ombre chinoise d'un vampire aux traits malicieux.

-Voilà une vision digne des tableaux de maitre les plus précieux. Je vous en prie, continuez votre lecture et permettez moi de continuer à profiter de cette peinture sylestre.

La flatterie est tellement dithyrambique que Diane ne peut retenir un sourire. Attisée par une pointe de curiosité à l'idée de croiser enfin un des résidents du Manoir. Elle relève le gant.

-Ne seriez vous pas en train de vous moquer de moi par hasard?-Je n'oserais pas! Sous peine de mourir consumer par votre courroux!

Elle sourit, reposant son livre pour mieux offrir son attention au nouveau venu, tentant d'en deviner d'avantage sur lui. Ne décelant qu'une Présence plus âgée, mais bien moins que celle de Carigän.

-Et qu'est ce qui guide vos pas dans cette partie reculée des jardins?
-Vous voilà taquine, maintenant. Vous, bien sur! Vous faites l'objet de toutes les rumeurs les plus folles puisque vous dédaignez de vous mêler à nous.

Il n'ajoute pas, mais cela va sans dire, en particulier depuis le tremblement des fondations de la Demeure lorsque son Seigneur est revenu portant son Frère dans les bras. Diane préfère ne pas relever. Si elle ne se joint pas aux membres du Clan, c'est tout simplement qu'elle ne le peut pas. Le Castel lui même éloigne ses pas de toute rencontre possible

-Vous oubliez toutes les règles de bienséances, puisque j'ignore jusqu'à votre nom!
-Votre charme qui me trouble, sans doute. Antov Oulitskaïev, pour vous servir, Sylphide.

Ne négligeant pas de s'emparer de la main de la Flamme, y déposant ses lèvres pour un baiser irrévérencieux, sa bouche sur sa peau quelques secondes de plus que ne le dicte la courtoisie désuette.

-Ne me direz vous pas votre nom à votre tour? Allez vous me laisser ainsi dans cette terrible ignorance?

L'Amazone ne peut retenir un rire devant l'assurance fanfaronne du vampire.

-Je m'appelle Diane.
-Et êtes vous une Illusionniste nouvellement venue pour rejoindre nos rangs? Pourtant non, je ne ressens pas cette mouvance... Vous êtes une délicieuse énigme!



CARIGÄN


- Non. Ne crois-tu pas que j'ai eu des réponses plus sibyllines que celle-ci ? Non. Trois lettres ont-elles le pouvoir d'être aussi inintelligibles ? Non. Non. Non. Va t-on devoir le graver au fer rouge sur le front de ses partisans ? Répète et ressasse Carigän avec le ton des joliettes menaces qui volent au vent.

- Il va falloir mettre un peu d'eau dans ton vin, mon Seigneur.
- Quelle folie, quelles fragrances fades en résulteront ? S'exclame le maître Illusionniste, et ce disant, il éperonne durement son étalon dont le galop redouble.

Sur le plateau russe, une horde de cavalier déferle, napage de ténèbres sur les herbes hautes, que le vent et la nuit moirent de reflet bleu. Une centaine de cavaliers. Autant de sabots ferrés qui tamponnent sans merci la terre fertile.

Les voilà progressant depuis plusieurs nuits, fantômes montés sur leurs chevaux blancs, invulnérables à la fatigue, insaisissable pour l'oeil de l'homme. En tête, le Seigneur Illusionniste ouvre la voie, secondé de près par le grand guerrier Mongol. Le reste de la cavalarie se dresse à quelques foulées derrière eux.

Le tapage sourd des galopades parasitent les conversations qui se jouent entre le Roi des Brumes et son second. Mais celui-ci ne s'avoue jamais vaincu, alors il talonne son hongre baie et se hisse laborieusement à hauteur du cheval fou de Carigän. Les vents d'ouest leur caressent le visages, ceux du nord burinent impitoyable leur peau, et autour d'eux, la nuit défile en zébrures bleues et noires.

- Nous lui devons bien ça. Son Sire nous a accordé un poste en Inde profonde. Pourquoi ne pas lui rendre la pareille ?

- Parce que nos Steppes ne souffrent pas la moindre rupture. L'immensité court sans obstacle sur son chemin. Et parce que le Sire de Preyg n'est plus, les faveurs qu'il méritait non plus. Point.

Dojoodorj soupire et comme en harmonie avec lui, les naseaux de son cheval crache une vapeur telle qu'elle semble la fumée d'un dragon dans la froide nuit.

- Nous avons trois lunes pour décider. Nous en reparlerons, mon Prince.
- Non. Toi non plus, tu ne comprends pas la note enclume et péremptoire du Non ?
- Nous en reparlerons, donc, lance Dojoodorj dans un sourire.

Dojoodorj pense obtenir gain de cause au prix de nombreuses soirées animés et sonores. Pour l'heure, il laisse son Seigneur à ses pensées. Carigän a toujours excellent cavalier. Mauvais à l'épée, au fleuret, mauvais à la lutte, guère un modèle de bravoure, mais excellent cavalier, illustre archer et fin lanceur de couteau. Alors lorsqu'il chevauche, la poussière referme son sillage d'obscurité.


Les Illusionnistes ont été accueilli par une fraîcheur digne de la saison estivale, alors qu'ils foulaient les piémonts d'Oural. Leurs livrées disparates ne rendent pas hommage à la discipline, mais évoquent davantage une immense famille de voleurs ravageant les hameaux. C'est qu'ils sont, aussi. Le voyage arrive à son terme, et la demeure se hisse à l'horizon en montagne caractérielle.
Au seuil, quelques lads penauds attendent la cour de Carigän Funéra. Lorsque la vague équine pénètre le domaine Illusionniste, c'est en grandes pompes, dans un vacarme qui couve des griefs pour les évènements écoulés. Une chape de tension électrise l'air, le climat se teinte d'orage alors que les partisans démontent leurs chevaux, alors que des éclats s'échangent. La fatigue du voyage ?

Pas une trace. Carigän pose un pied un terre, Dojoodorj à ses cotés. Quelqu'uns de ses proches partisans l'abordent pour lui faire part de leurs réflexions. Certains lui soumettent qu'un compromis serait bienvenu, d'autres le suivent à pleines jambes dans son refus catégorique et sa dérision piquante.

Des discussions à bâtons rompus et quelques esclandres éclatent au sein de la cour. Puis chacun est convié à regagner ses quartiers. Une séance sera organisé quelques nuits plus tard pour démêler de cette histoire. En attendant, le retour au calme est indispensable pour les esprits embrumés.

La nuit est encore jeune. Après avoir laissé sa monture aux mains de son écuyer, après avoir honoré des ablutions de toute aisance, Carigän opte pour la déambulation dans ses jardins. En compagnie de son frère, qui n'a pas pris part au périple. Et qui ne comprend nullement l'absence de son Autre durant de si longues nuits.

A l'abri des oreilles indiscrètes et des yeux folâtres, les deux frères maudits rôdent au gré des chemins et des décors fantasmagoriques. Aucun mot, à leurs lèvres, aucun regard qui ne se glisse entre eux, pas une étreinte impie. Simplement les vagues psychiques de Veragän qui se heurtent aux grèves de coquillages cassés de Carigän.

Et puis, des risettes attisent l'attention ... du Cadet. Le cadet qui tend son museau de charognard en chasse en direction de ces bruits qui le dérangent. Sa main décharné, un rameau en plein hiver, repousse les nuages feuillages qui obstruent son Vide alentour.

- Diane. Ment. Siac, tranche t-il en menus morceaux.
- Oui, rétorque Carigän, écho de voix.

Les deux frères Funéras apparaissent. Se coulent comme des anguilles silencieuses et viennent flanquer Antov. Lorsque le jeune Illusionniste se redresse de son baise-main, quatre yeux l'épinglent. Quatre lucioles à l'agonie.

Lentement et sans l'effleurer, Veragän penche la tête. Sa nuque d'invertébré se tord tant et si bien que l'une de ses joues est tournée vers le ciel. De son nez, il renifle le parfum d'Antov comme une hyène s'enquiert de l'état de décomposition d'une dépouille. Comestible ?

- Bonsoir Diane. Bonsoir Antov, lance le maître de céans de sa voix la plus dégagée. Presque plaisante. Presque.

Ses yeux d'obsidiennes tardent sur les traits du Don Juan, sans manifester d'acrimonie flagrante, puis se glissent vers Diane aussi naturellement qu'une eau suit la course de la rivière. Il la dévisage. Sans rien laisser filtre de son masque parfaitement parfait. Blancheur imaculée, port altier indétrônable, avec cette sérénité des grands rois qui connaissent parfaitement leurs prérogatives royales.

Les prérogatives royales ? Droit de vie. Droit de mort. Droit de caprice inconsidérés. Droit de légitimer cruauté.

- Oh. Loin de moi l'idée de vous importuner, Belles Gens, dit-il, avec une raillerie qui supposerait une fuite séance tenante. Mais vous me connaissez d'une curiosité terrible. Alors, Antov ! Elle te plaît donc ?
Diane Mansiac
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:17

Diane

Antov ne se lasse pas d'étudier les ravissantes formes un peu trop dissimulées par la robe d'émeraude. Si le Clan compte nombre de Vampires superbes et qui feraient perdre la tête à tout mâle, la beauté rousse qui se trouve devant lui dispose d'un avantage considérable. C'est une nouveauté et un mystère. Son Seigneur ne l'a pas mentionné et bien qu'il ne lui viendrait pas à l'idée de poser la[
moindre question concernant ses affaires privées, c'est l'une des rares fois où Il invite une étrangère dans la demeure du clan. Pour plus que quelques jours du moins. Plus étrange encore, pour parâitre s'en désintéresser si completement. Un sourire qui flotte sur ses lèvres carmines. On ne pourrait laisser une telle créature sujette à l'ennui, n'est ce pas? Son épiderme est d'une douceur d'amande
sous sa bouche et il doit faire appel à toute son éducation pour ne pas profiter un peu plus de la situation propice dans laquelle il se trouve. Il ne doute pas d'avoir le temps de convaincre cette si jeune Diablesse à des échanges plus intimes...


Lorsqu'il se redresse, c'est pour découvrir son Seigneur à ses cotés ainsi que son Frère. Il ne s'accorde pas un frémissement sous les regards conjoints qui le darde. Les salutations de Carigän sont piquetés d'aiguilles qui ne demandent qu'à transpercer et c'est avec prudence et respect qu'il répond d'abord à son suzerain,


-Bonsoir Mon Roi


Avant de tourner le regard vers son cadet, prenant garde à ne pas le toucher, lui accordant un honneur semblable


-Bonsoir mon Seigneur.


Ses prunelles verdoyantes effleurent la silhouette de diane sous la question qui lui est posé, tellement irréverencieuse. Il se tend. Devinant combien la situation devient dangereuse, esperant que l'inconnue n'aura pas la folie de s'engager sur une pente non maitrisable. Il choisit la voie d'une certaine sincérité. Offrant un sourire désarmant à son Prince.


-Diane est d'une beauté ravissante, mon Souverain, faisant honneur à ces lieux.

La flamme s'amuse des attentions que lui prodigue le Fils de Cain. Il y a longtemps qu'on ne lui a pas fait la Cour avec une telle exubérance. Sinon jamais. Elle ne peut nier trouver une certaine vanité à ces compliments outranciers. Lui permettant le toucher de sa peau plus qu'elle ne le devrait. Lorsqu'il se relève, elle découvre les deux silhouettes conjointes de Carigän et Veragän.[
Son regard ne flanche pas et un sourire de chat de Cheshire nait sur ses lèvres. Pourtant en elle, c'est un tumulte alors que s'impose les dernières images qu'elle a de lui. Alors qu'il lui ordonne de ne plus jamais reparaitre devant lui. Son ton est déliciement controlé, mondain, avec une pointe de cette glace que la Toundra a insuflé en elle.


-Bonsoir Carigän. J'espère que ma présence dans vos jardins n'est pas cause de contrariété?


Elle ne bouge pas, bien que ses mains couvrent la couverture de son livre, le trouvant soudain fort inadapté pour la situation. Une brêve hésitation.


~Bonsoir Veragän~


Pourquoi a t'il désiré son retour? Pour mieux pouvoir observer au microscope la manière dont elle se consumme pour son Ainé qui reste si distant? Délicatement, elle imprime un petit balancement à la nacelle, alors qu'elle reste à demi alanguie sur les coussinets. Gracile. Luttant pour ne pas se lever vers Carigän.


Se l'interdisant. Si ses paroles sont froides, son regard est une caresse, glissant sur la haute sature du Prince des loups. Se l'appropriant à nouveau. Si ce vampire peut être conquis, il le sera. Un petit rire de gorge alors qu'elle détourne les prunelles vers Antov. Paraissant détendue, félin au repos qui étire la robe de son pelage.


-Ne me demanderez vous pas comment je trouve votre jeune Illusionniste?


Pourtant le bout de ses doigts effleure le bijou qui a retrouvé son cou, signe discret de sa nervosité.



Carigän

La nuit n'est encore qu'une enfant, mais elle porte le poids des vingt précédentes. Dès lors que Carigän a mis pied à terre, toutes ses contrariétés ont été refoulé de leurs cachettes, ont écloses de leurs bourgeons globuleux. L'Illusion est une fuite. Disparaître dans les brumes est une fuite. Chevaucher est une fuite. En cette heure précise, plus de fuite possible.


Le roi du brouillard a déjà fui tout ce qu'il pouvait fuir. Lassitude, tracas et accablement sont désormais là, venus s'asseoir à coté de lui. Etrangement, rien ne paraît à ses traits. Ses traits inhumains tant ils se dérobent des moindres affects, tant ils semblent étrangers de la nature humaine. Un parfait masque vénitien, froid et railleur, indifférent aux temps et aux circonstances.


C'est comme si son corps était un pantin merveilleux peint du pinceau d'un artiste du monde. Et comme si le véritable Carigän était perché dans un nuage lourd de pluie, juste au dessus, et qu'il s'amusait des fils de sa marionnette, en ne jouant que ce qui lui plairait de jouer. Un pantin, oui, que l'on confondrait presque à un homme tant ses gestes sont fluides et sa peau claire. Mais il manque un éclat. Il manque quelque chose. Un minuscule quelque chose qui ne permet pas de se méprendre sur sa nature d'inhumain.


Carigän soupire, dans l'atmosphère braisée des lanternes. Une partition sans trop de fausse note, se dit-il alors que les salutations de rigueur sont émises. Immobile, son regard crevasse roule d'une proie à l'autre à la recherche de quelque chose. Qu'il trouve.


Un élément indésirable qui le fait froncer imperceptiblement des sourcils, sans creuser une seule ride à son front d'onde blanche. Il s'approche d'Antov, sans un regard pour Diane. Plonge ses billes dans les siennes, fait irruption dans un périmètre que l'étiquette ne permettrait pas.


- Ravi qu'elle te plaise, vraiment, lâche t-il avec sa voix douce comme une flûte de charmeur de serpent.
- J'aime à savoir les yeux de mes Illusionnistes remplis de songes. C'est important. *Poursuit-t-il. Puis, jurant avec le brouillard de ses mots et la patience orientale de ses gestes, un craquement sonore retentit. Son pied vient téléscoper la rotule du jeune apprenti, faisant miettes des os et cartilages, le forçant à poser genou à terre.* Ma révérence. Tu as oublié. C'est important, aussi.


*Ce disant, sa main vient tamponner l'épaule basse avec une bienveillance patriarcal, assorti à un sourire blanc de tant d'indulgence.*


- Ce n'est pas grave, tout s'apprend, n'est-ce pas ? Même le savoir-vivre. Relève-toi donc et ne grimace pas alors que nous profitons des jardins d'agréments. Cela risquerait d'altérer la beauté du ... tableau, c'est ça ?


Alors posté derrière Antov, Veragän retourne auprès de son frère non sans faire un détour qui le fait glisser dans le dos de Diane. Les yeux glaces de Veragän sont de ceux qui rendent l'hiver plus froid encore. Il la dévisage d'une oeillade oblique et s'immobilise auprès de Carigän, la tête penchée, comme si sa nuque était cassée.


L'attention du maître Illusionniste se tourne alors vers Diane, s'arrête sur Diane.


- Monsieur Funéra, *fait-il remarquer avec une légèreté qu'un souffle sépare de la gravité. Les quolibets qu'elle lui a assené résonnent encore dans les canyons de son esprit, de fait plus question d'offrir une quelque marge de manoeuvre.*


- Et non, guère de contrariété pour ce soir. Ai-je jamais insinué que vous étiez ma prisonnière ? Je n'en ai pas souvenir. Vous êtes libre de circuler et fleurer où bon vous semble, là où les passages s'ouvrent, dans les jardins comme dans les couloirs. Ne suis-je pas respectacle et digne hôte ?


Elle lui pose une question. Une question qui réverbère un silence aux nuances humides et lourdes, climat de pré-tempête. Carigän se fait un plaisir de ne pas y répondre tout de suite, de laisser les secondes terriblement vacantes, nues, grelottantes. Bosquets de fleurs et rameaux aériens se sont rangés de son coté et aquiesce le calme sépulcral du maître.


Le seul son à poindre est émis par Veragän, lequel claque de la langue avec une régularité d'horloger. Puis un soupir, teinté d'amusement aux lèvres de Carigän, et la nature sort de son insoutenable apnée.


- Oh. Alors. Comment trouvez-vous mon jeune Illusionniste ?



Diane

Antov sourcille à la remarque de Diane. A la réponse qu'elle fait à son Maître. Elle ne devrait pas. Ne Sent elle pas que l'atmosphère a une odeur d'orage qui s'intensifie? Il n'ose faire un pas de recul lorsque Carigän s'avance vers lui. Lui montrer le moindre signe d'arrogance ou d'insolence signerait sa perte. Et il n'en a pas l'intention. Pas pour les yeux d'une inconnue. [
Même si ils sont ravissants. Il ne compte pas sur les mots, écoutant les harmoniques qui s'en dégage. Son visage pâlit lorsqu'il prend conscience d'une erreur monumentale. Il n'a pas le temps de la corriger. Le fracas brisé de son articulation résonne dans le jardin et il retient de justesse un cri de souffrance. Gardant les yeux à terre. Il n'y a aucune colère en lui. Aucune irritation. [
Ses traits sont blêmes alors qu'il se force à se relever, n'entendant qu'à peine le souffle de surprise étouffé qui s'échappe des lèvres de Diane. Il articule, se tenant bancal.


-Pardonnez moi, mon Prince. Cela ne se reproduira plus.
Il conjure sur son visage un sourire instable.
-Je ne voudrais gâcher une si belle nuit par un comportement inadéquat.


Diane fronce le nez à l'écoute des paroles de Carigan et soudain elle se crispe, un son de surprise s'évadant de ses lèvres à la violence soudaine de Carigän. Une partie de son insolence amusée s'évapore lorsqu'elle constate les eaux troubles dans lequelles ils nagent.
Son dos se raidit en sentant la Fraicheur de Vérägan contre sa nuque avant qu'il ne reprenne sa place de vigie aux cotés de son frère. A nouveau, elle tente une briève communication avec lui. N'ayant pas osé se présenter à lui durant les 15nuits suivant son retour.


~Véragän, Merci d'avoir intercédé en ma faveur.~


Monsieur Funéra. Une main de glace lui enserre le ventre lorsqu'il lui interdit l'usage de son prénom. Un Prénom qu'elle était venue à chérir. A apprécier l'exotique et le charme. Une distance qu'il impose entre eux, aussi importante que le desert de glace. Aussi douloureuse alors qu'elle force ses traits à ne rien dévoiler.
Son regard posé sur le jeune illusionniste contient une excuse pour Antov, pour le traitement qu'il vient de subir. Elle se force à se détacher de la rotule qui se guérit.


-Non, Monsieur Funéra, je n'ai jamais pensé telles avanies. J'ai passé de longues heures fort appréciable dans une petite bibliothèque bien malicieuse.


Soudain, dans le silence qui règne, elle n'a plus envie de répondre à sa propre question. C'etait une passe d'arme innocente et elle en découvre un tranchant qu'elle ne désire pas. Ses prunelles se givre d'une insouciance qu'elle ne possède plus et elle esquisse un geste du poignet, délié. Ses chevilles se sont nouées sous la fluidité de sa robe, disparaissant aux regards. Restant dans le cocon de la nacelle.


-Ne prêtez pas attention à mes paroles, je n'ai pas encore d'opinion sur Antov, je le rencontre à peine.


Un mot appréciateur, une expression de déplaisir portent le poids de conséquences qu'elle ignore et dont elle ne veut pas qu'il fasse les frais. Pas d'avantage qu'elle. Diane est à court de paroles.


Instable face à Carigän, mordue par l'envie de laisser un doigt courrir le long de son épaule. De le toucher. De le ressentir. Ne pouvant supporter l'idée d'être repoussée. Lancinante. Pourquoi Veragän a t'il exigé son retour?!



Carigän

Carigän toise Antov alors que ce dernier recouvre sa verticale. Attitude irréprochable, exemplaire humilité, le grand Illusionniste ne saurait lui en tenir rigueur plus longtemps. D'ailleurs, s'il eut percé une moindre flèche d'acrimonie de deux meurtrières de ses yeux, la voilà totalement disparue. Il adoucit son sourire. Ou plutôt, il l'amoindrit, le force moins.


- C'est oublié.


Sa voix est celle du maître attentif à ses apprentis. Non celle du stratège et du mystificateur qui se plaît à offrir plate-forme démesuré aux élans de son ire. Une facette qui transparaît, parfois.


- Attention aux visions qui font tourner la tête. Ne serais-tu pas un peu trop vulnérable aux chants des sirènes ?
Les paroles amusées d'un homme pour un autre homme.


Si une raillerie s'y cache, elle est alors douée d'un camouflage renard, car sa figure ne tressaute ni de tic nerveux, ni de l'élasticité serpentine du sarcasme. Aussi coureur de jupons peut-il être, c'est un Illusioniste. Il a ici sa place d'apprenti ... Contrairement à Elle.


Retranché, à couvert de remparts fait des pierres de l'indifférence et du mortier de la froideur, il l'étudie avec ce sourire en coin que le monde lui a écorché sur la figure. Et si ses paroles se délient comme des parfums exotiques, comme des volutes d'encens sirupeuses, ses yeux eux, ne mentent pas. Ce noir là est celui du reproche. Ce noir là se veut tellement noir qu'il semble vouloir absolument tout dissimuler ce qui se joue et se déjoue dans sa tête.
Un noir de nuit opaque qui fait disparaître les paysages dévastés aux yeux de celui qui s'apprête à dormir à la belle étoile. Les mots de Diane s'épanouissent précautionneusement à ses lèvres qu'ils l'altèrent en rien son obstination maladive à la fixer. Il paraît vouloir tout dire. Va t'en. Disparaît. Tu m'as blessé, on ne me blesse qu'une fois. Comment oses-tu me faire face ?
Comment oses-tu seulement faire la promenade dans ma demeure ? Profiteuse. Garce. Réjouis toi des grâces de mon Frère. Elles ne dureront qu'un temps. Je ne suis pas d'accord. Je prend sur moi. J'attends le moment opportun. Oui, son regard semble le vecteur d'une infinité de message. Seule elle peut les intercepter, les débrouiller. Seule elle sait ce qui s'est joué, ce qui s'est perdu.


Dans son angle mort, il perçoit la vibration d'un mouvement dans l'air. Veragän pose une main sur sa propre tempe, serre douloureusement les paupières et lâche un souffle, qui siffle entre les dents de sa mâchoire crispée.


- Ca ... rigän.
- Non, petit frère, le coupe t-il, avec une voix plus dure qu'à l'accoutumée lorsqu'il s'adresse à son Sang.


Comme cette futile intervention l'avait ramené au dialogue, il s'humecte lentement les lèvres et repeint son sourire d'usage. Avec les couleurs confondantes qu'il a toujours aimé à utilisé, quand même la toile de son visage, ce noir, ne vaudra guère mieux qu'un palimpseste de mauvaise facture.


- Je suis enchanté d'apprendre que vous vous trouviez à votre aise à mon Royaume.
- Que vous êtes féru de lecture. Encore une histoire de chasse aux malheureux trépassés des âges révolus ? Encore un intérêt pour ceux qui aimeraient qu'on les laisse en paix ? Les bibliothèques sont bavardes et se plaisent à tenir compagnie. Au moins avez trouvé des confidents dignes de confiance. Enfin, je crois. J'espère.


Des paroles presque vides qui remplacent petitement les déclarations plus vigoureuses qu'il aimerait lui livrer. Mais non. Carigän ne laisse pas une faille pour ouvrir un dialogue plus intime, ne déblaye pas un seul sentier qui mène aux non-dits. Le non-dit a d'ailleurs usurpé le trône du royaume de la conversation.


- Que lisez-vous, donc ?

Diane

Antov ne soupire pas de soulagement, mais une partie de la tension qui l'habitait disparait. Ses épaules sont moins roides. Il a compris et accepté la réprimande. Il incline doucement la tête avec un sourire un peu penaud en direction du Chef de son Clan. De son Maître. Il avoue, son timbre retrouvant un peu de sa légerté naturelle.


-Je crains que cela ne soit l'une de mes principales faiblesses, mais elles sont si tentatrices...


Il ne fait pas seulement allusions à Diane, loin de là. Il multiplie les amantes avec charmes et souplesses, sans se faire d'ennemie de ses anciennes maitresses, cultivant un comportement de gentleman envers chacune d'elle. Il fait un pas en arrière et devient témoin silencieux de l'escarmouche qui se profile entre Carigän et la Sylphide. Il en ignore les enjeux, devine cependant que sa place est ailleurs. Il attends sans un mouvement que Carigän ait finit de s'exprimer, ne troublant pas l'échange qui s'établit.


-Mon Roi, si vous me permettez, j'aimerais prendre congé.


Il n'est pas question qu'il s'eclipse sans permission. N'offensera pas son suzerain en jouant les filles de l'air.


Diane pressent que le danger qui pesait sur les épaules d'Antov s'éloigne. Elle tourne ses prunelles vers Carigän et est aspirée par son regard intense. Une partie de la façade qu'elle maintenait d'une main si ferme se fendille. Je t'en prie. Ne me regarde pas ainsi. Elle ne supporte pas ce qu'elle devine à peine en lui. Les flux qui le traversent la transperce en réponse.
Le bout de ses doigts tremble en réponse à son sourire qui s'efface. Ses iris azur ne dévient plus. Aimantés aux siens. Il ne lui pardonnera pas. Et sa gorge est aussi close que si il avait refermé ses paumes sur son cou de cygne. Je ne savais pas. Je ne voulais pas. Tu me manques. Carigän. Carigän! Ne me condamne pas à l'obscurité. Laisse moi tout effacer. Laisse moi recommencer.
Diane frémit soudainement aux frimas qui éclosent de Verägan. Une inquiétude soudaine, vive. Qui l'éloigne quelques secondes du magnétisme de Carigän. Est ce qu'elle a blessé Veragän en tentant de communiquer avec Lui? Si jamais c'est le cas, son Ainé la crucifiera sur le champ. Ou est ce que le Fantome avait l'intention de dévoiler ses tentatives? Pas bon non plus. Ou réagit il a tout autre chose? Impossible de le savoir.


Ses jambes se replient d'avantage encore contre son corps comme pour trouver une chaleur que la Flamme ne possède plus. Ce vouvoiement lui sonne cruellement aux oreilles après les instants uniques qu'ils ont pu connaitre. Elle n'osera pas le tutoyer. Sa mâchoire se crispe à la descriptions de ses gouts littéraires.


Pique versatile dont elle comprends très bien l'origine. La demande d'Antov lui rapelle sa présence. Tournant lentement la tête et croisant son regard. Un vague sourire. Oui. Elle peut comprendre son désir de se trouver Ailleurs. Il se trouve pris dans un bien étrange équipage. Délicatement, son attention revient sur le maitre des Céants. Diane se force à la décontraction puisque il le veut ainsi


Soudainement, une pointe de rougeur affole ses pomettes. Elle n'a pas honte de ses lectures, mais ne s'attendait pas à voir ainsi son ouvrage dévoilé.


-Je crains de ne pas être toujours si sérieuse. Et j'ai accepté le choix de votre bibliothèque.
quoique.. en quelle mesure ses propres caprices affecte l'endroit?
Ses doigts s'emparent du livre. Et le tendent à Carigän avec une langueur qui n'a rien de feint.


-J'ignorais que vous disposiez d'une des premieres versions imprimées de "Gamiani ou Deux Nuits d'excès"...


Roman attribué à musset dont la license aux bonnes moeurs n'est plus à prouvé. Elle n'est pas certaine de pouvoir soutenir le regard des deux Illusionnistes après cela... Veragän est tellement Ailleurs que cela est moins important.



Carigän

Une faiblesse, avoue Antov. Tellement vrai. Lui-même payerait très cher pour s'en débarasser. Quoique parfois, la Folie l'en soulage. Un bref regard pour son frère qui en a définitivement terminé avec ces intrigantes. Il est devenu parfaitement invulnérable, sans plus l'aube d'une faille humaine. Leur sang, malédiction ou bénédiction ? Parfois il s'interroge.


- Si tu t'y complais, alors tu en mourras sans doute, je le crains fort.


Lâche t-il comme s'agissant d'une plaisanterie badine. Menace à demi-déguisée ? Peut-être, peut-être pas. Quand ce dernier lui réclame congé, Carigän n'attarde pas même pas un regard sur lui et continue de scruter sans ciller ni faillir l'intruse. Cependant, il lui répond sans ambages.


- Non. Tu restes.


Et sur la révérence de ces mots qui chantent comme pierres jetées dans un puits sans fond, ses yeux se décollent un instant de Diane pour apostropher son disciple. Non. Nulle question qu'il prenne la poudre d'escampette.Ce serait trop facile pour elle.


- Tu restes parce que ta présence m'est commode. Et surtout, tu restes parce qu'il me semble que vos négociations étaient en bonne voie, crois-je?
- Je me répète, mais loin de moi l'idée de couper court à vos échanges, sont-ils si gracieux et les mènes-tu avec si grande adresse. Non, Antov, restes. Est-ce ma présence qui t'indispose ? S'enquiert t-il en le rivant du regard. Du reste, mon frère et moi-même ne faisions que ... passer. Comme passent les brumes.


Clairement, une invitation, une propulsion. Qu'ils fricotent tout deux, intéressant carouselle au pays des manèges. Cela finira de briser ce qu'il reste à briser. Ecraser les bris de verre jusqu'à obtenir une poussière blanche qui ne pourra que glisser sur les chairs. En elle, il décèle quelque chose qui tremble, ne sont-ce pas seulement ses longs doigts de charnelle créature.


Et il n'y répond pas. Oh non. Il ne laisse aucune empreinte pour le suivre, aucune sente qu'il aurait frayé en traversant les ronces et les orties. Aucune fragrance dans l'amazonie qui permette de retrouver sa piste. Elle lit sa douleur, et c'en est déjà trop. Il lit son amnistie, et c'est bien plus qu'il ne peut en supporter. Aucun monde commun n'accueillera leurs maux. Pas de passerelle, pas d'écho, pas la plus fine rivière traversant un esprit pour se jeter dans l'autre, aucune perche tendue à l'échange. Leurs sens ne se mêleront plus. Carigän sait ses faiblesses, il les aime, mais quand ses faiblesses se mettent à l'infecter, le suppurer, il ne veut plus les entendre et s'enferme à double tour. Quelque part, dans un avalon de sa conscience.


D'une main indifférente, il s'empare du livre tendu et esquisse un sourire en virgule revêche. Ses doigts feuilletent quelques pages, flânent, s'arrêtent là où elle s'est arrêtée, ou tout du moins là où elle a été interrompu. Un soupir feint de volupté à ses lèvres. Des images obscènes lui hachent l'esprit, et aussitôt Veragän se crispe tout son soûl. Le visage imprégné d'un funeste dégoût.
Le petit Seigneur plante son regard polaire dans la silhouette de son frère qui ne semble pas y prêter intention. Il relève la tête vers elle.


- Eh bien, j'aime l'Art. L'Art qui envolute l'esprit et désarme le corps. L'Art qui fait naître le feu, qui transcende, qui transperce, qui transporte et qui transforme. Vous en doutiez peut-être ?


Ses mots sont voyageurs et presque admirateurs du pouvoir des sens sur l'esprit. De l'ascendance suprême des pulsions et des fantâmes sur l'homme, réduit à l'état de victime. Oui, il aime, la chair. Sous ses jours les plus sanglants comme dans son monde le plus insaisissable.
- Antov, cet ouvrage te plaîrait également. Mais l'as-tu peut-être déjà dévoré ?
Timbre de voix glissante, équivoque, entre deux eaux.
- Mais pas un mot. Cela salit les oreilles et les yeux de brume de mon frère.


Diane

L'ordre tombe et Antov n'esquisse pas un mouvement pour se retirer. Il ne songe même pas à désobéir à une directive aussi claire et limpide. Il se contente d'opiner de la tête, prenant soin de ne rien trahir sur ses traits. Il commence à vouloir être ailleurs. A ne pas être témoin d'une telle scène. Une nuit ou l'autre, Carigän se souviendra de sa présence et le souvenir ne lui plaira pas. Il en est certain.


-Mourir de plaisir est une mort plutot douce...


Il ne craint pas la Mort Ultime, acceuillant les aspects de la Nuit dans son ensemble, Illusionniste. Il écarquille légèrement les prunelles à la suite. Ho non. Mauvais. Continuer à flirter avec la naide rousse alors même qu'il se joue une pièce dont il ignore son rôle? L'envie s'en est envolée. Elle a disparu. Ho les charmes de la demoiselle restent bien présent et il ne doute pas d'avoir une autre nuit l'occasion de la courtiser. Celle ci? Autant se trancher une main. Il tente un regard vers Diane, pour rencontrer un regard d'une Glace absolue. Un avertissement très clair. Si il tente la moindre badinerie à son égard, il se prendra la veste de sa non vie.


-Je saurais m'en souvenir, mon Seigneur.


Il ne tente pas un mouvement vers Diane. Toute son attitude s'est raidie à la manière dont Carigän la pousse dans ses bras. Une révolte féminine et muette. Il préfère ne pas braver ces tempetes là. Le silence tombe, pesant malgré la douceur nocturne. Il observe le livre qui s'échange de main en main et ne peut retenir un petit sourire sincèrement amusé à la lecture du titre. Oui. Une autre nuit, il retentera sa chance, si il en croit ses lectures libertines. Il ne peut dissimuler totalement la malice qui petille dans son regard éméraldine.


-Serais je déconsidéré en vous avouant que c'est effectivement le cas? Après tout... l'éternité se doit être eclectiques et les illusions sont naissances de tous mondes chimériques...
Qu'il fera peut être découvrir à la rousse.
En l'absence de son maitre.


Diane ne se faisait pas beaucoup d'illusions. Il refuse tout congé à son apprentis. Pire encore. Il se comporte comme si elle était putain bonne à combler les caprices de ses pairs. Elle tourne la tête et agraphe Antov sous le feu d'acier de ses prunelles. Le défiant de dire un mot trop flateur à son égard. Elle n'a rien contre le jeune illusionniste. Mais il pâlit à coté de son Prince.


Il ne lui accorde rien. Ne permet rien. N'ouvre aucune porte et brule tout les ponts. En elle, sa détresse s'enfle et gonfle. Ne laissant plus de place à quoique ce soit d'autres. Elle l'a blessé. Elle l'a blessé et c'est une pensée qui la déchire. C'est pour lui qu'elle est revenu. Pour LUI! Diane ignorait à quel accueil s'attendre, mais n'avait imaginé telles désert aride.


La Flamme se doutait qu'il ne serait pas clément. Mais avait espéré qu'au moins, ils pourraient parler. Vraiment parler. Ce n'est pas le cas. Il triche et joue. Se cache et se dissimule. N'accorde rien. Sa main empaume son emeraude. Gravant dans son épiderme les reliefs d'argents. C'est un geste inconscient. Naturel. Répété des centaines de fois lorsqu'elle doute. Lorsqu'elle est troublé. Lorsque que plus rien ne va comme elle le souhaite. Elle lui offre le livre, relevant les yeux à ses paroles assassines. A ces paroles qui réveille des ombres qu'elles s'efforcent d'écarter. La remarque d'Antov lui vaut un autre regard Assassin. Son amusement l'agace. Elle ne supporte plus ce vide. Cette absence. Ce creux. Elle effleure des yeux Véragän.


~Pourquoi m'as tu fait revenir, si c'est pour Le blesser d'avantage. Nous blesser d'avantage. Je ne comprends pas.~


Puis toute son attention retourne vers Carigän. Pour la première fois de la soirée, son corps de chatte alanguie se déploie. Ses pieds retrouvent le contact de l'herbe humide de rosé, les verts de sa robe se confondants avec la luxuriance qui les entourent. Dans les lumières tamisées des chandelles, ses mèches cuivres ont pris des nuances d'or vieillis. Il va la repousser. Il va se montrer d'une cruauté qui va lui mordre le ventre. Il va la blesser. Qu'importe. Les non dit entre eux l'étouffent. Ce voile qu'il dépose, ces forteresses qu'il échafaude, elle les refuse. Elle avance vers lui. A pas mesuré, au pas d'un battement qu'elle ne possède plus. Petite silhouette qu'il domine si aisement. Elle finit par s'immobiliser à un frôlement de lui, prenant garde à ne pas toucher Véragän. L'amazone incline la tête pour ancrer ses prunelles dans celle du Seigneur qu'elle s'est choisie même si il l'ignore. Sa paume se lève et effleure sa joue d'albatre. Elle aurait préféré qu'Antov ne soit pas là.


-Je t'attendrais, Carigän Funéra. Je t'attendrais par ce que sans toi, la Nuit perd toute saveur. Je te ferais oublier mes errances. Les manquements que j'ai eu à ton égard. J'ai conscience des mes folies. De mes actes et paroles passées. J'ai besoin de toi.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:20

Carigän



Semble t-il qu'Antov ait égaré de sa gaillardise, quant à Diane, son sourire indolent a perdu tous ses pétales, songe Carigän avec un éclat de perversité. C'est un piège qu'il leur tend à tous deux, ce sont des émanations de poison qu'il diffuse dans l'insouciante atmosphère des jardins, dans ce théâtre de romantisme qui lui soulève la gorge. Un nouveau jeu, parfaitement dans ses cordes.


Il a la sensation de couper net les cordes d'une guitare avec un couteau boucher. Il entend un sursaut de notes torturés, un râle de nilon aigu, une criaillerie musical qui fait retomber toute ambiance légère. Pas de réponse pour Antov, qui ne fait jamais que jouer de mots pour rétorquer en dérobade. Non. Pas de réponse, sinon un regard coulé, terriblement clairvoyant.


Il ignore quels sentiments devraient être les siens à ce froid constat. Le froid constat que certaines choses lui échapperont toujours et que les fleurs ne poussent pas que dans sa tête. Non. A y réfléchir, il s'expose à des sentiers fuligineux, et Carigän n'a pas l'esprit d'un aventurier comme son petit Frère parti à la conquête de fabuleuses terra incognita.


Veragän lève la tête vers les étoiles fichés dans la voûte bleue marine. Les épaules figés, tous les sens figés, la figure imprimée d'une expression d'un aguet sévère, il ressemble à l'animal qui pressent les ondes premières, indiscernables, du séisme qui écartelera la terre. Son regard, d'habitude si fixe, se met à voyager d'un protagoniste à l'autre, presque présent.


Avec une main glissée sur l'épaule de son frère en guise de révérence, il s'en détache, de son pas sans gravité, laissant ses doigts de branchettes hâves effleurer les reliefs gras des bosquets. Son regard gît encore à terre lorsqu'il s'arrête face à Antov. Il ne le regarde pas, ne se détourne même pas, il s'est immobilisée de si nette manière qu'on dirait que le temps a suspendu sa course.


Et qu'il va reprendre comme si de rien n'était. Ses cheveux d'enfant sauvage tombent en bataille sur son visage, dissimulant ses grands yeux au bleu révulsé. Seule la courbure inerte de ses lèvres apparaît à l'oeil cyclope du ciel, à la lune.


~ Disparais. ~ Un mot qui s'incruste dans les pensées tendus du jeune apprenti. ~ Maintenant. Tu ... fais de l'ombre. ~


Et en guise de glas dissonnant, en guise d'ordre implacable, il redresse la tête et lui souffle à la figure le monde de glace qui s'étend par delà la frontière de sa peau. Il le souffle, comme s'il était la flamme d'une chandelle qu'on éteint avant d'aller dormir. Avec les volutes froides de son haleines, des parasites spectraux surgissent dans la tête de Antov.


On dirait que des chevaux écorchés vifs, hénissant à la douleur, venaient piétiner sa faculté de penser, de discuter ses ordres. Non. La seule évidence intelligible que laisse filtrer Veragän, c'est qu'il ne le tolèrera pas une seconde de plus.


Le regard du fantôme, dissimulé sous les queues de rat de ses cheveux, retourne s'intéresser à l'affront de Diane et Carigän. Comme s'il attendait quelqu'un, sa main empoigne les colonnes de la tonnelle enlierrée alors qu'il suit de très près les échanges, spectateur quasi-invisibles.


Carigän. Le Roi des Blancheurs observe de sa froideur impitoyable la Flamme, alors qu'elle quitte sa bobèche, qu'elle hasarde quelques pas à son encontre, qu'elle fait irruption chez lui, casse les fenêtres de la proximité. Alors qu'elle avance, son visage se verrouille. Ses mâchoires se vissent jusqu'à en faire poindre les muscles. Une contenance aux allures de boîte de Pandore.


Elle lui porte atteinte. Son geste empreint de douceur, il y aurait préféré une lame enfoncée dans son ventre, encore rouge de la forge. Il aurait moins hurlé, au fond de son crâne. Non, elle agit plus cruellement que ça. Il ne supporte ni sa douceur, ni sa patience, ni honnêteté. Il ne supporte pas chacun des mots qu'elle ose lui adresser. Elle brave tous les interdits qu'il lui a posé. Tous. Elle avoue ses manquements précédents pour mieux laisser la place au nouveau. C'est tout. Hein, Carigän ? C'est tout.


- Comment tu Oses.


Sa voix est de l'acide qui lui entame les lèvres au sang. Et la question posée ne souffre pourtant aucun timbre interrogateur. Non, ce n'est pas une question. C'est la remarque de trop.


- L'éternité ne te suffira pas pour m'attendre. J'aurais tout le temps de crever dans les règles de l'Art tant elle sera longue, usante, interminable.


Il arrache la main de Diane de son visage, il la déracine avec l'énergie infecte des sentiments qu'elle lui inspire. Se retient de l'arracher et de la jeter aux chiens. Et la lâche dans le vide comme si elle lui brûlait les doigts.


Une gifle, première du nom, première de la lignée. Une gible cinglante qui claque comme une météore, dont l'élan puise sa source à l'origine même de son épaule. Une gifle plus puissante qu'un coup de poing qui la fait tomber à terre. Qui éloigne Diane de son visage. Qui la détrône, qui fait d'elle une roturière échouée dans la terre.


- Non, tu n'as conscience de Rien. Les joueuses telles que toi sont sans conscience. Elles sont opportunistes et de pratiques inavouables. Qu'est ce que tu comptais faire ? Baiser l'un de MES apprentis parce que le temps paraît long à madame la Néonate ? Et quoi, moi, supporter ces tours de cochons parce que ... VERAGAN, TU COMPRENDS CE QU'IL SE PASSE ?


Le jeune Illusionniste ne cligne même pas des paupières alors qu'il assiste à la métamorphose de son aîné. Il se tient toujours nonchalament, retenu d'une main aux tiges de fer forgés, comme ne comprend pas ce qui se joue. Les vagues tempêtes de la colère conduisent les prunelles de Carigän à retrouvé la Sylphide déchue.


- Bien sûr que tu as besoin de moi. Pour passer le temps qui est si long ? Pour te divertir ? Je t'avais dit de NE PLUS M'APPROCHER. Jamais. Jamais plus. Si tu me respectais un temps soit peu, tu serais PARTIE. Tu aurais compris. Non ? La perspective n'était pas bien égayante ... Pour une joueuse. C'est bien. J'aurais rencontré quelqu'un de ma sale espèce. Tu me rendrais presque compréhensif.


De la rage sonore. Aveugle, sourde, qui dévaste les barrages. Et quand un souffle d'écrasement vient poignarder sa poitrine et glacer ses lèvres, Veragän se décroche de son perchoir et s'approche de son frère en petit funambule des étoiles. Terriblement calme alors que Carigän est hors de tout gonds. Le fantôme pose son menton de verre sur l'épaule volcan de son aîné.


Lui tend son regard à l'onde lisse, pure, translucide. Lui tend son regard d'eau marécageuse, pleine de cadavres sages. Et Carigän se demande quelle diablerie lui a arraché toute émotion. Le spectre fait un effort qui arrache quelques suppliques à ses os, habitués à se recroqueviller, à se ratatiner, pour gagner toute la hauteur dont il est capable.


Il se délie, se déplie, et son corps se déploie comme un squelette. Pour murmurer quelque chuchotis à l'oreille de son frère. Les paupières de Carigän se sont closes un instant, lourdes, pour se réouvrir en direction du petit frère si calme.


- Veragän ... Emmène-moi avec toi. Là-bas.




Diane


Antov n'imagine pas une seconde de suivre les lacets vertigineux que Carigän dessine pour lui. Ce serait une chute fatale dont il ne pourrait se lever. Si son Maitre ne lui avait pas interdit de s'éclipser, il l'aurait fait de lui même les minutes précédentes. Il se prépare un orage qui plombe son insouciance. Diane est un danger dont il ne cerne pas les limites. Seulement que pour le moment, elle est interdite. Malgré les propositions flagrantes du Prince. Il n'esquisse pas un mouvement de recul lorsque Veragän se dresse soudainement devant lui. La présence du Cadet est toujours source d'étrange. Ses prunelles s'écarquillent à l'ordre bref et intangible qu'il reçoit. En direct opposition avec les directives de son Seigneur. Pourtant la reflexion ne lui est pas offerte. Son visage se contort dans une grimace souffreteuse. Il exige un départ immédiat. Ses mains se lèvent à ses tempes, brouillée par l'écrasement qu'il reçoit. Un gemissement sourd. Fluet. Il pose un genou à terre.


-Mon Prince, je prends congé, votre Frère l'exige.


Ces quelques mots lui arrachent la gorge. La faculté de parler lui semble étrangère. Il se relève. Titube. Ne peut attendre la réponse de son Sire sous peine de finir avec le crane ouvert en deux. Il se fond dans la nuit. Disparait loin des jardins. Malgré la souffrance martelante, il est reconnaissant au Petit Seigneur de cette porte de sortie qu'il lui a ouvert. Il ne veut pas connaitre la Suite. Surtout pas. Certaines curiosités sont mortelles. Il rejoint le quartier des apprentis, bouche close sur les évenements. Nulle rumeur ne franchira ses lèvres.


Diane ne perçoit qu'à peine le départ du jeune Illusionniste. Ses sens entièrements livrés à la haute stature de son Amour Funeste. Le contact de sa joue la fait frissonner. Languir pour bien d'avantage. Sa main ne prendra pas d'autres privautés. Il s'est déjà entièrement rigidifié. Son corps n'est plus qu'un acier inflexible. Ses paroles s'échappent. Brulent ses lèvres jusqu'à Carigän.


Pensant intensement chacune des sonorités, ne glissant aucun subterfuge. Diane ne tremble pas. N'a pas le temps de trembler. Il faut qu'il écoute. Qu'il entende! Qu'il comprenne. Il le faut! Le ton de sa voix est une plongée dans l'azote liquide. La manière dont il s'écarte de sa touche est crucifiante. Le bout des doigts de sa main rejeter tremble de souffrance. Pourtant, ses yeux ne dévient pas.


Ils ne s'écartent pas des fenetres voilées de Carigän. Sa voix concerve toute sa douceur. Une douceur de tempete. Une douceur de course folle. Sans insolence, sans provocation.


-J'ose, je n'ai pas le choix.


Son soufflet. Prévisible. Attendu. D'une violence et d'une secheresse qui l'abîme bien d'avantage que la douleur cinglante qui envahit sa pommette. Elle n'a pas les capacités de l'encaisser sans broncher. Son corps trébuche, valse à terre. Immédiatement pourtant, sa nuque se redresse. Son dos retrouve sa droiture. Elle ne reste pas au sol. Diane se relève, un pas en arrière, éloignant cette proximité qui insupporte tant Carigän.


-Je suis revenue pour Toi. Uniquement pour Toi! Je ne suis pas en train de jouer ou d'user de subterfuge!


Est ce qu'elle avait l'intention de coucher avec Antov? plus que probablement. Elle secoue la tête. Refusant le tableau qu'il dresse d'elle.


-Non! Non! Pas pour passer le temps. Pas en mesure d'amusement. J'aurais couché avec Antov pour cesser de penser! Pour que tu cesses de me hanter! Pour que tu cesses, quelques heures, d'être présent, immuablement, dans mon esprit.


Il apostrophe Véragän et Diane craint l'intervention du Fantome. Craint les murmures que détiennent ses landes. Craint les rouages dont elle ne parvient pas à saisir la logique. Elle tend une main vers Carigän, sans le toucher. De son chignon, ses mèches cuivres se sont enfuies sous la force de sa gifle, déployant leurs langues flammes sur ses épaules, couvrant l'une de ses prunelles. Il ressucite ces instants cruels face à Dojoodorj. Diane savait ce qui l'attendait. Savait qu'il ne désirait pas son retour. Qu'il ne voulait plus d'elle sous son regard. Ses entrailles se crispent et se tordent sous cette main impitoyable


Ses yeux sont hantés par le calvaire que lui fait vivre ses mots. Elle a mal. Pour lui. Pour elle. Pour nous. Sa colère est dévoreuse, moins que les émotions qui lui ont donné naissance. Comment peut il se tromper à ce point?


-Comment peut tu être aussi obtus? Aussi fermé. Ecoute moi! S'il te plait! Ecoute moi! Je t'en prie! Ecoute moi! Tu sais très bien que c'est faux! Que tes paroles ne contiennent pas la moindre vérité! Il ne s'agit pas de divertissement. Il ne s'agit pas de passer l'éternité. Il ne s'agit pas de jeu! Tu ne peux pas ne pas le savoir. Tu ne peux pas être tant dans l'erreur.


Les mots s'échappent de ses lèvres, coulent de ses pensées. Elle n'a plus aucune retenue. Elle est vrillé à son regard alors qu'elle perçoit le rapprochement de Veragän. C'est un joker. Un as. Une donnée inconnue.


-Je suis désolée. Tellement désolée! Sans toi... rien n'a de sens. Carigän.... Je ne suis pas comme tu le décris. Je t'ai blessé, mon Âme. Je ne le supporte pas.


C'est un cri déchirant qui l'achève. A l'écoute des paroles de son Prince à son frère. Elle se fracasse. Se déchire. Il ne peut pas s'ouvrir à ces démons. A ces folies qui rodent et qui n'attendent qu'un instant pour l'engloutir.


-NON! Tu ne dois pas..
.
Son regard sur Veragän, perdu. Torturé. Son visage n'est plus qu'un masque d'angoisse.


~ Véragän. Je t'en prie. Ne le prend pas. Ne lui autorise pas cela. Ne l'emmène pas avec toi! S'il te plait. Non. Ne me le prend pas. Je l'aime. il ne doit pas. c'est trop dangereux. Véragän...~


Elle pose un genou à terre. Non devant Carigän, mais devant le Spectre.
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Message par Diane Mansiac Jeu 21 Sep - 11:20

Carigän



Dans la course de sa colère, Carigän ne calcule pas le départ précipité d'Antov. Il ne remarque même pas les initiatives de son frère, tous ses sens dirigés vers elle, comme une nuée d'archers aux arcs bandés. Il n'encaisse rien. La moindre bribe de vent semble coupable d'attiser de ses flammes. Un regard trop inquisiteur ou un geste aventureux connaît une rançon terrible.


Elle ose. Elle n'a pas le choix, aplatit-elle avec franchise. Et cette franchise est bien plus laborieuse à répartir qu'une raillerie facile. Elle ne s'arrête pas là et commet l'affront que celui de se relever. Revenue pour lui, coucher pour cesser de penser ? Chimiste du diable, il ne prélève de ses mots, dans son éprouvette éprouvante, que ce qui lui paraît nocif. Que ce qui lui paraît rouerie.


Non, elle n'aurait pas dû revenir. Toutes les rivières de ses réflexions se jettent dans cette constatation qui stagne dans sa tête en marécage. Par sa présence, elle le défie ouvertement, elle le provoque en guerre, elle tourne en dérision ses directives. Immobile, il n'y a que son oeil, pris dans des glaces noires, qui suit ses moindres faits et gestes.


- Ne me fais pas avaler de couleuvre, Vipère, siffle t-il, n'osant pas un seul pas en avant. Tu savais pertinemment à quoi t'attendre à revenant ici. C'est Ma demeure. Tu comprends ? C'est MA tête, MON crâne ! Ce sont MES frontières ! Tu n'es pas là pour apprendre, pas là pour conseiller, même pas là pour obéir ... alors DIS MOI ! Qu'est ce que tu fais là ?
- Pour jeter des galets dans l'onde ô si lisse ? Pourquoi ? POURQUOI ? Et bien dis moi ! Explique-moi. Je t'ai dit ne plus vouloir te revoir. Que nos chemins ne se recroiseraient pas, alors pourquoi te tiens-tu devant moi ? Et pourquoi tu te relèves sinon pour me railler ? Non. Arrête. Tes mots, garde-les pour d'autres qui ont l'âme plus noble. Ils y entendront peut-être quelque chose.


Un pas en arrière, la charpente de son dos embrasse une colonnade de pierre, un bienfait pour son équilibre précaire.
- Laisse-moi ... Tranquille.


Ce n'est qu'un filet d'air qui s'élève au milieu de la nuit végétale. A peine un murmure, des notes cristallines qui viennent signer la fin de la symphonie.


Carigän veut lever le pied. La colère lui matraque l'esprit, jumelle vorace, et il ressent le besoin instinctif de couper le cordon, de s'arracher de cette gaine maléfique qui lui fait cracher poison et sévices. Ses yeux viennent chercher la silhouette du Fantôme, en retrait du théâtre des hostilités. Son petit frère de fantôme. Dépecé de tout ce qui a pu l'habiter.


Sa requête a sonné comme un glas, et les échos de sa voix semblent rebondir un instant entre les murs du labyrinthe qui sépare Veragän du monde des hommes. Le jeune Illusionniste garde un instant son silence, son immobilité de condamné à mort. Puis tout son corps s'anime, se met en branle comme une vieille embarcation vouée au naufrage. Son équilibre, chacun de ses pas est un cadeau de la gravité


l se paralyse dans son avancée. Un instant. Tournant sa tête vers Diane avec sa lenteur d'automate mal huilé. Diane dont le genou foule la terre humide des promenades. Ses lèvres s'entrouvrent, mais les mots ne sortent pas, oiseaux apeurés par l'hiver de la réalité. Sa nuque craque du ballotement de sa tête. Il semble chercher un angle de vue qui lui permettrait de mieux comprendre la Nymphe.


- Veragän.


Son prénom à la bouche familière de Carigän. Toujours tourné vers Diane, les pupilles du Spectre s'accrochent à l'horizon. Carigän sait qu'il l'écoute. Il le voit à la courbe de son échine, à son crâne légèrement relevé de la geôle de ses épaules.


- S'il ... te plaît.


Le fantôme semble écrasé par le temps, et ses mains ossues viennent enfoncer leurs doigts dans ses propres épaules, comme pour le garder de la froidure. Ses paupières clignent, s'ouvrent pour jeter deux iris gelés sur la silhouette agenouillée.


~ Réalité. DianeMansiac. La souffrance ... Le luxe des rêveurs qui cauchemardent. ~


Et puis ... sa silhouette se détourne, fait une rotation sur son pivot imaginaire. Le Fantôme s'approche du loup d'un pas, de deux, de trois, jusqu'à se retrouver à sa face. Leurs regards de frères se croisent, se reconnaissent, s'appréhendent, aussi. La main de Veragän se lève entre eux comme de sa propre volonté, car son visage reste de marbre.


Carigän lorgne la main cassable qui se présente à lui, ignorant tout du gouffre sans fin dans lequel il va le jeter. Qu'importe. Juste ce soir. Puisqu'il n'est même plus Roi de son propre fief, peut-être trouvera t-il le repos dans les brumes incernées de son Frère. Un sourire pâle ouvre ses lèvres, un sourire qui ressemble à la plaie qui refuse de cicatriser.


Une oeillade chevauche l'épaule dépouillée de muscles pour croiser les sphères céruléennes de ... l'Amazone. Il est des jungles où elle ne le trouvera pas, où sa présence ne l'empoisonnera pas à petit feu, et ses faits et gestes glisseront sur lui, sans impact, sans cassure, sans rayure, sans même déposer un grain de poussière.


L'idée suffit à détendre ses traits ... La fuite. Encore, toujours, la fuite. Bien sûr qu'il lui restait quelque chose à fuir. Non il n'était pas au pied du mur. Oui il peut faire exploser les murs austères d'une voie sans issue. Oui, un autre chemin. Sa main se referme sur la chair articulée du Fantôme.


Et ses yeux se ferment sur les jardins pour s'ouvrir sur un néant blanc. Carigän ouvre la voie de ses pensées, fait exploser toutes les serrures, repousse les portes à la volée et laisse les fumées encenser tout son univers. Ce soir, il ne veut pas de la réalité. Alors la réalité hurle des sanglots et volent en éclat.


Et il chute, dans une bouche d'ombre dont les tentacules cinglantes comme des mèches de fouet lui arrache à chaque fois quelque chose. Un long voyage dans le ciel, par delà la vie et la mort. L'appel du vide qui l'aspire. Des vents de vide qui lui arrachent les traits de son visage, qui arrache le bon et le mauvais.


Quelque part dans un jardin d'Oural, Carigän tombe à genoux devant son frère. Non pas une révérence, mais l'expression la plus puissante de son lâcher prise. Il tombe à terre, comme si une blessure de guerre l'empêchait de se lever. Ou comme si une barrière de brume lui interdisait de retrouver la verticale de l'homme.


Veragän s'agenouille, lui aussi, lâche la main de son frère en sentant que les forces n'y subsistent pas.
- Ca... rigän.
La main de Veragän survole les paupières closes du Loup, lesquels s'ouvrent brusquement. Sur deux gemmes noires aux profondeurs de jungle.
- Carigän... Tu ... me vois, moi ? Moi ?
- Je te ... vois.


Une auréole d'étrangeté enveloppent les deux déshumanisés. Veragän agenouillé, les yeux ouverts comme ils ne l'ont jamais été, déments. Et Carigän, qui finit par se redresser, et sa haute stature implacable devient haute stature insaisissable. Sa haine s'est dégragée en une pluie fine, qui le trempe sais jamais le percer.


Son Aura a changé. De sauvage, elle s'est faîte chaotique. Autour de Diane, le monde qui s'élève est un mélange de chairs putrides, de cadavres démantelés et de paysages organiques, et d'ombres. S'y mêlent des ombres qui murmurent en silence, presque gracieusement. Des silhouettes de fauves, de loups et de créatures qui passent dans son dos furtivement.


Des ricanements de hyènes. Des hurlements de Loups. Des cris de femmes battus. D'enfants qu'on démembre. Et puis des rires, qui retentissent. Des rires d'hommes qui ont perdu la raison et qui se fracassent la tête contre les murs. [
Carigän esquisse quelques pas dans le monde qui l'enfume. Il s'approche de l'Amazone esseulée au milieu de cette steppe aux allures de cryptes géantes. Ses yeux se posent sur elle, mais la transpercent, la perforent. Il se penche, lui dérobe un baiser au goût de vent tiède, et puis il la dépasse comme s'il ne l'avait pas vu, s'éloignant vers des chemins connus de lui seul.


Veragän se relève, marche dans les empreintes de son frère comme si c'était à Carigän de lui faire découvrir le monde qu'il connaît par coeur. Lorsque le spectre passe à son tour devant Diane, il s'arrête alors qu'ils sont dos à dos. Semble hésiter. Et puis repart.


Diane



Il ne veut pas entendre. Refuse d'écouter le sens de ses mots. N'y prête aucune attention si cela ne va pas dans son sens. La frustration monte dans l'esprit de la jeune vampire. Ce refus presque délibéré de compréhension est débilitant. Il anihile toute tentative pour échanger. Pour 's'expliquer. Carigän ferme les portes, les une après les autres.


-Bien sur que je savais ce qui m'attendais! Bien sur que je savais que tu ne voulais Pas m'avoir dans les pattes! Carigän! Réfléchis, bordel! Réfléchis au sens! Réfléchis à ce que cela implique!


Malgré elle sa voix est montée. Son ton s'est emballé. La Flamme s'était jurée de concerver son calme. De ne pas se laisser aller une irritation dommageable. Mais cette mauvaise volonté. Ce refus, ce déni! Cela commence à peser lourdement sur ses nerfs. Le choix qu'elle a effectué en face de Dojoodorj dans les plaines de la Toundra a été l'une des épreuves les plus dures à surmonter de son exil. Revenir en ne se sachant pas désiré par Lui. Elle secoue la tête sous le coup de l'énervement. Luttant pour retrouver son calme. Pour ne alimenter d'avantage la rage aveugle de Carigän.


Il n'est pas en capacité de suivre le sens de ses mots. Ne le veut pas. La Flamme ne s'y trompe pas. C'est une blessure suppurante qui nouris son ressentiment. Cela n'en rend pas la situation plus aisée. Elle finit par se taire. Démunie. Aucun artifice ne saurait briser cette carapace et de toute manière, elle ne veut d'user de nuls subterfuges. Le silence.


Jusqu'à ce que la volonté de son Amant déchire les cieux de ses pensées. Oblitérant tout le reste. Diane ne supporte pas cette idée. Elle sombre et se tourne vers le fantome. Mais la supplique douce qui perce chez Carigän est sa défaite. Elle l'a compris dès les paroles de Véragän qui fuse dans son esprit.


-Prend soin de Lui.
~Prend soin de lui.


Elle ne s'adresse pas à Carigän. Il est perdu pour elle en cette nuit. Mais bien à Véragän. Par tous moyen. Vocalement, silencieusement. L'amazone contemple le sourire qui tranche les lèvres du Prince des brumes. Un sourire hideux. Leurs regards se croisent et elle n'y lit que l'avidité à rejoindre les mondes infernaux de son Frère. Un frémissement sauvage.


Elle ne peut lutter contre cette envie là. Elle réprime un gémissement en observant toute Vie le déserter. Si semblable à son cadet qu'une partie de son Ame se décroche et s'éparpille dans le magma, fusionnant de detresse. Lorsqu'il tombe, elle est incapable de se relever. Le genoux soudé au sol, spéctatrice inconnue. Le dialogue entre les deux Funéra est damné.


Elle garde les yeux sur Eux. Refusant de s'inquiéter des changements morbides qui se produisent autour du trio. Sa peau s'hérisse, se rebelle contre ces horreurs qui assaillent ses sens. Diane n'aura pas Peur. Ne deviendra pas une proie pour ces atrocités mouvantes. Les sons tenaillent son ouie, la faisant presque espérer d'etre sourde.


Pour la première fois depuis leur recontre, l'approche de Carigän provoque un sentiment de répulsion. L'idée même qu'il puisse la toucher dans cet état la révulse. Ce n'est pas Lui. C'est un travestissement de sa Force, de sa Personnalité. C'est un masque grinçant. Le baiser qu'il lui vole dépose une saveur putride sur ses lèvres. Lui laissant le coeur à la gorge. Elle n'est pas en colère.


Non. Cela ne fait que renforcer sa determination intime. Jamais. Jamais elle ne laissera sombrer Carigän dans ces eaux noiratres. Là, il la choisit. C'est différent. Lâche. Les autres nuits, elle sera là. Présente. Pas celle ci. Diane se relève au passage de Veragän.


~Prend soin de ton grand frère.~


Elle se détourne des deux solhouettes. Se dirigeant dans le labyrinthe spéctral, tentant de ne froler aucune des noirceurs. Quittant les jardins. Sans courir. D'un pas et d'un calme qui se veut égal à l'ouragan de ses pensées.
Diane Mansiac
Diane Mansiac

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